La Méditerranée est subitement devenue, en l’espace de quelques jours, le point de convergence de toutes les grandes puissances du monde à l’exception ( ?) de la Chine. Les Etats Unis y disposent de la plus impressionnante flotte militaire avec des porte-avions, des lance-missiles et autres navires de guerre. La France ne compte pas rester en marge de cette démonstration de force. Elle aussi y aurait envoyé une Frégate et un porte-hélicoptères.
Seule manque pour l’instant à l’appel, la Grande Bretagne où la motion introduite devant le Parlement par le Premier Ministre, David Cameron, a été rejetée par les députés.
Pour cette raison, le gouvernement britannique a annoncé que « le pays renonce à participer à une intervention militaire en Syrie ».
Des sondages d’opinons, réalisés sur le sujet, démontrent qu’ils sont 64% d’opinion défavorable en France contre une intervention militaire en Syrie en l’état actuel ; 69% en Grande Bretagne et 60% au Etats-Unis, selon la chaîne francophone TV5 dans son Journal du soir du 29 août dernier.
En Afrique, pour l’instant il n’y a que l’Egypte et l’Afrique du Sud qui se sont prononcés ouvertement contre une intervention militaire occidentale en Syrie. Mais, généralement en Afrique, l’opinion publique est d’habitude assez réfractaire vis-à-vis des interventions militaires étrangères, à part l’unique exception qu’a été jusque-là le cas malien.
Malgré toute cette désapprobation généralisée, les va-t-en-guerre semble prêts à passer outre les réticences des Nations Unies et le véto du Conseil de Sécurité pour lancer des frappes (de quelles natures, de quelles formes et pour quels objectifs) en Syrie.
Une attitude qui parait d’autant plus absurde et irresponsable que le monde n’a pas fini de regretter les conséquences de l’aventure américano-britannique en Irak en 2003 sur la base de mensonges concoctés à l’époque par l’Administration Bush à propos de prétendue « présence d’armes de destruction massive » dont Saddam Hussein serait prêt à faire usage contre son peuple. La suite est connue. L’Irak a été envahi. Saddam Hussein a été capturé et évincé du pouvoir, mais jusqu’aujourd’hui encore 10 ans après le déclenchement de cette autre guerre absurde, le décompte macabre des victimes civiles de cette intervention agresse quotidiennement la conscience humaine et la morale collective.
Aucun doute qu’il y a eu usage d’armes chimiques en Syrie. Mais il reste encore à établir qui en serait véritablement à l’origine et qui en est responsable ? Tant que ces questions n’auraient été répondues, cette frénésie pour « punir » le régime de Bachar Al Assad, ressemblerait à « du déjà vue ». Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, il y a fort à craindre que le monde ait encore des regrets et des remords à la suite d’erreurs pouvant être évitées avec simplement un peu de raison et de bon sens en amont.
Aujourd’hui, personne ne semble envisager la possibilité ne serait-ce que l’éventualité que les rebelles soient responsables de l’utilisation des armes chimiques dans les faubourgs de Damas précisément dans une zone sous leur contrôle.
Vue la complexité des enjeux qui se cachent mal derrière le conflit syrien, les puissances occidentales gagneraient à temporiser leur ardeur et leur velléité à mettre fin, par tous les moyens, au régime dictatorial de Bachar Al Assad. Le peuple syrien a déjà payé un lourd tribut dans cette guerre civile qui oppose fondamentalement différentes idéologies religieuses (chiite et sunnite) soutenues par des puissances étrangères notamment du monde arabo-musulman (Qatar et Arabie Saoudite d’un côté, l’Iran et le Hezbollah libanais de l’autre).
Cependant, une chose est sûre : c’est qu’une déflagration en Syrie n’épargnera aucun pays de la région. La contagion risque d’embraser rapidement une région déjà en proie à de sérieux défis sécuritaires en raison notamment du conflit Israélo-Palestinien.
La prudence est alors la voie la mieux indiquée afin de ne pas allumer un incendie dont personne ne peut prédire l’étendue encore moins les conséquences. Est-ce raisonnable de déclencher une guerre qui pourrait faire des millions de victimes innocentes pour la perte déjà consommée de quelques centaines ? La guerre on sait généralement quand et comment elle commence mais jamais quand et comment elle va s’arrêter.
L’histoire est faite pour qu’on en tire les enseignements utiles afin de préserver le présent et construire un meilleur avenir. La guerre ne saurait, à priori, en être l’absolue solution !
Bréhima Sidibé
L’indicateur Renouveau 2013-09-02 08:37:37