Dans le cadre d’une réunion extraordinaire du Comite des chefs d’Etat-major de la CEDEAO, les responsables de la défense et de la sécurité de la sous région étaient arrivés à Bamako pour examiner les conclusions de la conférence de planification finale pour le déploiement de la Mission de la CEDEAO au Mali (MICEMA). A la clôture de cette réunion de deux jours, il était clairement perceptible que les chefs d’Etat-major de la CEDEAO et les responsables chargés de la défense et de la sécurité du Mali n’ont pas pu s’accorder sur un point essentiel inscrit à l’ordre du jour des travaux : la sécurisation des organes de la transition par des soldats de la CEDEAO.
Conformément au mandat des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, les chefs d’Eta- major sont arrivés à Bamako avec l’espoir de parvenir à accorder leurs violons avec les autorités militaires maliennes sur trois points : la sécurisation de la transition par des soldats de la CEDEAO ; la réorganisation, l’équipement et la formation des éléments de l’armée malienne ; et le dispositif à mettre en place pour la reconquête des trois régions du nord aux mains de groupes armés dont Aqmi. Si les autorités militaires maliennes et celles de la CEDEAO sont pratiquement parvenues à s’entendre sur les deux derniers points, il faut dire qu’aucun accord possible n’a pu être obtenu quand au premier point. En un mot, les chefs d’Etat- major de la CEDEAO ont enregistré un refus total des autorités maliennes sur l’envoi de troupes étrangères pour sécuriser les organes de la transition.
Dans son point de presse accordé aux journalistes à la fin de la réunion hier soir, le Colonel major Ibrahima Dahirou Dembélé, Chef d’Etat- major Général des Armées du Mali, a rappelé que dans sa récente adresse à la Nation, Dioncounda Traoré, Président de la République par intérim, avait précisé : « …Je fais entièrement confiance aux services de sécurité maliens et à l’armée malienne pour assurer la sécurité du Président de la république et celle des institutions de la République… » Se focalisant sur cette déclaration, le Chef d’Etat-major général des armées du Mali refuse toute intervention de troupes étrangères à Bamako.
Quant à la libération des régions nord souhaitée aujourd’hui par l’ensemble de la population malienne, il a précisé qu’ils sont convenus de conjuguer leurs efforts pour la libération des zones occupées. Mais, il pense qu’il faut donner toute la chance aux négociations. Mais au cas où elles n’aboutiraient pas, l’armée pourrait entrer en danse avec le soutien de la CEDEAO. Mais, il a tenu à indiquer que la guerre sur le terrain sera l’affaire de l’armée malienne, avec la précision que l’apport de la CEDEAO sera nécessaire dans l’appui aérien et en logistique.
Le refus a été tellement retentissant que Mme Salamatou Hussaini-Suleiman, Commissaire chargée des affaires politiques, de la paix et de la sécurité de la Commission de la CEDEAO, a déclaré que le Comité des chefs d’Etat-major de la CEDEAO a écouté la partie malienne dans l’expression de ses besoins et va saisir la conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO pour information. Qu’à cela ne tienne, elle a estimé que la réunion a été un véritable succès, en ce sens qu’il y a eu pratiquement une convergence parfaite des positions sur deux points sur trois. A savoir la réorganisation, l’équipement et la formation des éléments de l’armée malienne et l’appui de la CEDEAO pour la reconquête du nord.
Assane Koné
Le Républicain
(15 Août 2012)