Le président de la transition et son vice-président, respectivement Bah N’Daw et le Colonel Assimi Goïta, ont prêté serment vendredi dernier (25 septembre 2020) au Centre international de conférence de Bamako (CICB). Le nouveau chef De l’Etat a déjà fixé ses priorités dans son premier discours prononcé à cette occasion. Il s’agit du renforcement de la cohésion nationale, de la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, de l’équipement et la formation des soldats maliens, de la lutte contre le terrorisme et la corruption… Un discours qui est véritablement allé dans le sens des attentes des Maliens.
Désignés par un collège de 17 membres le 21 septembre 2020, le président et le vice-président de la transition du Mali, respectivement le Colonel-major à la retraite Bah N’Daw (70 ans) et le Colonel Assimi Goïta (37 ans), ont prêté serment vendredi dernier (25 septembre 2020) au Centre international des conférences de Bamako (CICB).
Cette cérémonie de prestation a enregistré la présence du président Umaro Sissoco Embaló de la Guinée Bissau et du médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), M. Goodluck Jonathan à Bamako depuis trois jours pour évaluation des recommandations de mini-sommet de l’organisation tenu à Accra (Ghana) le 15 septembre dernier.
C’est devant la Cour suprême que Bah N’Daw prêtera serment en prononçant la formule suivante : «Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la Loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine».
A noter que le président et le vice-président ont prêté serment sur la Charte de la Transition adoptée lors des concertations nationales tenues du 10 au 12 septembre 2020 à Bamako. Une Charte dont peu de gens connaissent le contenu final puisque n’ayant pas encore été publiée au Journal Officiel.
«Servir le Mali est un privilège, un honneur pour chacun de nous», a reconnu Bah N’Daw dans le discours prononcé après sa prestation de serment. Pour lui, il ne pouvait donc être question de se «soustraire à l’appel du devoir» pour venir à la «rescousse du Mali qui lui a tout donné».
Le nouveau chef de l’Etat du Mali, dans son premier discours, a remercié le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) pour son «esprit patriotique, son sens de l’écoute et du discernement». Il a aussi manifesté sa reconnaissance et sa gratitude au Collège des 17 membres pour le choix porté sur sa «modeste personne».
«Vous êtes des nôtres désormais», a déclaré Ba N’Daw à l’intention du médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, en saluant l’implication de l’organisation sous-régionale dans la résolution de la crise sociopolitique depuis juin dernier et le retour à l’ordre constitutionnel depuis les événements du 18 août 2020.
Une architecture qui se met en place progressivement
Après cette investiture et la nomination d’un Premier ministre le dimanche 27 septembre 2020, l’architecture de cette transition de 18 mois doit être complétée par la mise en place également d’un Conseil National de la Transition (CNT), un organe législatif composé de 121 membres (forces armées et de sécurité, partis politiques, société civile, faitières de la presse, diaspora…).
Après la prestation de serment, le procureur général auprès de la Cour suprême a demandé au président et à son vice-président la libération de toutes les personnalités civiles et militaires arrêtées depuis le 18 août 2020 ou de les présenter à la justice.
Avec l’investiture de ce jour, ont noté de nombreux observateurs, le Mali a véritablement entamé sa marche vers le retour à l’ordre constitutionnel. Mais, ont-ils souligné, la tâche du colonel-major à la retraite ne sera pas de tout repos parce que les défis sont immenses. Parmi les grands chantiers, figurent en bonne place la stabilisation du pays et la pacification de tous les foyers de tension qui doivent figurer en bonne place. Tout comme les réformes institutionnelles et politiques, la bonne gouvernance et l’organisation des prochaines élections générales…
«Je suis prêt à tous les sacrifices pour que le Mali redevienne le pays de nos rêves», a promis le président de la transition du Mali. «Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits économiques», a poursuivi Bah N’Daw.
«Tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge, au besoin. Il m’appartiendra de garantir à la justice les moyens de diligenter leur traitement», a précisé le nouveau chef de l’Etat du Mali.
L’architecture de cette transition de 18 mois doit être complétée par un gouvernement de transition, avec au maximum 25 membres, dirigé par un Premier ministre nommé par le président de la transition. Il doit être mis également en place un Conseil National de la Transition (CNT), un organe législatif composé de 121 membres (forces armées et de sécurité, partis politiques, société civile, faitières de la presse, diaspora…
On peut être aussi sûr que la réussite de cette transition est sans doute un défi personnel à relever pour Bah N’Daw, un officier réputé pour son intégrité et sa rigueur. Et une transition aboutie contribuera à rehausser son image dans l’opinion, dont une bonne partie le tient déjà en si haute estime.
Moussa Bol