Ils sont des milliers de migrants à tenter la traversée de la Méditerranée vers l’Europe. Conséquence : des milliers de morts. Et les pays d’où viennent ces migrants africains ne réagissent pas. Un silence qui ne laisse pas indifférent des organisations de la société et qui en dit long sur la culpabilité des Etats en question, selon Mahamadou Kouma, président du Conseil de la convention de la société civile en Côte d’Ivoire.
« C’est un silence coupable. Il faut avoir le courage de le dire, de le dénoncer. Mais je le dis, s’ils ne le font pas, c’est parce qu’eux-mêmes, ils ont la conscience perturbée, par rapport à la question. Ils n’ont pas le courage de dénoncer parce qu’on peut leur retourner la question », estime Mahamadou Kouma.
« Nulle part, on ne traite les Africains, comme étant chez eux partout. Pourtant on parle de l’intégration. Ce qui se passe en Tunisie est regrettable. Nous le dénonçons. Et nous interpellons, non seulement les autorités tunisiennes, mais la Cedeao, l’Union africaine. Et les Nations unies. »
L’indifférence des leaders africains
Ces dernières semaines, des centaines de migrants illégaux ont été expulsés de la Tunisie puis abandonnés dans le désert. L’indifférence des pays d’origine et des organisations sous-régionales est un signe d’échec des politiques publiques, selon Alioune Tine, président du Centre Afrikajom, un think tank, chargé de formation et de défense des droits humains à Dakar, au Sénégal.
« Les leaders africains ne savent que faire de cette jeunesse. Jamais on n’a vu la dignité de l’homme africain bafouée de cette manière dans d’autres pays africains. C’est incroyable. Incroyable ce qu’on voit dans le désert, ce qu’on voit aussi dans les mers parce qu’il n’y a pas que le désert. Aucun Africain ne doit rester indifférent par rapport à cette situation. L’indifférence surtout des leaders africains qui auraient dû prendre en charge cette situation », martèle Alioune Tine.
« Ces jeunes qu’on voit avec les jihadistes, c’est les mêmes, c’est la même génération. La question de la jeunesse doit être la priorité des priorités des leaders africains. Le plus urgent aujourd’hui, c’est franchement de faire face aux atteintes, à la vie, à la dignité, à l’intégrité physique et cette indifférence est inhumaine. »
Contactée par la DW, Cessouma Minata Samate, commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social de l’Union africaine, a déclaré que « l’UA se penche sur cette questionavec son équipe sur place en Tunisie », mais n’a donné aucun autre détail.
Source:Vincent Niebede