De telle sorte qu’aujourd’hui, la décision du consulat de la France à Ouagadougou est perçue par certains milieux comme un tremblement de terre, à commencer par le MNLA et ses soutiens dans le monde. Qui l’aurait cru : Le consulat de la France a Ouagadougou vient de refuser un visa aux responsables du MNLA basés à Ouagadougou, dont Bilal Ag Cherif, que l’on présente depuis un certain temps comme le Président du MNLA et nom moins Président de leur Etat chimérique de l’AZAWAD.
La décision est d’autant plus surprenante que c’est le Congrès mondial Amazigh qui est monté au créneau pour dit-il « dénoncer avec force » ce qu’il considère comme « méthodes vexatoires » et qui ne cache pas selon lui, un « abus de pouvoir des autorités françaises à Ouagadougou ». Conformément à sa mission d’instrument de presse au service de la cause Touareg le Congres mondial Amazigh est monté sur ses grands chevaux pour réclamer « des explications du gouvernement français notamment sur les motifs et sur la responsabilité de ce refus arbitraire de délivrer des visas, contraire aux usages et aux conventions internationales relatives à la liberté de circulation ».
Tout comme le Congrès mondial Amazigh, il faut dire qu’il y a sur cette terre des gens qui croient à la légitimité du combat malveillant et destructeur du MNLA. Depuis plus de 20 ans les efforts exceptionnels fournis par l’Etat malien, dans les régions nord du Mali, ont convaincu plusieurs observateurs du peu de sérieux des leaders du MNLA quand ils manquent d’arguments sérieux pour justifier leur folie meurtrière. Cette démarche de l’Etat qui s’est mis aux petits soins de la communauté Touareg et qui a souvent frisé l’injustice envers les autres communautés nationales n’arrive pas toujours à convaincre des députés du groupe Verts Alliance Libre Européennes au Parlement Européen.
Ils sont aujourd’hui pratiquement les seuls à croire à la légitimité du combat des apatrides du MNLA, qui se réclament d’une République chimérique de l’AZAWAD et qui n’ont aucune honte à se pavaner avec des passeports maliens. C’est du reste dans le cadre d’une de leur initiative saugrenue qui n’arrive plus à emballer les Européens que des responsables du MNLA allaient avoir le privilège de souiller le siège de l’illustre Parlement Européen de Strasbourg avec leurs mains tachées de sang et leur esprit qui n’est plus en paix eu égard aux atrocités commises dans le nord du Mali avec leurs bénédictions quand ils ne sont pas auteurs.
François Alfonsi, Franziska Brantner, Indrek Tarand, tous des députés du groupe Verts-Alliance Libre Européenne au Parlement Européen, ont pris l’initiative d’organiser le 23 octobre 2012 au siège du Parlement Européen à Strasbourg, une conférence sur le thème « quel avenir pour l’Azawad : les propositions du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA)». Et pour animer cette conférence ouverte à tous les parlementaires européens et à la presse, ils avaient invité une délégation qu’ils présentent comme « de haut niveau » et composée de Bilal Ag Cherif, Président du MNLA, Mahamadou Djeri Maiga, Vice-président, Hama Ag Mahmoud, responsable des relations internationales et Alhader Ag Faki, conseiller. Et comme ils soupçonnaient des difficultés, ils ont pris des dispositions pour faire acheminer des invitations et des attestations de prise en charge des frais de voyage et d’hébergement aux intéressés pour justifier leur demande de visa auprès du consulat de France à Ouagadougou (Burkina-Faso).
Mieux, des dispositions ont été prises dans le sens de diligenter la procédure au niveau du consulat en lui adressant une copie des documents. Alfonsi s’est même impliqué personnellement dans des démarches auprès de l’ambassadeur de France à Ouagadougou afin d’appuyer la demande de visa de la délégation du MNLA. A l’issue de cette démarche illégale à tous points de vue parce que tendant à influencer un fonctionnaire consulaire dans sa prise de décision, il a été convenu que les passeports soient déposés au consulat le 18 octobre 2012 à 8 heures du matin et récupérés munis des visas le même jour à 17 heures. Mais, malheureusement pour les Responsables du MNLA qui ont préféré les beaux hôtels de Ouagadougou à leur AZAWAD chimérique et leurs soutiens, à l’heure indiquée les passeports n’étaient toujours pas prêts et les dossiers étaient toujours à l’étude jusqu’à lundi, selon les témoignages d’un fonctionnaire du consulat. C’est cette goute d’eau qui a fait déborder le vase. Et les réseaux mafieux qui sont au service du MNLA se sont mis à crier à gorge déployée a travers l’Europe.
« Non seulement le consulat n’a pas délivré les visas comme prévu mais il a séquestré en toute illégalité, les passeports des trois membres du MNLA dans le but évident de les empêcher de se rendre en Europe », dénonce le Congrès Mondial Amazigh. Avant de déclarer : « s’il s’avérait que la décision de ne pas délivrer les visas aux membres du MNLA était prise par le gouvernement français, cela signifierait que la France exploite le fait que la conférence se tienne à Strasbourg pour tenter de la saboter. Cela serait à la fois une grave obstruction au débat démocratique et un argument supplémentaire en faveur de la fermeture du site du Parlement Européen de Strasbourg au profit de celui de Bruxelles ».
Mais, sans le savoir et surtout sans le vouloir, le Congrès Mondial Amazigh révèle à l’humanité tout entière que le MNLA est en perte de vitesse et ne se présente plus en interlocuteur crédible depuis qu’il s’est fait chasser des terres usurpées de son AZAWAD chimérique par ses alliés terroristes et non moins narcotrafiquants, qu’il a introduits dans le nord du Mali comme un virus du SIDA dans un corps humain. « Le Conseil Mondial Amazigh rappelle avec insistance que ce serait une grave erreur de ne pas considérer le MNLA comme un allié précieux et crédible. La France, l’ONU et l’ensemble des parties prenantes doivent comprendre que le MNLA est un partenaire incontournable dans la recherche d’une solution de paix durable au Mali et qu’il est par conséquent absolument nécessaire de le mettre au cœur du dispositif politique et militaire afin de garantir le succès de toute action internationale contre les groupes islamistes armés dans l’Azawad ». Cette phrase n’est-elle pas révélatrice du désarroi du MNLA. En tout cas, si la France arrive à maintenir sa décision de ne pas donner de visa aux bandits du MNLA, il n’y a aucun doute : Blaise Compaoré se verra dans l’obligation de les chasser de son pays pour ne pas contrarier François Hollande.
Assane Koné
Le Republicain 23/10/2012