Le 1er vice-président de l’Adéma/PASJ et du FDR, Iba Ndiaye était hier en entretien avec des journalistes au siège de son parti à Bamako-Coura. Il s’agissait, pour lui, de livrer à l’opinion nationale et internationale les raisons qui ont amené son parti et le FRD à réclamer aujourd’hui la démission pure et simple du Premier ministre, Dr. Cheick Modibo Diarra.
« Nous ne voyons pas de gouvernement d’union nationale sans la démission du Premier ministre. C’est après sa démission qu’on pourra parler de consultations en vue du nouveaux gouvernement », a d’entrée de jeu tranché Iba. Il a ajouté que pour l’heure, ni son parti encore moins le FDR n’a été consulté pour la mise en place de ce gouvernement d’union nationale.
Le 1er vice-président de l’Adéma/PASJ n’est pas d’ailleurs dans le fétichisme au sujet de l’ultimatum de la Cédéao qui expire le 31 juillet prochain : « Le Mali n’est pas obligé de respecter les ultimatums de la Cédéao parce que nous avons notre souveraineté ».
Cependant, à l’en croire, « Cheick Modibo Diarra est un illustre homme de science et j’étais l’un de ses admirateurs quand il arrivait à la Primature. A l’époque il avait beaucoup mis en avant son patriotisme, sa malianité et nous l’avions accepté, lui et son gouvernement. On pensait qu’à l’œuvre, ce gouvernement allait donner satisfaction. Mais le chef d’orchestre, par son action et ses propos, est en train de prouver des insuffisances. Il a négligé les politiques, les agresser et s’il devait organiser des élections dans un tel contexte, c’est pour installer sa nouvelle génération comme il l’a dit. Nous nous assumons le bilan des 20 ans de la démocratie et cette démocratie que nous avions permettait à tout le monde de s’exprimer ».
Selon l’ex-ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, les 3 mois de gestion de Cheick Modibo Diarra ont été émaillés de violences et d’agressions et la presse peut éloquemment en témoigner.
« Quand on sait tout ce qui s’est passé avec l’affaire du contre-coup d’Etat, la disparition de toute une unité de l’armée sans une décision de justice ; quand le président de la République est agressé dans ses bureaux avec les images partout, je dis que dans tous les pays du monde, les responsables de la sécurité devraient démissionner », a réaffirmé Iba Ndiaye pour redire l’obligation de débarquer CMD.
Pas de formule mathématique pour le futur gouvernement
« Cheick Modibo Diarra doit s’effacer dans la dignité. Il ne faut que sa fin de règne soit comme pour Modibo Kéita, Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré. A part Alpha, tous nos dirigeants ont connu des fins de règne dramatiques et c’est un sujet de réflexion pour nous tous. On ne veut pas que ça soit le cas avec Cheick. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas un autre Malien plus valable. Un Premier ministre de consensus en dehors de Modibo, il y en a, il suffit de le chercher. La Constitution ne parle pas de Premier ministre de pleins pouvoirs. Il est issu d’un accord-cadre entre le CNRDRE et la Cédéao. Et lorsqu’on ne veut plus de lui, la Cédéao ne peut pas continuer à nous l’imposer. L’accord-cadre ne peut pas avoir une valeur de traité pour être supérieur à notre Constitution. Seul le président de l’Assemblée nationale est cité dans la Constitution, pas Dioncounda en personne. Ce n’est pas une question de personne de Cheick, mais de bilan. Son bilan fait que nous ne sommes pas en sécurité et des gens ont menacé de venir brûler le siège de l’Adéma aujourd’hui (Ndlr hier), c’est pourquoi on nous a envoyés des forces de l’ordre ce matin. Il nous faut un pouvoir fort et même ceux qui doutaient au départ en conviennent. On aurait voulu que Cheick Modibo réussisse, mais il nous a déçus ».
On croyait la tirade finie, que non ! « Il a commis des fautes graves qui font qu’il ne peut plus bénéficier de notre confiance. Ce PM ne pourra pas se plaindre de son chef (Ndlr Dioncounda) qui lui a donné toutes les chances de réussir de sorte qu’on a cru à une sorte de complicité entre les deux hommes. Aucune personne n’a été emprisonnée dans l’affaire de l’agression du chef de l’Etat et pourtant nous avons des camarades comme Dramane Dembélé et Mme Soumaré qui sont toujours en prison. L’Adéma ne peut pas concevoir ça ».
Mais qui pour remplacer Cheick Modibo Diarra ? Iba Ndiaye a tranché : « Le FDR et l’Adéma n’ont pas de candidat pour la Primature et nous souhaitons qu’il vienne d’ailleurs, mais qu’il ne soit pas radical dans le combat que nous menons actuellement ». A ceux qui pensent que c’est pour un partage de gâteau, Iba fait du temps son allié. Avec quels moyens le FDR entend réaliser ses objectifs ? « Nous n’avons pas de fusils. Nos armes sont politiques. C’est la communication, la sensibilisation, etc. »
Que faire si le PM actuel doit rester ? Ibrahima N’diaye a été formel : « Si nos objectifs ne sont pas pris en compte, on n’ira pas dans un tel gouvernement ». Par rapport à l’intervention de la Cédéao, il a estimé que « cette mission d’évaluation de l’organisation sous-régionale devrait se faire depuis longtemps et que son acceptation aujourd’hui équivaut à une demande de fait des forces de la Cédéao au Mali. Alors pourquoi avoir fait trainer tant les choses ? »
S’agissant d’une conférence nationale tant réclamée, le vice-président du FDR a indiqué qu’on ne peut pas parler d’une telle instance sans des termes de référence et encore dans un pays où les institutions fonctionnent. « Faisons confiance à nos institutions. Quand on organisait la Conférence nationale de 1992, il n’y avait pas d’Etat », dira-t-il. « La mise en place du gouvernement d’union nationale ne doit pas obéir à une formule mathématique. Toutes les forces doivent être incluses ».
Abdoulaye Diakité
L’Indicateur du Renouvea
27 Juillet 2012