Pour le président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), ancien ministre, Housseini Amion Guindo, le report des législatives est un tâtonnement de la part du gouvernement et une tentative de conduire le pays dans une impasse institutionnelle. «Il y a une volonté manifeste d’escroquer les populations. Si le gouvernement reporte les législatives, il doit quand même prendre la responsabilité de rembourser les cautions des candidats», assène-t-il.
Le report des élections législatives initialement prévues en novembre et décembre est une violation de la Constitution, selon certains acteurs politiques. Pour le président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), ancien ministre, Housseini Amion Guindo, le gouvernement n’a pas un argument valable pour reporter le scrutin. «Nous attendons qu’il nous dise clairement ce qui se passe. Les accords dont il est question n’ont pas été signés aujourd’hui. Ils ont été signés en 2015 et leur application suit son cours et de même que des réformes administratives. Pour moi, les réformes administratives n’ont pas commencé aujourd’hui et elles continueront. En aucun cas, ces réformes ne doivent prendre en otage notre constitution. Alors que le gouvernement avait prévu les délais, convoqué le collège électoral, sachant très bien qu’il y avait effectivement ces réformes en cours, sachant très bien qu’il y avait un accord à appliquer. Je pense que c’est soit de l’improvisation, soit du tâtonnement ou de l’escroquerie organisée», précise Housseini Amion Guindo.
Et d’enchaîner : «Le gouvernement avait convoqué le collège électoral à un certain moment pour les élections des conseils municipaux, qui a été reporté. Jamais des cautions de nos candidats n’ont été remboursées. Le trésor a gardé ces sous. Ensuite, il y a eu la convocation du collège électoral, pour les élections des cercles et les élections régionales. Alors, qu’est-ce que nous avons constaté, nos candidats ont déposé leurs sous sur toute l’étendue du territoire. Les cautions sont gardées au trésor ; ensuite les élections sont reportées. Et cette fois-ci, c’est la même chose. 6 mille candidats ont déposé leur candidature. Et chacun a payé, bien entendu, 50 mille FCFA. Par la suite, le gouvernement annonce que ce n’est pas possible d’organiser. Je pense qu’il y a du tâtonnement, soit il y a quand même une volonté manifeste d’escroquer les populations.»
Selon Housseini Amion Guindo, c’est ne pas au gouvernement de proroger les mandats des députés parce que le rôle du député même c’est de contrôler le gouvernement. «La Cour constitutionnelle n’est pas la constitution. Elle est gardienne de la constitution. Est-ce que c’est à la Cour constitutionnelle de se substituer au peuple pour proroger les mandats des députés ?» s’interroge-t-il.
«Je pense que ça peut se faire dans le cadre d’un consensus politique», propose-t-il. «Pas forcément pour proroger des mandats, mais trouver en tout cas un mécanisme face à l’incapacité du gouvernement de le faire, trouver un mécanisme consensuel pour conduire notre pays. Nous sommes contre cette coalition de l’exécutif, du législatif, de la Cour constitutionnelle, contre la constitution. Nous nous opposerons à la volonté du gouvernement…» promet-il.
«Le gouvernement n’aura pas notre soutien sur la question. Nous avons décidé librement, de ne pas accepter la prorogation du mandat des députés conformément à ce qui est établi dans la constitution. Un député est élu pour cinq ans, selon la constitution. Pas pour cinq ans et 6 mois. Encore moins pour 6 ans. Donc nous souhaitons que le gouvernement reste dans le délai constitutionnel. Le report peut se faire si le gouvernement aujourd’hui est dans l’incapacité d’organiser les élections. Maintenant ce qui restera à faire, je pense que ce n’est pas au gouvernement de prolonger les mandats des députés, encore moins aux députés eux-mêmes de s’autosaisir pour proroger leur propre mandat. Je pense que si on laisse aller des précédents de ce genre, ça peut découler en réalité sur la dictature et même peut-être le maintien des députés à vie», martèle-t-il.
Zan Diarra