Un mois, un record on parle partout d’un remaniement ministériel qui serait déjà sous les manteaux : tout serait au point pour annoncer ce chamboulement gouvernemental qui se fait néanmoins attendre. On dit que l’actuel locataire de la Primature, bien qu’ayant les faveurs du maître de Koulouba, doit laisser la place à un homme, de sérail ou pas, mais bien entrainé à conduire une équipe de campagne, étant donné que les perspectives politiques autour de 2018 s’approchent à grands pas. Au-delà de cette logique politique, que peut faire le maître de Koulouba pour ne pas décevoir l’énorme espoir suscité pour son mandat, quelque peu écorné aujourd’hui par tant d’occasions ratées ?
Remaniement ministériel ou pas ? Ce qui est sûr, c’est que le bruit a fait le tour de la ville que le président IBK veut provoquer un véritable chamboulement à l’actuel attelage gouvernemental. A en croire les indiscrétions, ce remaniement ministériel, tant attendu, serait même sous les manteaux, et pourrait être annoncé à tout moment, surtout après la tenue de ce sommet Afrique-France dont notre pays vient d’abriter avec le succès qu’on en sait désormais.
Mais, le problème est qu’en matière de remaniement ou de réaménagement technique, on en a l’habitude, depuis l’élection du président IBK qui d’ailleurs en a fait un peu trop. A moins de trois ans de pouvoir, pour ce premier quinquennat, ce sont plusieurs équipes qui se sont succédé avec en toile de fond un département, comme celui de la justice qui n’en est pas moins à son troisième ou quatrième titulaire avec un tel risque d’instabilité que beaucoup d’observateurs n’hésitent pas à en assimiler les germes de la cacophonie actuelle qui s’y développe. Dans le même contexte politique, on en est déjà à trois Premiers ministres, depuis août 2013, où le président IBK trône à Koulouba, pendant que le front politique, notamment la majorité présidentielle, grouille d’impatience et même de colère d’insatisfaction politique.
A l’évidence, les remaniements, jusqu’ici opérés, n’ont pas produit une forte adhésion populaire d’autant que le président IBK, qui en est les précurseurs, s’y prête mal, presque gagné par les états d’humeur, frôlant l’imprécision, de manière à décourager plus d’un autour de ses choix politiques. Dès lors, le citoyen lambda ne se reconnaît plus dans la démarche présidentielle, débarrassée, selon lui, de toute onction populaire, allant dans le sens d’une réelle préoccupation des populations. Voilà pourquoi les remaniements ministériels, tels qu’ils sont concoctés à Koulouba, n’intéressent pas grand monde. Les Maliens, de plus en plus, n’y voient pas la marque d’un homme qui a fait la promesse de transformer profondément la conduite des affaires publiques d’un pays qui a beaucoup souffert, dans le temps, de mauvaise gouvernance, sous toutes ses formes.
Le président IBK est allé avec les remaniements qu’il a instruits sur un rythme aussi accéléré qu’ils se sont suivis, tout en se ressemblant, les uns aussi bien que les autres ; sans que l’état réel du pays n’en soit véritablement impacté. Sur ce coup, beaucoup de Maliens, à part les hommes politiques qui sont forcément intéressés par les coups d’humeur de Koulouba, surtout en ce qui concerne la majorité présidentielle, n’accordent plus une valeur politique réelle aux changements opérés par le président IBK, dont il estime dans leur for intérieur qu’il n’agit pas forcément dans le sens de l’intérêt général, ou tout au moins, dans le sens des priorités ciblées.
C’est pourtant sur ce registre d’insatisfaction populaire que le président IBK doit chercher, coûte que coûte, à corriger désormais ses orientations politiques, dès qu’il s’agit de changement structurel profond dans l’attelage gouvernemental. Dans un contexte comme le nôtre, où tout est priorité, le changement de l’équipe gouvernementale, au-delà de la logique politique, doit forcément aller dans le sens des préoccupations nationales. En tout cas, pour le cas du président IBK, cette donne est plutôt la marque d’un homme, arrivé au pouvoir, avec un tel élan populaire qui l’a propulsé à la tête de l’Etat.
Le prochain remaniement ministériel, tel qu’il est annoncé, se joue à ces prix-là. Au-delà de l’attente politique, le président IBK y est beaucoup attendu par ses compatriotes sur sa capacité à renouer avec ce fil de sympathie dont il jouit auprès des Maliens et sur lequel certains de ses choix politiques, mal agencés, ont fini à le faire éloigner de son opinion publique. C’est donc un test politique, pour lui, de recréer, par l’opportunité de ce remaniement ministériel dont on parle tant, aussi bien dans son entourage que sur le front politique, ce lien distancé avec le plus grand nombre de ses compatriotes. S’il est vrai que le prochain remaniement aura l’air, pour cette raison, d’une véritable épreuve politique, dans la perspective des prochaines joutes politiques, notamment la présidentielle de 2018, pour lesquelles le président IBK n’a pas droit à l’erreur, pour ses choix stratégiques, il est aussi clair que ça lui offre la possibilité de refaire son retard sur le serment politique qui le lie avec son peuple. Un serment qu’il a lui-même mis en avant de ses choix politiques, au moment de prendre les rênes du pouvoir, en annonçant publiquement qu’il a bien compris ce message à lui transmis par le peuple, en lui offrant ce fort et propre plébiscite qu’il a obtenu, en arrivant au pouvoir.
Salif Diallo