Face à l’effondrement qui profile à l’horizon pour le Mali, le Parti africain pour la renaissance nationale(PARENA) souhaite que le président de la République convoque sans tarder les Concertations nationales. Dans un communiqué rendu public le 17 septembre 2016, Tiébilé Dramé évoque aussi l’urgence de mettre en place un comité préparatoire Présidence-Majorité-Opposition-Société civile-Groupes armés afin de sortir le pays de l’ornière.
Pour les responsables du PARENA, il s’agit de « réunir les États généraux de la défense et de la sécurité nationales pour permettre de recueillir les analyses des hommes de troupe, des sous-officiers et des officiers sur les conditions de la reconstruction et de la remotivation de nos forces ». A en croire le PARENA, cela devrait être l’occasion pour les représentants des forces vives d’indiquer la nature de leur contribution dans le relèvement, la refondation et la combativité des FAMAS.
Autre proposition du parti du bélier blanc: explorer la possibilité de parler avec les djihadistes maliens. Cette idée ne plait pas à tout le monde, mais des réflexions sont en cours, y compris dans le camp présidentiel, sur cette proposition que le PARENA n’a eu cesse de défendre depuis trois ans qu’il observe l’état de la nation.
S’agissant de la gouvernance, Tiébilé et ses camarades souhaitent qu’on arrive enfin à placer « les règles de bonne gouvernance au centre du fonctionnement de l’État: sans bonne gouvernance, il n’y a ni État viable, ni FAMAS capables, ni lutte efficace contre le terrorisme », souligne le communiqué.
Le PARENA fait en effet un diagnostic alarmant des trois ans que IBK vient de passer au pouvoir. «Le Mali est aujourd’hui un pays en danger, menacé à nouveau d’effondrement. Sous nos yeux, faute d’un leadership clairvoyant, le Mali se délite peu à peu. Le ministre de l’Intérieur d’un pays voisin (le Niger) a publiquement déclaré, il ya quelques semaines, que l’affaiblissement de l’État au Mali est devenu une menace pour le reste de la sous région », indique le communiqué du PARENA.
Le parti de Tiébilé tire l’attention sur le fait que la situation est loin de se stabiliser au nord du pays où « une guerre civile intercommunautaire a fait de très nombreux morts dans la région de Kidal (juillet et août 2016), et les tensions intertribales sont loin de s’estomper ». Et le PARENA de préciser que la mauvaise gouvernance est la cause de tous les maux dont souffre le Mali depuis trois ans.
A leur décharge, le président et ses soutiens aiment à dire que le Mali était dans un gouffre au moment où ils accédaient au pouvoir. Mais le PARENA conteste cette lecture, estimant que malgré la gravité de la situation dont ils ont hérité, ils n’ont mis en place aucun mécanisme pour prendre à bras-le corps les problèmes et les gérer.
Tiébilé pense que la faute incombe surtout à la présidence, qui aurait dû être le cœur du combat pour sauver le pays, n’existe pas. « En trois années de mandat, le Président a très rarement présidé une réunion de cabinet sur une question importante », observe les membres du PARENA dans leur communiqué du 17 septembre.
Au sujet de la corruption, le parti d’opposition rappelle qu’en avril dernier, le gouvernement a remis au MOC (Mécanisme opérationnel de coordination ) 42 véhicules destinés aux patrouilles mixtes. «La presse qui a couvert l’événement a rapporté que lesdits véhicules ont coûté à l’État 2 milliards 300 millions de FCFA, soit plus de 50 millions l’unité ».
Le PARENA avait, au mois de mai, publiquement critiqué ce marché et sollicité l’intervention des pouvoirs publics pour sauver l’argent public en vain. Pire, selon les responsables du PARENA, bien d’autres marchés de ce genre existent, surfacturés et couverts par l’impunité.
Soumaila T. Diarra