Magistrat de son état, Idrissa Touré fait partie des rares juges qui donnent au quotidien leurs points de vue. « On ne tient jamais un bras de fer face à un pouvoir permanent« , réplique-t-il à l’actualité sans citer nommément le chef du gouvernement.
Sur le ton libre, Idrissa Touré, magistrat, revient sur la situation actuelle, notamment le bras de fer entre le gouvernement et les magistrats. Dans plusieurs de ses publications, le juge Touré explique l’importance de l’indépendance de la justice et du juge. Sur sa page Facebook, suite à la déclaration du Premier ministre de consulter le Conseil supérieur de la magistrature, il livre sa lecture de la question.
« Il lui a enfin été fait comprendre que l’organe constitutionnel de gestion des magistrats est le Conseil supérieur de la magistrature. Maintenant, il faut qu’il sache qu’il ne peut pas le saisir, lui, avant qu’il ne commette cette erreur aussi. Il fallait laisser l’administration judiciaire, seule compétente, à prendre la mesure de réquisition. Ce qui vous aurait épargné tout ça. On ne tient jamais un bras de fer face à un pouvoir permanent surtout pas celui du service public de la justice. Sinon on y laisse toujours ses dents et après on n’est plus le même homme », réagit-il.
Le magistrat Touré va plus loin en donnant des exemples types de la notion de l’indépendance de la justice : « L’indépendance de la justice et du juge, c’est dans l’intérêt du peuple malien ; lequel n’a jamais failli. Ceux qui ont failli, ce sont bien les politiques et les juges. Les premiers ont manqué d’honnêteté et les seconds de courage pour les arrêter. On a donc tous trahi le peuple. Mais il n’est jamais trop tard pour se ressaisir et s’assumer pleinement ».
Idrissa Touré met en garde : « Les pressions, intimidations, menaces et autres chantages, ça ne fonctionne pas avec nous. On est sereins comme jamais et Inch Allah dans sa posture actuelle, l’exécutif constatera même dans un an la non effectivité de son truc là. On ne caporalise pas la justice. Pas question !!! ».
Et de lancer une boutade : « A force de se croire fort, de se laisser aller aux chants de sirène, de se faire appeler le stratège etc, on finit par se buter au pouvoir judiciaire, et tout d’un coup, tout ce que l’on se croyait être et avoir de pouvoirs, de compétences et de stratégies, fait pschitt !!! », avertit-il.
Des réactions du genre qui démontrent que le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats des magistrats est loin d’être terminé.
- M. C.