Il y a des existences très longues qui, au bout du compte, n’en valent pas la peine d’être vécues. La vie du général Moussa Traoré, ancien chef de l’État, est une de celles-ci. Des esprits tirés vers le vil, nous diront, il a été président et en réponse, disons et après ? Quel que soit l’honneur que nous aurons sur cette terre, nous retournerons à la terre. Modibo Keita est resté pour la postériorité un homme qui a foncièrement aimé son peuple. N’est-ce pas l’essentiel ? Modibo Keita éternel ?
Certes le président Modibo Keita et plusieurs de ses compagnons ont été arrêtés et assassinés par Moussa Traoré et sa bande. Sans procès. On peut tuer des hommes mais nul ne peut assassiner des œuvres. Oui, Modibo Keita n’était pas un saint, le cas des Fily Dabo et compagnie ont à jamais marqué à l’encre indélébile son œuvre. Cependant, le président Modibo a profondément aimé le Mali. Le système de distribution de la SOMIEX en lui seul marque toute la grandeur de l’homme. Sous Modibo, le lait ou le sucre coûtait sur toute l’étendue du territoire national le même prix. La déification du président Modibo aujourd’hui est juste la récompense de son honnêteté. Tout se paie cash.
Moussa Traoré vit dans la honte
Dieu faisant bien les choses, Moussa Traoré a pu assister aux hommages rendus au président Modibo Keita par le président Robert Mugabé. Ce jour-là, si Moussa aurait dû mourir dans la salle. Hélas. Mugabé n’est pas Malien et nul lui ne fera le procès du parti pris. Moussa Traoré a de son vivant vu le fils de feu Ibrahim Ly devenir digne Premier ministre. Allahou Akbar (Dieu est Grand). Ah oui, l’enfant d’Ibrahima Ly a dit non aux vols et autres compromissions.
Enfin
Moussa Traoré répétait à suffisance deux choses :
1- Les vaincus ont un prix à payer. C’est vrai, Moussa Traoré a massacré sinon détruit toutes les personnes qu’il a vaincues. Mais, lui, a été vaincu par la démocratie. Il n’a été ni assassiné ni torturé. Après son emprisonnement, il bénéficie des largesses de la République. Merci à nos hommes de Mars 1991 pour n’avoir pas fait de Moussa Traoré un martyr. Il n’en vaut pas la peine.
2- Moussa Traoré a dit : «Rien ne fait mal aux maliens». Sur ce plan, il a entièrement raison. Si quelque chose faisait mal aux Maliens, IBK, élu dans les conditions que l’on sait, dans les espoirs que l’on sait, n’allait pas devenir le président de la surfacturation. Si quelque chose faisait mal aux Maliens, ce ne sont pas des individus comme Kassoum Tapo, Cheick Mouctary Diarra, le sous-ambassadeur Oumar Keita, Ag Hamani, qui allaient avoir droit de cité. Si quelque chose faisait mal aux Maliens, IBK aurait déclaré publiquement ses biens depuis.
IBK, il est temps d’arrêter de vouloir vous comparer au président Modibo Daba Keita. Le président Modibo n’a jamais construit au détour d’un héritage sa concession parentale. La famille de notre père Modibo est restée telle, car pour lui, c’est le Mali entier qui est sa concession paternelle et qu’il a tentée de construire.
Modibo Keita n’a jamais été attiré par le luxe et le vil. L’enfant de l’intègre facteur Daba Keita n’aurait jamais été l’ami du parrain Tomi Michel. Il y a Keita, mais, il y a aussi Keita. Le diable se trouve dans les nuances. Il ne suffit pas juste d’avoir été président, mais d’être digne de la mission.
IBK, le maître de l’équivoque, essaie de plaire à Moussa Traoré tout en voulant défendre la mémoire du président Modibo Keita. Ce n’est plus de la politesse… Beaucoup de gens deviennent présidents. Comment l’histoire finit par retenir positivement ? «Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères.» Charles Baudelaire.
Boubacar SOW
boubacarsow@hotmail.fr