De la neuvième session du Conseil supérieur de l’Agriculture à la cérémonie de remise du rapport du Médiateur de la République, le Président de la République semble désormais adopter une nouvelle posture plus exigeante et qui rompt avec sa passivité d’antan et son inertie face à la mal-gouvernance avec ses corollaires de corruption, de népotisme et de délinquance financière. Ses deux interventions qui semblent sonné le glas de l’impunité au Mali ne sont-elles pas comme ses précédents discours ? Va-t-il sévir contre les délinquants financiers? IBK va-t-il enfin redorer son blason pour les quatre ans qui lui restent au pouvoir ?
Le Président de la République n’a pas cédé aux sons des sirènes et aux flagorneries du Président de l’APCAM, Bakary Togola, au cours de la neuvième session du Conseil supérieur de l’Agriculture. Il n’a pas non plus été épaté par les chiffres avancés par les différents intervenants au cours de la session. Après avoir salué les différents efforts des chercheurs et son quitus pour la campagne agricole 2019- 2020, il a tapé du poing sur la table pour affirmer que les différents systèmes seront audités et nul ne sera épargné. Dans un ton connu de lui, il dit ne pas comprendre pourquoi les équipements sont en souffrance depuis des années. Pour lui, le fait que l’Etat consacre plus de 15 % de son budget et que les paysans soient en manque d’intrants et d’équipements adéquats, n’est tout simplement pas normal. Ce message s’adresse, sans les citer nommément, aux responsables impliqués dans la gestion des intrants et matériels agricoles. L’audit promis par le chef de l’Etat est attendu par les paysans qui ne semblent pas du tout contents de la gestion de leurs responsables. Et le Président de la République en le promettant au cours d’une cérémonie très solennelle a désormais le devoir moral de le respecter.
S’agissant de son discours lors de la remise du rapport d’activités du Médiateur de la République, il est tout aussi porteur d’espoirs, s’il lie l’acte à la parole. Dans ce discours, IBK a fait son mea-culpa en reconnaissant la mal-gouvernance que connait le pays. Il reconnait les failles de notre administration et apprécie à sa juste proportion les manquements aux principes qui régissent la bonne gouvernance : « vos analyses en même temps qu’elles révèlent les principales failles de notre administration et sa gestion au quotidien, sonnent la juste alerte afin d’en corriger les dérives et les limites ». Comme une sorte de repentance morale et un souci avéré de corriger tous les dysfonctionnements constatés, le Président IBK a acquiescé tous les reproches faits à son administration par le Médiateur : « Oui Monsieur le Médiateur, la prestation des services publics est en deçà des attentes et est à la limite défectueuse, sinon absente». Il convient avec le Médiateur que des pratiques corruptives perdurent et minent la conscience citoyenne et que des comportements sapent la confiance dans les relations entre l’administration et les usagers des services publics.
Si les deux interventions, à savoir le discours tenu lors de la neuvième session du Conseil Supérieur de l’Agriculture et celui de la cérémonie de remise du rapport d’activités du Médiateur, sonnent comme du déjà-vu et entendu par ses détracteurs, IBK semble avoir une occasion idoine de se racheter face à l’histoire, puisqu’il est à son dernier mandat constitutionnel à la tête de la République du Mali.
Youssouf Sissoko
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