Après les grandes mobilisations dont il était le parrain et qui ont eu raison du pouvoir de El Hadji Ibrahim Boubacar Keita, L’Imam Mahmoud Dicko fier d’avoir accompli sa mission avait dit qu’il allait retourner à la mosquée.
Avec l’analyse du présent Manifeste pour la refondation du Mali, faudrait-il comprendre que l’Imam est sur le point de revenir de la mosquée.
« Chassez le naturel, il revient au galop ».
Ce manifeste selon nos analyses comprend deux grandes parties. Dans la première partie, l’Imam DICKO fait un constat amer et troublant de la situation socio – politique du Mali.
Le voilà qui dit : « mon esprit est tourmenté par le sort du Mali et de mes concitoyens ».
Si cette déclaration va du fond du cœur comme dirait l’autre du tréfonds, notre Imam peut composer avec tous les maliens quels qu’ils soient.
Nous maliens, nous avons donc notre derviche !
L’Imam se dit triste, inquiet par les soucis d’inquiétude qui s’amoncellent.
Oui Monsieur l’Imam, les soucis d’inquiétude, ça ne manque surtout que les innocents tués devant votre mosquée sont tombés dans l’oubliette et votre coordinateur se tait.
Face aux nombreux défis du Mali, l’Imam dit qu’il ressent « une tristesse infinie à la lumière de l’Islam, religion de paix, de tolérance et expression d’une existence hors de modèle imposés par autrui » Monsieur l’Imam, qui est autrui ?
Est-ce l’occident, est-ce les autres qui ne partagent pas vos convictions religieuses ?
Alors précisez Monsieur le derviche ce que vous appelez modèles imposés par autrui ?
Monsieur l’Imam, la tolérance surtout la tolérance religieuse ne doit pas être un vain mot.
A la différence de certains religieux musulmans Monsieur l’Imam, le mot laïcité de l’Etat ne vous était pas très cher.
« C’est baigné dans le riche héritage des traditions savamment préservées au cours des siècles que j’ai pu grandir et m’élever face à ce que je considère depuis longtemps comme une immense injustice».
Voici bien là une chose on ne peut plus normale pour celui dont le village Ata est riverain du lac Fati dans l’ex arrondissement de Tonka.
De Tombouctou la mystérieuse à Yorosso du Miankala, de Bamako à la Mauritanie jusqu’à d’autres pays arabes, on hérite forcement d’une culture qui fustige l’injustice.
Parlant des différentes manifestations populaires passées au cours de l’année 2020, l’Imam les considère comme légitimes parce que participant du réveil du peuple malien.
Mais, en filigrane il pensait que ces mouvements qui ont fait chuter le régime IBK ont un arrière goût d’inachevé ou alors que d’autres se sont appropriés cette victoire.
« C’est aussi avec crainte que j’observe les risques d’échec du combat de ce noble peuple épris de paix et de justice pour une gouvernance vertueuse ».
L’un des passages les plus marquants de ce manifeste, c’est le mea culpa de l’Imam parce qu’il croit s’être trompé dans certaines de ses prises de position.
Il croit avoir eu tort en cautionnant, en appuyant souvent des hommes qui, guidés par des intérêts égoïstes et matérialistes n’ont pas su incarner le redressement du Mali tant souhaité. Ici l’Imam nous laisse dans un flou total parce qu’il ne nomme pas les hommes qu’il a eus tort de supporter.
Or, il a composé avec beaucoup. Nul doute que les intéressés eux-mêmes se sentiront visés. Tout compte fait, le guide éclairé l’a dit « je me suis trompé, je regrette ».
Les maliens accepteront- ils ce pardon ? Peut-être parce que Nul n’est infaillible.
Dans la deuxième partie du manifeste, l’utilisation des pronoms personnels de la première personne je, me, moi prouve à suffisance que l’Imam veut incarner un rôle pour ce pays.
Il veut se voir confier une mission. Donc il veut sortir tout doucement de la mosquée pour aller vers le peuple.
A lire cette deuxième partie on se sent plongé dans le roman de Aimé Césaire « Cahier d’un retour d’un pays natal » et surtout avec le texte que nous donnons en récitation à nos élèves : « Prière virile du Poète ».
L’Imam veut être la voix du peuple, le porte-parole du peuple.
Est-ce donc le nouveau messie porteur d’espérance pour le Mali !
En définitive, c’est la mission que s’impose le religieux de Ata et de Tonka.
Convaincra t’il les maliens ?
C’est là toute la question car nombreux sont ses concitoyens qui ont fini par se détourner de lui.
Qu’à cela ne tienne, le parrain du M5 – RFP- s’il l’est encore – veut être le rassembleur, le guide, la tête de proue pour la restauration de l’autorité de l’Etat.
Qu’il le soit sans être comme le caméléon qui prend les couleurs du lieu où il est, sans être comme les hypocrites qui à l’apparence sont des brebis alors qu’au fond, ce sont des loups ravageurs.
« Je suis sans agenda caché, ni ambition personnelle ou intérêt partisan ».
Non mon Imam.
Ça, c’est amuser la galerie parce que vos propos prouvent à suffisance que vous voulez être le missionnaire du peuple.
Quand vous dites que vous voulez porter la voix d’un nouvel élan d’émancipation, n’est-ce pas là un agenda ?
« Je m’engage à favoriser le dialogue … je m’engage à bâtir des passerelles d’échange….. Je m’engage à soutenir toute initiative en faveur du développement … je m’engage à contribuer à la construction d’un nouveau pacte républicain » Monsieur l’Imam il n’ya pas d’agenda plus que ça.
Au bout du rouleau, la mission que vous voulez exécuter au nom du peuple, c’est une sorte de promotion personnelle.
C’est l’agenda caché qui précède un autre agenda caché.
Si les propos de l’Imam DICKO viennent du fond de son cœur, si c’est vraiment les propos d’un repenti, tant mieux qu’il soit ce qu’il veut pour peu qu’il s’éloigne de ce radicalisme religieux qu’il a toujours incarné.
Dans la vie, chaque chose a son et il y a un temps pour tout sur la terre et sous les cieux.
M. M. Dembélé
Source: Segou-tignè