Trois bonnes raisons de ne pas reconduire Boubou Cissé
Après la démission avec fracas de Soumeylou Boubèye Maiga de la Primature, IBK a jeté son dévolu sur le jeune docteur Boubou Cissé pour former un gouvernement de large ouverture. Un an après la formation de ce gouvernement issu d’un accord politique de gouvernance, la montagne semble accoucher d’une souris, car le Mali est toujours à la case départ. La crise sécuritaire n’a guère connu un début de solution, la crise sociale va crescendo, avec comme conséquences la précarité, la maladie et la famine, l’économie est toujours en berne sans aucun espoir de création des richesses. Comme une malédiction divine, la pandémie vient de s’abattre sur le Mali et le reste du monde, provoquant ainsi une autre crise, cette fois-ci sanitaire, qui a fini par mettre à vau-l’eau les fragiles acquis sociaux. En un an de gouvernance sous Boubou Cissé, il n y a eu ni sécurité, ni amélioration des conditions de vie des citoyens, encore moins relance de l’économie. Pourquoi alors maintenir un Premier ministre qui a échoué ? Voici les trois raisons pour ne pas reconduire Boubou Cissé comme Premier ministre.
Le sixième Premier ministre de l’ère IBK, à savoir Boubou Cissé, n’a guère fait mieux que son prédécesseur Soumeylou Boubèye Maiga, SBM, et pourtant il avait la faveur des pronostics surtout avec sa double casquette de jeune et technocrate. Les fruits n’ont pas respecté la promesse des fleurs, aucune des grandes préoccupations nationales qui ont fait partir SBM n’a connu un début de solution. Comment pourrait-on maintenir Boubou Cissé à ce haut poste de l’administration qu’est la Primature alors que, pendant un an, il n’a même pas pu présenter sa Déclaration de Politique Générale, DPG. Voici cinq raisons pour ne pas le reconduire.
Première raison : son immaturité politique
Comment peut-on garder à un si haut poste politique qui est celui de la Primature, un homme qui a du dédain pour la politique ? Boubou Cissé, après la signature de l’accord politique de gouvernance, n’a même plus daigné démarcher les partis politiques non signataires de l’accord pour qu’ils puissent intégrer le grand ensemble autour du Mali. Il les a même méprisés par son désintérêt et sa surdité à toutes propositions et réactions venant d’ailleurs.
Deuxième raison : son incapacité à résoudre les questions majeures
A moins d’avoir une myopie, l’image du Mali sous Boubou Cissé est loin d’être reluisante. Un an après sa nomination comme Premier ministre, aucune des crises majeures n’a connu son épilogue. Si l’insécurité battait son plein au centre et au nord sous SBM, elle s’est fortement accentuée sous Boubou Cissé au point de se déplacer vers le sud du Mali. Kayes et Koulikoro sont touchés. Que dire de la crise sociale ? De moins en moins de maliens mangent à leur faim, boivent de l’eau potable et ont accès aux centres de santé. Une certaine paupérisation a désormais pignon sur rue chez les maliens dans leur grande majorité. Sur le plan politique, les réformes, qu’elles soient administratives ou politiques, qui auraient dû être menées avant les législatives pour nous éviter ce genre de contestations postélectorales, n’ont pas vu le jour. Pendant plus de deux semaines, le Mali est en proie à des actes de violence des citoyens qui contestent les résultats du scrutin législatif.
Troisième raison : son incompétence à relancer l’économie
L’une des raisons qui ont d’ailleurs favorisé la nomination de Boubou Cissé est sa supposée maitrise des dossiers financiers et sa crédibilité vis-à-vis des bailleurs de fonds pour relancer l’économie. A la surprise générale, c’est dans ces deux domaines que Boubou Cissé a le plus échoué. Malgré qu’il soit à la fois Premier ministre et ministre des Finances, le Mali, pourtant troisième puissance économique de l’UEMOA, se trouve toujours à la traine des autres pays de la sous-région au point que l’on a aujourd’hui des difficultés à payer les salaires des fonctionnaires. D’après l’ancien ministre des Finances, Mamadou Igor Diarra, rien qu’en faisant un tour au grand marché, on se rendra compte qu’il y a un problème d’argent au Mali. En tous les cas, les enseignants ne vous diront pas le contraire, eux qui sont à plus de trois mois sans salaire.
En définitive, IBK gagnerait en crédibilité en choisissant un autre Premier ministre plus politique, rassembleur, intellectuellement bien assis et qui a un carnet d’adresses plus fournis pouvant lui permettre de convaincre les partenaires techniques et financiers de se tourner vers le Mali. Le gouvernement que ce nouveau Premier ministre sera chargé de composer doit être de large ouverture ou pourquoi pas un gouvernement d’union nationale pour juguler toutes les crises au Mali.
Youssouf Sissoko