L’exode s’est accentué depuis le discours de Mouammar Kadhafi, qui a promis mardi dernier de mater la révolte qui a déjà fait, selon le chef de la diplomatie italienne, jusqu’à 1 000 morts. Un bilan confirmé par un ancien proche de Mouammar Kadhafi.
« Je m’enfuis. Kadhafi tue le peuple, pourquoi resterais-je ? », dit Mahmoud Hadiya, un Egyptien de 28 ans qui travaillait dans le BTP depuis 18 mois. « Nous allons mourir si nous restons », dit-il.
« J’ai fait mes bagages dès la fin du discours. Je préfère mourir dans mon pays que mourir ici. J’essaierai de trouver un travail en Egypte », ajoute cet ouvrier, dont les compatriotes ont renversé au début du mois de février le régime d’Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.
L’Egypte où 40% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, vit en grande partie de l’argent envoyé par ses ressortissants travaillant à l’étranger, notamment dans les pays producteurs de pétrole comme la Libye.
« Après les premières manifestations, les cadres dirigeants des compagnies pétrolières et les ingénieurs sont partis », raconte Ali, un Egyptien travaillant dans le secteur pétrolier.
« Des bandits sont venus voler les voitures de l’entreprise et nous ont frappés. J’ai travaillé trois mois et je n’ai pas été payé car l’entreprise a fermé », déplore-t-il.
Les Africains pris pour cible
Le colonel libyen a perdu le contrôle de la Cyrénaïque, dont Benghazi est la capitale et où gisent la plupart des ressources pétrolières du pays.
Benghazi, deuxième ville du pays, a basculé après une semaine de combats entre opposants et partisans du régime.
« Je n’avais jamais vu ça. J’ai vu tellement de violence, tellement de sang depuis jeudi. J’ai vu des centaines de morts. Si vous allez à l’hôpital, vous n’en croirez pas vos yeux », dit Ali Ahmed Ali, ouvrier du bâtiment qui travaillait Benghazi.
De l’autre côté du pays, au poste-frontière de Ras Jdir, on relate aussi des combats entre l’armée et la police d’une part, des civils armés de fusils AK-47, d’autre part.
Les migrants sont chargés de valises et de couvertures pour lutter contre le froid. Certains vont à pied, d’autres en voiture. Dans cette vague, on retrouve des Africains, notamment des Maliens qui seraient plusieurs centaines. Mamadou Diakité, la trentaine et ouvrier de son état, raconte que « depuis le début du conflit, nous sommes persécutés et surtout depuis que la presse a commencé à parler de l’implication des mercenaires africains aux côtés de Kadhafi. On raconte ici que notre président soutient le Guide et nous sommes considérés comme des traites ». Il est le porte-parole d’une centaine de Maliens qui travaillaient avec une entreprise chinoise de bâtiment dont les responsables ont quitté la Libye sans se préoccuper de leurs ouvriers. « Nous avons été abandonné par nos chefs chinois qui ont été évacués par leur pays et leurs villageois nous ont demandé de partir au plus vite.
Nous sommes regroupés et nous avons traversé la frontière avec l’Egypte à pied. Nous attendons que notre gouvernement vient nous rapatrier », espère Chaka Sidibé arrivé en Libye il y a seulement 4 mois qui soutient que depuis plusieurs nuits, lui et ses camarades n’ont pas dormi.
Du côté des autorités maliennes, on assure de prendre très rapidement des dispositions pour le rapatriement de nos compatriotes, pourvu que cela ne prenne pas trop de temps.
Rassemblés par Abdou Karim Maïga
L’ Indicateur Renouveau 01/03/2011