Le Reporter : Quelle analyse faites-vous de la situation actuelle du Mali ?
Gassama : Merci de m’avoir posé cette question. Sachez d’abord que je parle en mon nom en tant que député de l’opposition. Je pense que le pays est en danger, le gouvernement est malsain et tout le monde est unanime que l’équipe actuelle ne pourra pas trouver des solutions idoines à la crise malienne. Même ceux qui ont voté pour IBK maintiennent leur souhait d’un nouveau remaniement.
Selon vous, pourquoi l’équipe gouvernementale actuelle reste toujours aux affaires alors que les Maliens désirent un changement ?
Merci monsieur le journaliste, je pense que les raisons sont simples. IBK a reçu des menaces de la part de certains ministres…
Quel genre de menace ?
Certains ministres auraient menacé IBK de révéler des dossiers qui seraient compromettants pour lui, si jamais il essaye de les sortir du gouvernement. Je suis croyant et je crois au maraboutage, je pense qu’IBK a été marabouté. Il y a des marabouts venus de l’extérieur, logés et nourris dans certaines villas ici à Bamako depuis deux à trois mois, pour bloquer le remaniement ministériel. Ce n’est pour rien qu’à chaque fois, la démission du gouvernement échoue. Tout le monde, la majorité comme l’opposition, est convaincu que le gouvernement actuel ne fait pas l’affaire des Maliens. Et tout le monde a conseillé IBK de changer cette équipe pour avoir la paix. Les observateurs disaient que le président IBK choisirait un Premier ministre issu des rangs du Rpm, mais tout dernièrement, on a appris qu’il a changé d’avis après avoir rencontré l’ancien président Alpha.
Quel conseil donnez-vous à vos collègues députés de la majorité ?
Ils n’ont qu’à jouer leur rôle et préparer une motion de censure pour dégager ce gouvernement, car il est à la base de tous les problèmes actuels du Mali. En commençant par la visite mal organisée du Premier ministre à Kidal, qui nous a fait perdre notre place à Kidal. Des préfets ont été égorgés, des policiers et militaires sont morts, notre drapeau humilié. Les surfacturations au sein du gouvernement qui ont mis les instances financières internationales contre nous. Et pour cette mal gouvernance, personne ne voudrait payer le prix pour «l’honneur du Mali». La libération des terroristes «pour l’honneur de la France» et «pour le malheur de la famille Sofara». Vous savez, on n’a jamais applaudi une seule bonne action de ce gouvernement depuis sa nomination. Il faut que le président IBK s’assume même s’il y a des dossiers contre lui. Si IBK ne peut pas résoudre le problème, que les militants Rpm, à la base, prennent leurs responsabilités. Au moins qu’on sorte de la crise de Kidal.
Avez-vous une idée sur les négociations en cours à Kidal ?
Je commence par présenter mes condoléances à la famille Intalla, que son âme repose en paix. Et j’espère que le gouvernement organisera une cérémonie officielle à Kidal pour la mémoire de Intalla. C’est un homme qui a son nom désormais dans l’Histoire du Mali, comme feue Fantani Touré, feu Ali Farka Touré, feu Bazoumana. Donc, je pense qu’il mérite une cérémonie de l’Etat en sa mémoire, car Kidal fait partie du Mali et Intalla est un Doyen malien. Comme le Premier ministre Moussa Joseph Mara avait dit que Kidal fait partie du Mali, je le confirme, mais je l’invite à conduire la délégation ministérielle à Kidal. Maintenant pour les négociations, je souhaite de tout mon cœur qu’il y ait un accord de paix le mois prochain, car les Maliens ont besoin de paix. Tout le monde est harassé.
Quelle est la solution selon vous ?
La solution, c’est IBK. Il est le seul à pouvoir nous sortir de cette crise. Il faut qu’il tienne ses promesses, c’est lui qui avait dit qu’il venait «pour le bonheur des Maliens et pour l’honneur du Mali». Qu’il le confirme à travers ses actes. Comme il dit qu’il ne va pas s’adresser au peuple, si le peuple se soulève, il parlera.
Qu’avez-vous à dire en guise de conclusion ?
Je m’adresse au président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Qu’il se lève avant qu’il ne soit trop tard. Qu’il prenne ses responsabilités et qu’il change sa manière de gouverner. Je profite aussi de l’occasion pour souhaiter bonnes et heureuses fêtes de fin d’année 2014 à tous les Maliens. Que 2015 soit une année de paix et de réconciliation au Mali.
Ibrahima Yoro MAÏGA
Source: Le Reporter 2014-12-23 18:20:26