Après la crise qui a secoué le pays en 2012, l’Union européenne ainsi que plusieurs bailleurs de fonds tels que la France ou les États-Unis ont conditionné le redémarrage des financements à la stabilisation politique du pays ainsi qu’à la tenue rapide d’élections libres. Le 28 juillet l’élection présidentielle s’est déroulée sous le regard vigilant de la communauté internationale. Pour le Mali, l’investiture du président d’Ibrahim Boubacar Keïta le 4 septembre doit mettre un point final au régime de transition en place à Bamako depuis le coup d’État du 22 mars 2012.
Si les élections au Mali s’étaient mal déroulées ou avaient été reportées sine die, un grand nombre de bailleurs de fonds n’auraient pas hésité à suspendre de nouveau leurs financements. Les actions à venir du nouveau président et de son futur gouvernement resteront minutieusement observées par la communauté internationale, qui a prévu une enveloppe conséquente mais conditionnée d’aide à la stabilisation et au développement du pays. Remobilisation des bailleurs de fonds Lors de la conférence « Ensemble pour le renouveau du Mali » le 15 mai 2013, près de 3,3 milliards d’euros pour la période 2013-2014 ont été promis au pays par une cinquantaine de bailleurs de fonds réunis à Bruxelles.
La France, premier bailleur de fonds unilatéral du Mali, a inscrit en juillet le pays sur la liste des 17 pays prioritaires de l’aide française au développement.
De son côté, l’AFD s’est engagée à mettre en œuvre un portefeuille de projets pour un montant d’environ 210 millions d’euros qui sera consacré en priorité à la relance économique globale du pays ainsi qu’aux secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle, de l’eau et de l’assainissement et enfin de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, identifiés comme prioritaires. » Pour le moment, il n’y a pas eu de déblocage significatif des financements depuis la grande conférence des donateurs à Bruxelles », relève Laurent Chabert d’Hieres, directeur de l’ONG Eau Vive, présente dans le pays. « Les bailleurs de fonds traditionnels tels que l’Union européenne ou la Banque Mondiale ont attendu la tenue des élections présidentielles, craignant une abstention record ou la reprise des troubles à l’annonce des résultats, notamment à Bamako et dans le nord du pays. Avec un président bien élu et bientôt investi, les donateurs n’ont plus de raisons de retarder le déblocage des fonds » poursuit-il. Un processus de transparence pilote Mais la fragilité de l’État malien a poussé les bailleurs de fonds à accroître la surveillance et la transparence sur l’utilisation des aides attribuées au pays.
Le gouvernement français a annoncé la mise en place d’un site internet faisant le récapitulatif projet par projet de l’utilisation des fonds débloqués. « Cela permettra de bien évaluer leur efficacité. En général, chacun pourra ainsi grâce à ces informations et à des indicateurs, vérifier si on a amélioré la situation » avait souligné le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault. À terme, le projet de transparence devrait s’élargir aux autres donateurs, afin de donner une vue d’ensemble de l’utilisation des 3,3 milliards de financements.
Reste que le Mali doit encore prouver à ses donateurs qu’il est à même d’utiliser ces financements en limitant corruption et mauvaise gestion de l’aide. Selon le portail Business Anti-Corruption, un projet financé par l’UE, la corruption et les pots-de-vin sont des pratiques répandues. « Nous nous attendons à une arrivée des financements à partir du début de l’année 2014, mais ce délai n’est pas une contrainte. Le Mali doit encore se soigner avant de se reconstruire, et un décaissement trop important de financements sur une période réduite pourrait provoquer un engorgement, et augmenter le risque de corruption » confirme de son côté Laurent Chabert d’Hieres.
Reprise économique pour 2013
La pérennisation des financements attribués sur période 2013-2014 devrait permettre au Mali d’entrevoir une reprise économique rapide. En 2012, le PIB du pays a connu une baisse limitée d’1,5 %, qui s’explique en partie par la bonne tenue de secteur clés de l’économie du pays comme l’agriculture. Pour l’année 2013, les perspectives de croissance s’annoncent positives. Selon Jean-François Almanza, économiste à l’Agence Française de Développement (AFD) la croissance pourrait atteindre 4,8 % en 2013. Une reprise qui s’expliquerait en partie par un effet de rattrapage du choc négatif de 2012 et par la relance des investissements de l’État soutenus notamment par les financements des bailleurs de fonds, s’ils se concrétisent à hauteur des engagements.
Source l’Union européenne
L’Indicateur Du renouveau 2013-09-03 17:00:46