Quand la polémique devient son salut
Acculé de toutes parts et à court de solutions, le Président de la République, pour attirer l’attention de l’opinion, a toujours mis de l’huile sur le feu afin que les priorités soient reléguées au second plan. Sa sortie médiatique contre Soumaila Cissé ne pourrait avoir d’autres motifs que de divertir l’opinion. Mais il semble tirer à côté quand on sait la profondeur de la crise et sa complexité. La polémique que sa sortie médiatique dans Jeune Afrique a suscitée devrait être un non-événement et Soumaila Cissé a certainement eu tort de répondre, car il aura contribué a enflé des débats stériles. Le Chef de file de l’Opposition n’est-il pas tombé dans son piège ?
Le Mali traverse une crise tellement gravissime que tout autre débat qui ne soit pas relatif à la décrispation est une insulte à l’opinion nationale. Le Président de la République en faisant de la polémique son mode de gouvernance vient encore de prouver aux maliens qu’il est loin d’être l’homme de la situation. Le centre du Mali, abandonné par l’Etat, est entre les mains des milices communautaires qui s’entretuent, le nord est devenu un no man’s land où règnent les djihadistes, les narcotrafiquants, les bandits armés soutenus par la France. Au sud la crise politico sociale annihile tous les efforts de développement. Au lieu de se préoccuper de la souffrance de son peuple et de chercher les voies et moyens pour atténuer les peines qu’il endure, c’est une attaque en règle contre Soumaila Cissé qu’IBK s’adonne. A-t-il mesuré l’ampleur de la crise et ses éventuelles conséquences ? Soumaila Cissé n’a-t-il pas eu tort de répondre pour susciter le débat inutile ? Nous nous sommes engagés dans des commentaires et d’explications pour une durée relative longue et entre temps le Mali continue à nous échapper.
Pour rappel depuis son investiture le 4 septembre 2013, pour son premier mandat, faute d’avoir un programme de gouvernance, IBK s’est installé à demeure dans des invectives, des scandales et des polémiques. Quelques cas illustratifs, le rapport du PARENA, sept mois seulement après son investiture, où Tiébilé Dramé a dénoncé les malversations dans l’achat des équipements militaires et le Boeing présidentiel. Profitant d’une cérémonie, IBK a qualifié Tiébilé Dramé et tous les autres qui le critiquaient à l’époque de « Hassidis » et d’apatrides, autrement dit, ceux qui sont contre lui et qui sont à la solde des ennemis du Mali. Comme si cela ne suffisait pas quelques années plus tard, à son retour d’un sommet tenu en France, il a qualifié Tiébilé Dramé de petit Monsieur. Qui ne se rappelle pas de ses propos tenus à l’encontre de l’imam Mahmoud Dicko et de Chérif Bouyé de Nioro quand il était en froid avec eux, en qualifiant les autres leaders religieux de vrais hommes de foi.
Le Chef de file de l’Opposition a eu tort de répliquer, parce qu’il va lui permettre de souffler un peu en reléguant les vrais problèmes aux calendes grecques. La réponse de Soumaila Cissé, qui bien que mesurée, suscitera un débat au sein de l’opinion.
En somme, la réaction d’IBK à l’encontre de Soumaila Cissé est la preuve qu’il n’a plus de solutions aux multiples problèmes qui assaillent le Mali.
Youssouf Sissoko