Délestage ! Le mot est plus que jamais ancré dans le vocabulaire des abonnés d’Energie du Mali (EDM SA). Il se définit comme l’arrêt temporaire de la fourniture d’électricité à une partie des clients finaux dans certaines parties du pays. Cette manœuvre permet de récupérer l’équilibre entre l’injection (offre) et la quantité prélevée (demande) d’électricité. Si elles sont normalement circonstancielles, ces coupures d’électricité font partie du quotidien des Maliens (pourtant privilégiés) qui les jugent «inhumaines, révoltantes et inacceptables». Comment sauver aujourd’hui EDM ? La question a inspiré notre écrivain en herbe qui lie la faillite de cette société à la perte de certaines valeurs. Et comme il le dit si bien, dans une société quand la majorité cesse de se reconnaître dans des valeurs, on se retrouve facilement dans des situations comme celle que nous vivons au Mali depuis des années. Nous vous livrons ici la première partie de sa nouvelle intitulée : «Imbroglio» !
Des cadres surdiplômés sont chèrement payés pour peu de résultats satisfaisants pour le pays. Il n’ y a visiblement pas une incohérence entre la formation académique et le besoin en ressources humaines de l’administration au Mali. Pourquoi les mêmes problèmes vont et reviennent alors que des départements entiers sont chargés de répondre aux besoins du pays et des citoyens ? Il n’y a pas de problème sans solution. Faudrait-il envisager la méthode Da Monzon Diarra Roi de Ségou ? C’est-à-dire donner un délai pour trouver une solution sans quoi les premiers responsables seront mis à mort ! Une solution radicale, n’est-ce pas ?
Et pourtant, vu le stade que le Mali atteint dans l’inconscience des élites et l’insouciance des masses laborieuses, il en faut pour tirer le pays vers le haut. Sinon comment espérer voir un pays, où la majorité s’accroche à leurs droits sans jamais exécuter leurs devoirs, emprunter un jour la voie de l’émergence ? Comment un pays, où un seul cadre adossé à de puissants marabouts ou d’intraitables féticheurs peut s’accaparer des ressources d’une entreprise, peut-il rêver du développement ?
Un pays où ceux qui ont réellement envie de mettre en pratique le «Kokadjè» (culture de la transparence) sont mis en minorité et neutralisés par tous les moyens. A l’image d’Aboubacar Sidiki qui a failli perdre la vie parce qu’il s’en est pris à un «intouchable» en voulant redresser la Malienne de l’Electricité Pour Tous (MEPT). Une société qui n’a réellement comblé les attentes des populations du pays que pendant les 8 premières années de l’indépendance durant lesquelles personne ne pouvait oser détourner un kopeck des deniers publics. Et depuis, elle est toujours déficitaire, croulant sous le poids des dettes de fonctionnement. Et pourtant, les Maliens sont parmi ceux qui payent le courant très cher dans la sous-région voire sur le continent.
Privatisée un moment, toutes les stratégies visant à la redresser ont tourné court. Soit celui qui a été chargé de cette mission n’avait pas la meilleure vision, soit il ne s’est pas montré assez téméraire pour secouer le cocotier afin de le débarrasser des fruits inutiles. En effet, malgré sa situation critique, cette société était devenue une boîte à caser des militants pour les différents régimes. Ce qui alourdissait sérieusement et inutilement ses charges salariales, donc sa dette.
Mais, sous la pression de certains Partenaires techniques et financiers (PTF), les autorités en place venaient de faire appel à un jeune manager comme dernier espoir pour pouvoir réanimer la MEPT. Un jeune cadre dont la réputation l’a précédé dans le pays : Aboubacar Sidiki ! Issu d’une famille nantie, mais à cheval sur la bonne éducation des enfants afin de leur offrir une réelle chance de réussite dans la vie, il a fréquenté les meilleures écoles de management en Angleterre et aux Etats-Unis après son Bac technique dans le pays. Doué pour le management, il s’est vite fait une bonne réputation au sein de nombreuses organisations qui le sollicitaient pour redresser leurs représentations en difficulté dans certains pays.
Malgré cette grande sollicitation, le rêve d’Aboubacar était de retourner servir son pays. Et il ne s’en cachait pas. «J’ai une dette morale à l’égard de mon pays», disait-il à ceux qui tentaient de le dissuader de renoncer à une brillante carrière internationale pour le pays où les meilleurs sont toujours écrasés pour faire de la place aux médiocres. Sa famille en tête ! Ses frères et sœurs, travaillant tous à l’étranger (Ghana, Angleterre, Etats-Unis) à l’exception de l’aîné qui était resté aux côtés des vieux parents. Ils étaient farouchement opposés à ce retour parce qu’ils craignaient non seulement pour la carrière de leur benjamin, mais aussi pour sa vie. Ils connaissent son tempérament et son entêtement à aller au bout de ses missions, de sa vision.
Bolmouss