Hier, jeudi 14 septembre 2017, le ministre de l’éducation nationale, Mohamed Ag Erlaf était interpellé par le député Me Zoumana N’Tji Doumbia à l’Assemblée nationale du Mali pour qu’il s’explique sur la décision prise par l’Etat de fermer les établissements scolaires Collège Horizon. Selon le député interpellateur, Me Zoumana N’Tji Doumbia, élu à Bougouni sous les couleurs du parti CDS Mogotiguiya, président du groupe parlementaire APM (Alliance pour le Mali) de la majorité présidentielle, cette décision de fermeture du collège horizon met en péril l’avenir des enfants Maliens. Il va plus loin en disant que l’Etat Malien a failli, voila pourquoi, les parents d’élèves envoient leurs enfants dans les écoles privées. Ainsi, il a invité le ministre à revenir sur sa décision qui n’est pas bonne pour l’éducation malienne. Le ministre interpellé se défend en disant que son département ne met en péril l’avenir d’aucun élève malien. Mais, le ministre a occulté tout de même des questions essentielles qui lui ont été adressées. Le Ministre Ag Erlaf persiste et signe que le Collège Horizon n’a plus de statut légal au Mali. Tout au long des débats de plus d’une heure de temps, il y a eu des chaudes empoignades entre le député interpellateur et le ministre interpellé.
La séance de question orale tenue dans la salle Modibo Keïta de l’Assemblée nationale était présidée par le président de l’hémicycle, l’honorable Issaka Sidibé, en présence des membres du gouvernement, des parents d’élèves et d’autres personnalités.
« Par Arrêté N° 2017-2756/MEN-SG en date du 21 aout 2017, vous avez abrogé les autorisations de créations des écoles Collège Horizon en République du Mali. Pouvez-vous me donne les raisons fondamentales de cette décision ? Savez-vous que les parents d’élèves des écoles Collège Horizon n’ont pas accepté votre décision car elle met en péril la formation de leurs enfants ? A l’analyse, Monsieur le Ministre, vous fermez les écoles Collège Horizon et vous les remplacez par les écoles Maarif en violation, des règles élémentaires de droit. Monsieur le ministre, pouvez-vous me rappeler le statut juridique des écoles Collège Horizon en République du Mali ? », Voila autant de questions parmi tant d’autres posées par le président de la commission des lois constitutionnelles, de la législation, de la justice, des droits de l’homme et des institutions de la République de l’Assemblée nationale, Me Zoumana N’Tji Doumbia au ministre Ag Erlaf. En réponse aux questions, le ministre a fait savoir que la décision d’abroger les autorisations de création et d’ouverture des établissements Collège Horizon est conforme à la loi de 2012 portant création des établissements d’enseignement scolaire en République du Mali de type privé. Avant d’ajouter que la pertinence de signer un accord entre deux Etats souverains relève de la compétence du président de la République. « Donc je me déclare incompétent pour répondre à cette question », a-t-il dit. Selon le ministre, son département ne met en péril l’avenir d’aucun élève malien. A l’en croire les parents d’élève ont été approchés par son département pour les expliquer la situation. « Je les ai personnellement rencontré les 15 et 18 août 2017 », a-t-il dit. Aux dires du ministre, le collège horizon n’a plus d’existence légale en République du Mali. « Il n’a plus de statut légal pour s’occuper de l’éducation au Mali. Les intérêts des élèves maliens seront sauvegardés… Ce n’est pas une affaire d’individu mais de coopération entre deux Etats, de la Turquie et du Mali. La rénovation de l’Assemblée nationale en est un exemple illustratif », a souligné le ministre. Me Zoumana N’Tji Doumbia resté sur sa faim et revient à la charge.
L’Etat malien a failli en matière d’éducation ?
« Ce n’est pas la rénovation de l’Assemblée nationale qui doit être comparé à l’avenir de 3200 enfants. Le ministre Togo dit que Collège Horizon n’est pas en faute. La fermeture du collège horizon est un processus qu’il faut respecter mais aucun des processus n’a été respecté. La fermeture ne doit pas être faite à quelques encablures de l’ouverture des classes. L’avenir des enfants est menacé », a martelé le député interpellateur. C’est ainsi qu’il invita le ministre à tenir compte de l’intérêt des enfants maliens. Aux dires du ministre, la Turquie a donné mandat à la Fondation Maarif de la représenter au Mali. « Pourquoi la fondation Maarif n’ouvrirait-elle pas une école au Mali ? Les enfants du collège Horizon ne sont pas des bétails pour être transférés aussi facilement à la Fondation Maarif. Au cas où les 3200 enfants maliens ne sont pas transférés ou admis à la Fondation Maarif, qu’allez-vous faire ? Ou vous allez sacrifier l’avenir de ces enfants ? Quelle sont les conditions d’abrogation d’un arrêté d’ouverture d’établissement ? En cas de changement de régime en Turquie, que deviendra Maarif ? », Voila autant de questions occultées par le ministre dans ses éléments de réponse. Me Zoumana N’Tji Doumbia a fait savoir que le ministre n’a pu donner de réponses à ses questions. « Monsieur le ministre en votre qualité de ministre de l’éducation, vous êtes interpellés et vous devrez faire en sorte que le citoyen lambda puisse avoir la meilleure éducation. Les parents d’élèves orientent leurs enfants dans les écoles privées, parce que l’Etat a failli », a précisé Me Zoumana N’Tji Doumbia. A l’en croire, la Fondation Maarif a été crée en 2016 et n’a aucune expérience en matière d’éducation. Par ailleurs, il a déploré la mauvaise gestion des résultats du baccalauréat malien de 2017 qui ont été proclamés à deux reprises par endroits. Pour le ministre, l’Etat malien n’a pas failli car il débourse 15 milliards de FCFA chaque année pour l’orientation des élèves. « Je pense avoir dit l’essentiel pour édifier l’opinion de manière saine et positive. Le reste des questions, ça commence à devenir comme dans un tribunal et je ne suis pas à la barre comme disent les journaux », a conclu le ministre
Raky Talla au secours de Ag Erlaf ?
Voyant que le ministre du travail et de la fonction publique, chargé des relations avec les institutions, Mme Diarra Raky Talla glissait des bouts de papiers au président de l’hémicycle à travers le secrétaire général de l’Assemblée nationale et au ministre Ag Erlaf, Zoumana N’Tji a indiqué: « Je suis le député interpellateur et le ministre Ag Erlaf est interpellé et aucun autre ministre ne doit s’interférer aux débats ». Décidé à faire revenir le ministre sur sa décision, Me Zoumana N’Tji Doumbia a souligné que ce n’est pas qu’on ne règle pas un problème par un autre. « La représentation nationale ne pouvait pas rester en marge par rapport à un problème aussi crucial. Nous avions voulu attirer l’attention des décideurs sur le désarroi et l’inquiétude qui pèsent sur les élèves du Collège Horizon et des parents d’élèves. Je suis persuadé que le ministre reviendra sur cette décision car elle va à l’encontre des intérêts des parents d’élèves et des élèves du Collège Horizon », a conclu le député interpellateur.
Aguibou Sogodogo