La chicha ou narguilé est désormais interdite sur toute l’étendue du territoire malien. Ce qui ressort du contenu d’un Arrêté ministériel (N°2022-3597) signé lundi dernier (15 août 2022) par les ministères de la Santé et du Développement social ; de la Sécurité et de la Protection civile ; de l’Economie et des Finances ; de la Justice et des Droits de l’Homme, de l’Industrie et du Commerce ; et de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne.
«Il est interdit l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la chicha (narguilé) ou tout autre appareil similaire sur toute l’étendue du territoire national», stipule l’article 1 de cet Arrêté interministériel.
Selon l’article 3, toute personne qui se rend coupable de la production ou de la commercialisation de la chicha… est punie d’un emprisonnement de 1 à 10 jours et d’une amende de 300 à 18 000 F Cfa. Toute personne qui se rend coupable de sa commercialisation est punie d’une amende de 300 à 10 000 F Cfa. Et la détention du produit expose à une détention d’un à 10 jours et d’une amende de 300 à 10 000 F Cfa. Pour ce qui est de la consommation (usage), elle expose aussi à une peine d’emprisonnement d’un à 10 jours et d’une amende de 300 à 10 000…
«Chacune de ses sanctions est suivie de la confiscation et de la destruction de la chicha ou de l’appareil similaire», précise l’arrêté interministériel qui donne 6 mois (à partir de son entrée en vigueur) aux importateurs, aux distributeurs, aux vendeurs, aux «Chicha clubs»… pour se conformer à cette décision.
Il faut rappeler que, le 3 juillet 2019, la mairie de la Commune IV du district de Bamako avait interdit la vente et la consommation de la chicha ainsi que du tramadol jugés comme des produits poussant la jeunesse à la violence. Une mesure dont l’application n’a jamais été effective. En effet, les «Chicha house» ou les «Chicha clubs» sont toujours ouverts dans cette commune, notamment à l’ACI 2000. Pis, les jeunes continuent à fumer la chicha dans les «Grins» au vu et au su de tout le monde.
Et pourtant, selon un élu municipal chargé de l’application de ladite mesure, elle a été saluée par la Cour constitutionnelle et appréciée par presque tous les tribunaux. Quant à son application, il a souligné que la mairie (en collaboration avec les différents commissariats de police) avait, dans un premier temps, privilégié la sensibilisation de la jeunesse avant de passer à la phase des sanctions.
On espère que l’Arrêté interministériel sera appliqué dans toute sa rigueur. Et cela d’autant plus que ce produit a de nombreux effets néfastes sur la santé et le comportement des jeunes. Selon des spécialistes, une seule bouffée de chicha contient autant de fumée qu’une cigarette entière. Une séance de chicha revient ainsi à fumer entre 20 et 30 cigarettes !
Sans compter les risques pour la santé qui sont les mêmes que pour la cigarette (problèmes cardio-vasculaires, respiratoires, digestifs, risques de cancers…). «Le fumeur de pipe à eau et la personne exposée à sa fumée passive provoquée encourent les mêmes maladies pulmonaires, cardiovasculaires et cancers que le fumeur de cigarette», a précisé un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pire, les jeunes se servent de plus en plus de la tabatière de la chicha pour consommer d’autres stupéfiants comme le chanvre indien. Malheureusement, les peines prévues par l’Arrêté interministériel ne nous semblent pas assez dissuasives.
Naby