L’Ocean Viking, navire de secours de l’Organisation non gouvernementale (ONG) SOS Méditerranée, a finalement pu accoster à Toulon, après le feu vert des autorités françaises, avec ses 234 passagers à bord. Le gouvernement de Giorgia Meloni ayant refusé d’ouvrir l’un de ses ports, créant une première crise politique avec la France.
Après une vingtaine de jours d’errance, l’Ocean Viking a finalement accosté à Toulon, suite au refus de l’Italie de l’accueillir, malgré les multiples appels à l’aide de l’ONG. Le gouvernement de Giorgia Meloni a formellement refusé d’ouvrir l’un de ses ports au navire, créant une première brouille avec Paris. La France a pointé l’Italie pour le « comportement inacceptable ». Si la France est dans un premier temps restée silencieuse, elle a tenté, sans faire de bruit, d’inciter l’Italie à accueillir les passagers de l’Ocean Viking, a fait savoir le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en annonçant que Paris avait finalement décidé de leur permettre de débarquer sur le port militaire de Toulon. « J’ai bien précisé, à la demande du président de la République, que c’est à titre exceptionnel que nous accueillons ce bateau, au vu des quinze jours d’attente en mer que les autorités italiennes ont fait subir aux passagers », a-t-il déclaré, considérant qu’il « n’y a aucun doute, au regard du droit international et du droit de la mer, que c’était à l’Italie de désigner un port sûr pour accueillir ce bateau ».
Gérald Darmanin a formulé de vives critiques à l’égard de son voisin italien « qui n’a pas été au rendez-vous du devoir d’humanité » en prenant « le parti de ne pas se considérer comme un État européen responsable ». En annonçant l’accueil du navire sur son territoire, le ministre de l’Intérieur a précisé plusieurs points pour réaffirmer la fermeté de la France en matière migratoire. Il promet que les passagers « ne relevant pas du droit au séjour et d’asile feront l’objet de mesures d’éloignement sans délai », laissant ainsi craindre des expulsions à venir, à l’heure où la France est confrontée à de vifs débats sur l’immigration. Paris lance ainsi un message à l’Italie avec le renforcement à « effet immédiat des contrôles aux frontières intérieures avec l’Italie » et précise vouloir « tirer toutes les conséquences de l’attitude italienne sur d’autres aspects de sa relation bilatérale ». L’autre mesure, plus gênante pour l’Italie, réside dans la suspension, là aussi à effet immédiat, de « l’ensemble des relocalisations de 3500 réfugiés » déjà accueillis en Italie et qui devaient être transférés vers France.
L’incompréhension et la fermeté côté italien
Après l’annonce de Gérald Darmanin, son homologue Matteo Piantedozi s’est manifesté, qualifiant la réaction de la France de « complètement incompréhensible ». « La réaction de la France face à la demande d’accueillir 234 migrants, alors que l’Italie en a accueilli 90 000 seulement cette année, est totalement incompréhensible », a-t-il déclaré, assurant ne pas comprendre « la raison pour laquelle l’Italie devrait accepter de bon gré ce que les autres ne sont pas disposés à accepter » alors que son pays « a affronté jusqu’à présent seul ce problème ». Le 25 octobre dernier, lors de son discours d’investiture, la cheffe de gouvernement d’Italie avait été très tranchante quant aux questions migratoires. Elle promettait de « faire de la sécurité un trait distinctif de cet exécutif et de mettre fin aux départs illégaux en brisant enfin le trafic d’êtres humains en Méditerranée ». Une posture en droite ligne avec la période où Matteo Salvini était à la tête du gouvernement italien et menait, jusqu’en 2019, une politique très dure à l’égard de l’immigration.
Source: Afrique-Monde