Pour une des rares fois, le Président de la République a affirmé publiquement être en phase avec son Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga dans son combat contre les magistrats. Cette harmonie du tandem IBK/SBM va-t-elle continuer face aux multiples problèmes qui assaillent l’Exécutif ? Surtout, quand on sait que, par le passé, il a encensé certains de ses Premiers ministres avant de les chasser comme des malpropres.
Il est fort à parier que si les multiples crises s’aggravaient, le couple risque de se séparer à l’amiable comme ce fut le cas de Modibo Keita, ou impitoyablement, comme dans le cas de Moussa Mara.
Pour rappel, en cinq ans, le Président de la République a nommé cinq Premiers ministres à savoir Oumar Tatam Ly, Moussa Mara, Modibo Keita, Abdoulaye Idrissa Maiga et Soumeylou Boubèye Maiga. C’est ce dernier qui a été reconduit après sa victoire pour un second mandat. Vieux compagnons de lutte depuis 1992, IBK et son Premier ministre se connaissent pour avoir travaillé en étroite collaboration pendant dix ans sous Alpha Oumar Konaré. Le premier était Premier ministre et le second Directeur de la sécurité d’Etat. Ils ont connu des périodes de turbulence dans leurs relations après l’élection d’Amadou Toumani Touré. C’est pendant la crise de 2012 et quand il s’est agi d’élire un président de la République que SBM s’est véritablement rapproché d’IBK au point de signer un accord politique qui sera violé par le second après son élection. Selon des sources proches des deux hommes, IBK avait promis le poste de PM à Soumeylou Boubèye Maiga dès son élection. Mais, ce deal n’a été respecté qu’à six mois de la fin du mandat. Néanmoins, SBM sera nommé ministre de la Défense et des anciens combattants avant d’être remercié après la crise consécutive à la visite du Premier Ministre Mara à Kidal en 2014. Soumeylou aura connu une traversée du désert pendant quelques mois avant d’être recasé à la Présidence comme Secrétaire Général. En homme très patient, il a vu ses efforts couronnés en 2018 par sa nomination au très stratégique poste de Premier ministre et cela à six petits mois de la fin du premier mandat d’IBK. Le coup d’essai sera le véritable coup de maître, car IBK doit sa réélection en grande partie grâce à SBM qui a manipulé à souhait toutes les cartes pour renverser la tendance qui était pourtant très défavorable à IBK.
Aujourd’hui, IBK est réélu, SBM a été reconduit au poste de PM, mais les problèmes restent entiers pour ne pas dire qu’ils se sont exacerbés. Face à cette montée du mercure social, à la crise sécuritaire sans précédent, le couple IBK/ SBM va-t-il continuer à afficher la même sérénité ? La réponse est non car nul ne peut résister à la pression sociale et tout porte à croire que si ça perdure, le premier à payer serait, infailliblement, le chef du gouvernement.
En définitive, malgré le soutien du Président de la République, SBM devra faire l’effort de trouver une solution à l’amiable à la crise au sein de la magistrature, au lieu d’aller s’embourber sur le terrain Juridico-judiciaire au risque d’y laisser sa peau. Pour sa longévité à la primature, il doit faire face aux urgences du moment que sont la grève des magistrats, l’école, la sécurité, la santé, l’emploi des jeunes, la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. « Na Lara A Sara ».
Youssouf Sissoko