Comme le précise le dictionnaire Encarta, le brigandage est « une escroquerie commise par une bande de malfaiteurs ». Peut-on en dire autrement en ce qui concerne l’opération de prétendu achat d’avion de commandement et le marché scandaleux de gré à gré pour la fourniture d’équipements militaires ? Eh bien, non ! Le rapport d’audit de la Section des Comptes de la Cour suprême, tout comme les conclusions du Bureau du vérificateur général, ne plaident pas en faveur du gouvernement. Et du coup, comme par enchantement, tous ceux qui prenaient du goût à regarder les Maliens dans les yeux pour leur servir un tissu de mensonges pour faire croire à un semblant de bien-fondé et de régularité de ces opérations financières scandaleuses ont disparu. Qui est fou ! Par ces temps qui courent, mieux vaut garder un silence de tombeau.
En effet, l’an I du Président IBK au pouvoir aura été surtout marqué par l’érection du mensonge en mode de gestion du pays. Faire ce constat relève d’une vérité de Lapalisse tant les exemples sont nombreux. Au moment où IBK déclarait que l’année 2014 est celle de la lutte contre la corruption, notamment en décrétant la tolérance zéro, des cadres de son régime étaient en train de saccager les ressources financières du pays, tels des singes abandonnés dans un champ de pastèques. Effectivement, en si peu de temps – un an seulement aux affaires- ils ont tout détruit sur leur passage. Depuis le serment de culpabilité d’IBK reconnaissant » des erreurs dans le processus d’achat de l’avion » (sic), en passant par l’aveu du gouvernement sur la surfacturation de 29 milliards FCFA –par la voix de Mme la ministre des finances et devant les experts du Fmi -en ce qui concerne le marché d’équipements militaires donné en gré à gré à Sidi Kaganassy, le bruit des casseroles du régime rend désormais inaudible toute incantation destinée à se justifier auprès des populations.
De mémoire de Malien, on n’a jamais vu un régime aussi inactif face à des cas avérés de malversations financières qui tournent pratiquement au brigandage. Et c’est là où le Président IBK est attendu de pied ferme par les populations car c’est sa crédibilité et sa bonne foi qui sont aujourd’hui soumises à rude épreuve.
Dès que Le Sphinx a fait état de ces deux opérations dont il tenait le scoop, ce fut la mobilisation générale dans les rangs des répondeurs automatiques de Koulouba pour tenter de démentir l’information. D’abord en niant leur existence. Ensuite en reconnaissant finalement et indirectement, que Le Sphinx avait raison seulement en partie car dans le fond il s’était trompé sur le contenu de ces deux dossiers. Distiller des mensonges pour faire croire à l’opportunité et la régularité de ce brigandage financier était devenu l’activité préférée de ceux qui sont reconnus aujourd’hui comme ayant trempé dans ces histoires jusqu’au cou. Ils prenaient donc les devants en envahissant les réseaux sociaux, s’ils ne tentaient pas de manipuler des organes de presse dont deux ou trois carrément identifiés par l’opinion nationale et internationale comme des spécialistes de l’intox à la solde du pouvoir. Avaient-ils tout simplement oublié que les billets de banque puant l’odeur de Koulouba à mille lieux ne peuvent acheter la dignité et l’honneur ? L’honneur d’être Malien et d’en être très fier pour ne pas trahir ce pays au nom d’intérêts bassement égoïstes. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes gens, toute honte bue, qui donnent écho aux constats de la section des Comptes de la Cour suprême et du Bureau du vérificateur général qui ne font que confirmer ce saccage de nos ressources financières en des termes élégants. Ce que nous avons toujours dénoncé.
Les écrits restent dans les archives pour être consultés par les futures générations qui donneront à chacun la place qui lui revient dans l’histoire du Mali. Il ne faut jamais chercher à entacher son nom et surtout l’honneur de sa famille pour quelques billets de banque craquant neufs. En tout cas, Le Sphinx ne mangera jamais de ce pain-là et Dieu seul sait que des propositions, en ce sens, ce n’est pas ce qui manque.
Comme le dit si bien l’adage : « La vérité a beau être cachée, elle finira par passer la nuit à la belle étoile». Suite aux pressions exercées par les partenaires techniques et financiers dont le Fonds monétaire international (Fmi) en première ligne, la ministre de l’Economie et des finances, Mme Bouaré Fily Sissoko a perdu subitement le fil de ses dénégations. La main sur la couture de la jupe, elle a reconnu une surfacturation de 29 milliards de nos francs en ce qui concerne le marché des équipements militaires. Ce jour-là, on avait l’impression d’être devant un accusé se confessant devant une Cour d’assises en s’écriant : « Oui, il y a eu crime ! ».
Le comble pour le régime IBK qui cherchait à se faire passer pour le Zorro de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, en procédant même à des interpellations spectaculaires sur la base de mises en scène théâtrales ! C’était tout simplement pour faire monter la mousse car, très vite, le Zorro auto déclaré de la lutte contre la corruption apparaîtra comme un être piètre zéro pointé, la tolérance zéro devenant gouvernance zéro, orthodoxie financière zéro, sens de la mesure zéro, en un mot justice zéro pour les brigands financiers qui saccagent les maigres ressources financières du pays.
Si IBK veut prouver le contraire, qu’il laisse alors le couperet de la justice tomber raide sur ceux qui ont osé abuser de la confiance des Maliens pour les dépouiller de leurs biens et ensuite les snober, s’ils ne les traitent pas « d’aigris, de jaloux et de mécontents ».
Comment ne pas interpeller le Président IBK au vu du silence radio assourdissant qui accompagne le tollé engendré par ces scandales financiers ? Surtout après les rapports accablants de la section des Comptes Cour suprême et du Bureau du vérificateur général ? Deux institutions de la République qui ne sont à la solde ni des adversaires politiques ni des partenaires techniques et financiers comme on tentait de le faire savoir avec d’autres dénonciations des mêmes faits.
De toute façon, la balle est dans le camp du Président IBK qui criait urbi et orbi que c’est désormais la tolérance zéro pour les délinquants financiers. Que faire alors avec les brigands financiers de son régime ? Il ne faut pas amener le monde entier à croire que le pouvoir malien actuel est aussi la mère de l’oxymore, après avoir prouvé qu’il peut être le père de la dénégation.
A.D.
Le journal lesphynx mali