In memoriam / Archi !


Le tout dans la subtilité qui le caractérisait, jamais dans le bruit. Archi n’aimait pas le bruit. Et il a su partir sans bruit. A l’heure où généralement, les autres dorment. Fauché un vendredi saint avant d’être accompagné  à sa dernière demeure par tous ceux qui le chérissaient mais aussi et surtout par la fine pluie qui rendit plus clémente une température alors  rebellée.

La présence des anciens Premiers ministres et du gratin bamakois aux funérailles de l’homme en dit long sur celui-ci. Mais ce qu’il faudra, en plus, retenir, c’est la présence des « petites mains » que le défunt aidait discrètement  à partir de « Taikaren », le nom de code du bâtiment qui abritait certains des conseillers « chauds » de la décennie Konaré : des laveurs de voitures, des garçons de course dont un est aujourd’hui gardien de la paix.

Ce n’était pas un secret : aider faisait partie du métabolisme de l’homme autant que le débat. Et à débats mémorables, nous eûmes le privilège d’assister sur les dunes de Gao où le défunt eut pour protagoniste, un certain Ibrahim Boubacar Keita. Et des noms comme Ali Nouhoun Diallo ou Boubacar Bah Bill y étaient familiers. Mars 1991 couvera quatre ans plus tard, amenant, avec l’épreuve du pouvoir, ses inévitables décantations, ses tristes tranchées et ses logiques manichéennes. Archi à l’époque n’était pas le loyal conseiller du premier président de la troisième République, partant après tout le monde, investi de missions délicates dont toutes ne pouvaient être des succès mais qui furent toutes entreprises de bonne foi et avec engagement.

Nous étions au début des années 1990, le basketteur renommé et l’ancien étudiant Feanfiste dirigeait au Nord du Mali une organisation humanitaire qui allait être un enjeu de la rébellion. Peaux blanches (Touaregs, Arabes) contre Peaux Noires ( tous les autres) :  la guerre est une affaire de primates et Archi aura à se battre avec une rare fermeté et une dangereuse délicatesse  pour éviter le pogrom à ses cadres nomades. Il s’en va à soixante-dix ans, avec ses rayures comme nous en avons tous mais dans l’estime du plus grand nombre. Une vie bien remplie. Mais on ne s’habitue jamais à la mort.                      

Adam Thiam

Le Républicain 12/09/2011