L’insécurité profonde s’est installée dans le centre du Mali. Encore, avant-hier, lundi 29 aout, une personne est morte et une autre a été blessée lors d’attaques contre des forains dans les environs de Dioura, Kologri, et Sirakoro, cercle de Ténenkou. Deux jours avant, le 27 aout, des violents conflits intercommunautaires entre éleveurs et agriculteurs ont fait 5 morts à Kareri, une commune rurale de Dioura. Cette recrudescence de l’insécurité à Tenenkou, est due, selon les ressortissants du Cercle, à l’absence de l’Etat malien dans la zone. La permanence de l’insécurité, estime le Dr Tiounlenta Timoré, ancien député à l’Assemblée nationale du Mali et premier responsable de l’Association pour le développement du cercle de Ténenkou, a renforcé la frustration née d’un sentiment d’abandon.
Les responsables de la localité tirent, ainsi, la sonnette d’alarme sur « une révolte intérieure, potentiellement porteuse de germes d’accointances plutôt explosives »
Il ne se passe pratiquement plus une journée sans que des paisibles citoyens ne fassent le frais de cette insécurité chronique dans le centre du Mali. A Dioura, dans le cercle de Ténenkou, le lundi passé, des forains ont été par des bandits armés. Bilan: 1 mort et 1 blessé. Deux jours plutôt, 5 personnes ont périt et 7 personnes ont été blessés lors des conflits entre éleveurs et agriculteurs à Kareri, une commune rurale de Dioura. Ces nouveaux morts viennent s’ajouter à la longue liste des victimes de l’insécurité dressée par les ressortissants de la localité, lors d’une conférence de presse, le weekend dernier à Bamako. Selon le Dr Tioulenta, malgré la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali le 20 juin 2015, il y a une multiplication des attaques, l’intensification de la terreur sur les populations et sur les forces de défense et de sécurité nationales, l’extension des effets de la crise dans des localités jusqu’à-là relativement épargnées mais aussi, hélas, par la densification des pertes en vies humaines : civils et militaires.
L’Etat malien sur le banc des accusés
Cela fait plus de trois ans que le calvaire des habitants de Ténenkou continue. L’activité économique, tous les secteurs économiques confondus, selon les ressortissants du cercle, sont au pilori. Ainsi depuis trois ans, il n’y a presque plus de transhumance des animaux et pratiquement pas d’école (ni école française, ni en fulfulde et ni d’écoles coraniques). Le cri de détresse des populations à travers les différentes démarches initiées par leurs ressortissants tombent apparemment dans des oreilles sourdes. « Les multiples complaintes de l’association auprès des autorités de la République et de la communauté internationale n’en firent rien…le cercle de Ténenkou donc, suivant notre analyse, comme celui qui est aujourd’hui le plus affecté par la crise », explique le Dr Tioulenta Timoré, tout en ajoutant : « à l’évidence il y a lieu de conclure que le cercle de Ténenkou constitue une exception en matière de sécurité dans l’ensemble national ». Ne comprenant pas cette exception qui a tout à l’heure d’une démission de l’Etat à assurer une de ses missions régaliennes, les ressortissants de Ténenkou se posent les questionnements suivants : « Pourquoi la bande de terre comprise entre Nampala et Léré, limitrophe de la Mauritanie, ne fait-elle pas toujours l’objet d’une surveillance à hauteur des risques connus ? Pourquoi la forêt dite de Jammel, située entre les villages de Kéra et de Dioyti et Diafarabé qui a connu au moins 4 attaques dont 2 très meurtrières ne fait pas toujours l’objet d’un traitement particulier ? Pourquoi la présence des forces militaires internationales n’ont qu’une présence furtive dans cette zone aujourd’hui reconnue par tous comme étant le repaire des malfaiteurs de tout acabit ? Pourquoi le cercle de Ténenkou reste-t-il le seul dans la région de Mopti dont les administrateurs, en dehors de ceux de la ville de Ténenkou, résident toujours hors de leurs localités d’affectation ? »
M. K. Diakité