Animé par l’appât du gain ou saisi de compassion pour le vieillard, toujours est-il que le chauffeur n’hésite pas à freiner à cette heure indue de la nuit. En ce moment précis, une dizaine d’hommes cagoulés surgissent des broussailles et se mettent à tirer en l’air à l’aide de pistolets et autres armes de fabrication artisanale. Le vieillard qui, de toute évidence, fait partie du gang des coupeurs de route, met sa cagoule avant de se mêler à la bande. Un à un, ils font sortir les passagers aux cris de «l’argent, l’argent, nous voulons de l’argent ». Avant de les fouiller minutieusement sous la menace de leurs armes. Les malheureux passagers seront délestés de tous leurs biens –argent, objets de valeur comme les téléphones portables. Au total, le butin des malfrats dépasse les 20 millions de FCFA.
Lassana Koné, la quarantaine, qui a eu le malheur de se trouver parmi les passagers, a été, lui, dépossédé de 120 000 FCFA et d’une jaquette de 150 000 FCFA qu’il avait payée à Dubaï. A le croire, nombre des assaillants devraient être des Burkinabé. A en juger, en tout cas, par la langue qu’ils parlaient, le moré, et un bambara teinté d’accent. Il reste entendu que même dans ce cas, les bandits n’ont pu agir que grâce à une forte complicité des enfants du terroir.
Selon toujours Lassana Koné, les gendarmes qui étaient en poste à Yélékébougou disent avoir entendu les coups de feu mais déclarent qu’ils n’ont pas pu aller à la rescousse. Faute de moyens de déplacement ! Une aberration si l’on sait que sur cet axe les coupeurs de route se sont régulièrement illustrés depuis des années dépossédant d’honnêtes citoyens de leurs biens.
Le nouveau ministre en charge de la sécurité intérieure est interpellé par cette situation qui n’a pas sa raison d’être. Il est vrai qu’il vient à peine de prendre les rênes de la Sécurité intérieure, mais l’Etat étant une continuité le minimum qu’il puisse faire pour ces gendarmes c’est de leur donner des moyens de travail à hauteur de mission. Ce qui est loin d’être de la mer à boire si l’on sait que 3,2 milliards d’euros, soit plus de 2 000 milliards de FCFA, mis à la disposition de notre pays à la faveur de la Conférence des donateurs sur le développement du Mali qui s’est déroulée à la mi-mai à Bruxelles, n’attendent qu’à être dépensés.
Yaya Sidibé
Pierre Fo’o Medjo
22 septembre
26/09/2013