S’ils sont des vrais patriotes qu’ils aillent au nord. Je ne vois pas comment ils vont utiliser le malheur des autres pour faires leur publicité. Je suis surprise de voir des gens affirmer que l’armée malienne seule peut libérer le nord alors que l’armée même a dit qu’elle a des besoins. A partir du moment où elle a reconnu sa faiblesse, je ne sais pas pourquoi des gens qui ne sont pas militaires sont en train d’utiliser l’armée pour leurs combats politiques. Est- ce qu’ils aiment le Mali ? Est-ce qu’ils ont entendu la voix de nos concitoyens qui sont au nord et qui subissent l’enfer depuis six mois ? Nos concitoyens ont dit qu’ils ont besoin de l’armée malienne, africaine et internationale pour libérer le nord. Alors je ne vois pas pourquoi ils veulent être plus royalistes que le roi parce qu’ils ne subissent pas ces violences au quotidien, l’humiliation, la privation de liberté, c’est pour cela qu’ils sont là au sud, ils sont tranquilles. A la longue, ça devient de l’égoïsme. Ils veulent que le Mali reste dans cette position dans ce bourbier pendant longtemps pour qu’ils puissent sortir leurs épingles du jeu. C’est devenu une activité génératrice de revenus pour ces gens de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam). Dès que le nord sera libéré, ils vont perdre leurs sources de revenus : ils sont loin d’être des patriotes. Ils veulent que le Mali s’enfonce davantage afin qu’ils puissent avoir de l’argent. Comment on peut mettre un Mariko (Ndlr : Secrétaire général du parti Sadi) dans un avion avec des militaires pour aller négocier avec Ansardine au nord, à quel titre ? Il y’a trop de magouille dans tout ça. S’ils écoutaient la voix des sans voix, ils allaient mettre de l’eau dans leur vin.
Le Républicain : que pensez-vous de l’établissement du quartier général (QG) des forces africaines à Bamako ?
Ceux qui pensent que le QG ne doit pas être à Bamako n’ont aucune stratégie de guerre. Si on ne met pas le QG à 600 Km du lieu de l’opération comment on peut penser à une victoire. Il faut préserver la vie des soldats qui vont venir nous aider si on veut la victoire. Ceux qui disent que les forces africaines ne doivent pas venir, est-ce qu’ils sont prêts à aller se battre au nord. Les membres de la Copam qui ont organisé une marche avec quelques groupes, est ce qu’ils sont prêts à aller se battre au nord ? Est-ce que certains de leurs parents ont eu les mains amputées ? Est-ce que certaines de leurs filles ou de leurs femmes ont été violées ? Non ! Ils devront écouter la voix de ces gens. Comment un QG peut aller s’installer à Mopti si on connaît les forces et les faiblesses de l’armée malienne ? Cela voudrait dire que dès le lendemain ces QG seront envahis par des terroristes. Si on les met face au danger quel serait l’opportunité de venir nous aider. Pourquoi aller les mettre devant et de rester derrière alors que nous sommes les premiers responsables ? Les premiers responsables sont les militaires maliens. Il faut qu’ils aillent nettoyer le désordre qu’ils ont créé au nord. Et les autres viendront les aider.
Le Républicain : Quel message lancez-vous à certains pays africains qui sont réticents à nous venir en aide ?
Si j’étais à leur place je serais réticent. Puisque des démagogues, des groupuscules maliens passent leur temps à marcher et à insulter. S’ils ne veulent pas que nous venions mais je ne vais pas envoyer mes soldats à la boucherie. Pourquoi les amener à l’abattoir alors que l’armée malienne n’est pas prête pour aller au nord ? Des démagogues maliens marchent tous les jours pour dire que notre armée est capable alors qu’elle ne l’est pas. Ils n’ont qu’à demander l’avis des gens qui sont sous occupation, c’est cet avis qui compte, si non pas notre avis, pas l’avis de Fatoumata Siré. Si nous devons avoir l’armée africaine, française, américaine pour libérer le nord, tant mieux car l’armée malienne a été sur d’autres fronts aussi pour la libération de certains pays. Il n’y’a pas de raison qu’il y’ ait deux poids deux mesures maintenant que c’est notre tour. L’armée doit libérer le nord.
Propos recueillis par Aguibou Sogodogo
Le Républicain Mali 03/10/2012