Le Républicain : Depuis près de deux ans vous êtes à la tète du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, qu’est ce qui a changé ?
M.Habib Sylla : Tout d’abord, je voudrais vous remercie de l’occasion que vous m’offrez pour m’exprimer sur la situation du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur. Je suis en effet à la tête de cet organe depuis Février 2009 donc, depuis plus de deux ans. Votre question m’oblige à faire un bilan à mis parcours, ce qui est prématuré. Mais qu’à cela ne tienne. Ce que nous pouvons indiquer comme changement c’est d’abord la reconnaissance pleine et entière de notre organe en tant qu’association d’utilité publique.
A cela il faut ajouter le retour de la sérénité dans tous les conseils de base contrairement à la guéguerre qui y avait cours, particulièrement en RCI et en France. C’était, du reste, le premier défi majeur à relever: la restauration d’une bonne ambiance de travail et de concertation dans le fonctionnement des conseils de base. Il s’agissait de ramener la cohésion, l’unité au sein de nos différentes structures. Nous pouvons, aujourd’hui nous féliciter d’y être parvenu c’était un préalable et un gage de bonne gestion d’une communauté représentant près du quart de notre population.
Enfin (comme autre changement), il faut remarquer que pour avoir une bonne lisibilité de la gestion matérielle de nos compatriotes, nous avons opté pour la suspension de la vente des cartes de membre et la perception des droits d’adhésion ce qui a poussé un plus grand nombre d’entre eux à se faire connaitre et recenser. A cela il faut ajouter que la subvention accordée par l’Etat pour notre fonctionnement est gérée de manière rigoureuse et transparente..
Le Rep : Quelles sont vos grands chantiers ?
M.H.Sylla: Il n’est pas facile d’énumérer tous les grands chantiers ici. Cependant je puis vous dire qu’un des grands chantiers c’est le combat pour inscrire le HCME dans un cadre institutionnel. A celui-ci il faut ajouter le renouvellement de nos conseils de base en harmonie avec le mandat du Bureau Exécutif. C’est une préoccupation importante.
Le troisième point c’est l’accompagnement effectif de notre ministère de tutelle dans l’élaboration de la Politique Nationale de Migration, (P.N.M)
Le Rep : Aujourd’hui, un pays, destination prisée de nos compatriotes, est en ébullition, c’est la Libye. Comment avez-vous géré les Maliens pris au piège du conflit ?
M.H.Sylla: Je déplore ce qui est arrivé dans ce pays ami et frère avec lequel nous avons des liens fraternels séculaires très importants. Pour ce qui est de la gestion de nos compatriotes qui y résidaient, comme vous le dites, nous avons tous été surpris et piégés par la rapidité des événements et leur tournure. Qu’à cela ne tienne, j’ai géré pendant un temps la situation avec M. Diarra, Président du Conseil de Base de Libye. Mais, avec la tournure à laquelle j’ai fait allusion tantôt, j’ai été obligé de saisir ses homologues de Tunisie et du Niger pour la gestion du flux de nos compatriotes, ce qui, il faut l’avouer, était devenue très délicate, surtout que la communication elle-même était devenue difficile voire impossible.
Au niveau de Bamako, c’était le secrétariat permanent associé au Ministère Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine qui assurait la bonne marche de l’opération et l’accueil de nos compatriotes. Dans le cas Ivoirien nous avons pu faire mieux.
Le Rep : Les pays d’Europe durcissent de plus en plus les conditions d’admission sur leur territoire, en particulier la France, surtout vis-à-vis des Maliens, quel est votre avis sur la question ?
M.H.Sylla: Je suis désagréablement surpris par ces dispositions de la France et de l’espace SHENGHEN vis-à-vis de nos compatriotes,
Le Rep : Quels pays aujourd’hui vous donnent le plus de soucis relativement à nos compatriotes
M.H.Sylla: Malheureusement, c’est la France
Le Rep : Un projet de révisons constitutionnelle est en cours. Dans ses dispositions connexes y introduirez-vous le problème de la représentativité à l’Assemblée et au Sénat des Maliens de l’extérieur,
Naturellement !
Le Rep : Comment appréhendez-vous, dans le projet de constitution en cours, le problème de la bi-nationalité qui fait beaucoup débat au sein des Maliens de l’Extérieur ?
M.H.Sylla: Avec perplexité parce que c’est une disposition qui peut pénaliser, à terme, certains de nos compatriotes,
Le Rep : A l’heure des quotas, quotas des femmes, des jeunes, sur les listes de candidature pour les élections locales, envisagez vous d’en exiger pour les Maliens de l’Extérieur.
M.H.Sylla: Je pense que le principe de quotas est une bonne initiative à condition de tenir compte de la compétence des uns et des autres. Mais nous ne pensons pas, pour l’instant, en exiger pour les Maliens de l’extérieur.
Le Rep : Vous résidez à Libreville et le Mali depuis trois ans ne dispose pas d’ambassadeur dans ce pays, comment se fait-il ?
M.H.Sylla: Je pense que la réponse à cette question relève de la compétence des hautes autorités de notre pays. Le problème n’est pas de mon ressort. Cela dit nous travaillons main dans la main avec le personnel sur place. Nous attendons dans un délai que j’espère court l’arrivée du représentant légitime de la République du Mali. Encore une fois il n’est pas de mon ressort de nommer un ambassadeur.
Le Rep : Une certaine opinion vous prête d’être plus militant du PDES que président des Maliens de l’Extérieur. Que répondez-vous ?
M.H.Sylla: Mon statut du Président élu du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur me place au dessus de la chicane et des querelles politiques et partisanes.
Propos recueillis par :
S.El Moctar Kounta
Le Républicain 27/09/2011