Au même titre que le peuple qui ne digère toujours pas le revers de son armée au Nord et qui donnerait tout pour que vengeance soit faite immédiatement, totalement, une fois pour toute et sans aide extérieure. Un des problèmes de Cheick Modibo Diarra, sur lequel juraient nos quartiers populaires il y a peu, fut ses propos récents de Ouaga par contraste à ceux qu’il avait précédemment tenus et ici à Bamako devant la délégation algérienne par exemple et dans la presse française. Le petit peuple qui ne s’attarde pas sur les réalités du terrain s’était accroché à lui, avant de le trouver comme les autres. Or pour dire vrai, l’ancien Pm a varié selon les moments et les circonstances.
Mais qui est resté constant ou cohérent ? Car au départ, c’était soit la logique de la guerre soit celle du dialogue avant que les lobbys bien pensants n’imposent les deux solutions simultanément : la guerre contre les islamistes et les narcotrafiquants, le dialogue pour tous les autres. L’Onu était la première à s’insurger contre toute négociation avec les « terroristes » ou leurs complices. Elle s’est adoucie depuis. Même la France n’a pas osé dire qu’il ne faut pas négocier avec Ansardine dont le communiqué triomphaliste vient confirmer ses liens organiques avec Aqmi et Mujao, ces cibles désignées d’une intervention militaire dont personne ne connaît le moment.
La vérité est que Cheick Modibo Diarra ou pas Ansardine avec lequel l’Etat malien a décidé de dialoguer, est pour l’instant l’autre nom d’Aqmi. L’amener à décrocher de cette nébuleuse est un objectif noble mais si Iyad Ag Ghaly fait cela, il ne sera plus un enjeu. Il sera comme Cheik Modibo Diarra qu’il moque aujourd’hui. Nous avons un défi de cohésion et nous ne sommes pas pressés de le relever, il semble.
Adam Thiam
Le Républicain 13/12/2012