Le Débat : Qui est Ousmane Diagana ?
M.Diagana: Je m’appelle Ousmane Diagana. Je suis le vice-président de l’A.P.S., qui est l’une des promotrices et initiatrices du Festival international soninké dont la 3ème édition a eu lieu en Mauritanie cette année. Après cette 3ème édition du FISO dans la capitale mauritanienne, quelles sont vos impressions ? Elles sont globalement positives dans la mesure où nous avons largement dépassé les objectifs fixés, puisque que les deux éditions de Kayes ont certes attiré du monde, mais, nous avons constaté qu’il y avait plus en Mauritanie. Dans les stades, nous comptabilisons jusqu’ 2000 ou 3000 par soir à Kayes, et là, je pense que nous avons dépassé ce chiffre puisque les gens estiment entre 3000 et 40000 l’affluence tous les
soirs au stade olympique de Nouakchott. Par ailleurs, au niveau des conférences, la mobilisation était aussi plus importante : nous enregistrions en moyenne 500 à 600 personnes.
À ce niveau, je pense que l’objectif est atteint voire dépassé. En ce qui concerne les autres activités, il y a eu cette année, trois innovations qui n’existaient pas à Kayes et dont
je me félicite. La toute première, c’est l’exposition d’objets traditionnels qui n’existait pas à Kayes, c’est-à-dire nos objets d’antan ont été exposés et les visiteurs ont pu le constater avec une dégustation à la clé. Ensuite, au niveau du Musée national, nous avons bien présenté tous nos objets. Donc, je pense que cela fait une originalité d’autant plus que l’Etat mauritanien s’est engagé dans cette affaire, y compris le directeur du Musée national de la
Mauritanie. Autre innovation cette année, c’est que les femmes soninké ont décidé de consacrer une journée à la présentation de nos coutumes et mœurs avec un défilé à la clé qui a été salué par tout le monde comme originalité mais aussi réussite. Les troisième et quatrième innovations, c’est que pour la première fois, les médecins Soninké de Nouakchott ont décidé pendant les cinq jours de festivité de consacrer tout leur temps aux festivaliers. Ils ont laissé leurs cabinets pendant les cinq jours du FISO.
Le Débat : Pouvez-vous nous parler brièvement du FISO ?
M. Diagana : Le FISO lui-même est une idée qui vient d’une réflexion faite par des jeunes qui, à l’origine, pensaient à un forum pour discuter sur quelques difficultés que les Soninké rencontraient en France. Quand l’idée a été soumise à l’APS, nous avons pensé qu’il faille élargir le sujet et ne pas se limiter à une question de forum. Mais de penser à un
festival international qui est plus large, où on parlera à la fois des questions économiques, sociales, linguistiques, et en même temps, associer des Soninké des autres pays. L’idée est venue ainsi et quand on a décidé de mutualiser nos forces entre différentes associations et faire une rencontre plus large, nous avons décidé d’initier le festival dont les première et deuxième éditions ont été tenues à Kayes. Et ça commence à se pérenniser de façon durable. Je pense qu’au fur et à mesure que le temps passe, on aura les résultats escomptés. L’idée
est venue ainsi. Elle a été proposée à Katansigi, l’APS et d’autres associations
du Mali, de la Mauritanie, du Sénégal et de la Gambie l’ont acceptée.
Le Débat : Personnellement, si on vous demandait de choisir le futur pays organisateur, quel pays choisiriez-vous ?
M. Diagana : Vous me mettez dans un dilemme (sourire) parce que, quel que
soit le choix que je ferais, je vais frustrer des gens. Vous me permettrez de vous dire que même si j’ai une préférence, je préfère le garder pour moi, parce que quand on travaille avec des gens, il faut éviter de dire des choses qui peuvent choquer. Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que nous avons déjà le nom du futur pays organisateur. Mais deux pays sont candidats à savoir : le Mali (Bamako) et la Mauritanie. Je pense que les choses se
jouent entre ces deux pays d’autant plus que la Gambie et le Sénégal ne sont pas candidats. Mais, on va en discuter.
Le Débat : Votre dernier mot
M. Diagana : Tout d’abord, je remercie les hommes de presse qui ont joué
un rôle très important à travers les médias. C’est vrai que sans la presse, je pense que tout ce qui se passe ne sera pas diffusé. Vous êtes un canal qui fait passer l’info en temps réel partout où vivent les Soninké. Je pense qu’il est important qu’on vous encourage et qu’on vous assiste d’avantage pour que vous puissiez faire votre travail dignement et librement. Je souhaite et espère que là où se tiendra la prochaine édition, on prenne en compte la question de la
presse. J’ai constaté qu’ici comme à Kayes, malheureusement, nos amis de la presse
sont un peu oubliés alors qu’ils sont présents pour la bonne réussite du festival. Ce sont vos images qui pérennisent ce grand rassemblement. Donc, je pense que dans nos résolutions, il faudrait qu’on donne un temps aux médias et je me demande si ce ne serait pas utile dans le futur d’envisager un thème sur les médias ou sur la circulation des informations. Cela me paraît important, mais il n’est pas exclu aussi que, dans l’avenir, on puisse associer des
journalistes dans la formation des conférences. Nous pouvons l’innover en plusieurs manières. Par exemple, dans un atelier de langue, un intervenant a dit : nous, les Soninké, nous avons des moyens mais pas une télévision soninké ou des radios soninké ou journaux soninké. Tout ce qu’il faut, c’est que la problématique des questions de la presse soit aussi au centre de nos
préoccupations. Je pense que cela sera une réussite commune, Inchallah.
Arouna Sissoko, stagiaire
Source : Le Débat 2014-03-04