La création de la Coordination des Mouvements, Association et Sympathisants (CMAS), de soutien aux idéaux de Mahamoud Dicko. L’imam fait ainsi un saut dans l’arène politique avec cette CMAS dont l’objectif principal est la conquête du pouvoir.
La création de cette coordination confirme les murmures de l’éruption de l’ex président du Haut Conseil Islamique sur la scène à travers meeting et marche. Cette coordination est une organisation «politico-religieuse» dont la création officialise sans doute les ambitions politiques à peine voilées de l’Imam Dicko. «La CMAS va s’engager à trouver des solutions aux maux qui minent le Mali», selon son porte-parole Issa Kaou Djim, lors du point de presse animé à la Maison de la Presse. Selon toujours son porte parole cette nouvelle organisation se justifie par «le rôle joué par l’imam Mahmoud Dicko dans l’apaisement de la crise que connaît notre pays depuis 2012». Le religieux, à qui on prête une influence très importante, prendra-t-il le dessus sur le politique ? Ou réussira-t-il là où le politicien de métier a échoué ?
Pour Mahmoud Dicko, lors d’une intervention dans Jeune Afrique, « bien qu’étant laïc, le Mali est un pays musulman à 90% dans lequel, le fait religieux ne saurait être ignoré. En conséquent, la nécessité d’inventer un mode de gouvernance qui accorde plus de place aux valeurs et aux réalités maliennes s’impose ». Cela fait suite aux promesses de campagne d’IBK vis-à-vis du HCI qui avait introduit des doléances comme : fermeture des bars, l’aménagement des espaces de prière dans les bâtiments publics, un salaire mensuel accordé aux imams, entre autres. Elu président, IBK ne pouvait satisfaire à aucune de ces doléances. Les religieux se sont donc sentis roulés dans la farine.
Religion et politique sont deux domaines en perpétuel confrontation. Dans notre pays, il existe un rapport particulier entre les deux sphères qui n’est ni un rapport trop tendu, ni un rapport trop flexible, mais qu’on ne peut qualifier non plus de rapport paisible. Cependant, la religion est même plus efficace que la politique dans le contexte malien. A chaque fois que le pays est secoué par un évènement majeur de nature à menacer la quiétude et la stabilité sociale ; à chaque fois que des conflits naissent dans tel ou tel recoins du territoire national, les premiers médiateurs à être mobiliser pour adoucir les émotions et apaiser les tensions sont les religieux. C’est peut-être là l’un des aspects politiques les plus tangibles du religieux au Mali. C’est donc l’échec des gouvernants en matière de politiques sociales et économiques qui nous a conduits à l’islamisation de la politique au Mali. C’est ainsi que le religieux n’a de cesse d’accroitre son influence sur les masses populaires. Actuellement, il est pratiquement impossible pour un quelconque candidat aux élections présidentielles, de se faire élire sans recourir à l’appui et à l’agrément d’un chef religieux influent.
Mahamadou YATTARA