De Moscou à Houston, les hommages se multipliaient samedi après la mort de George Herbert Walker Bush, 41e président des Etats-Unis (1989-1993), décédé à 94 ans au Texas la veille.
Des funérailles nationales sont en préparation pour l’ancien président, une figure du parti républicain dont la mémoire a été saluée par l’ensemble de la classe politique américaine et par une myriade de dirigeants internationaux des XXe et XXIe siècle, de Mikhaïl Gorbatchev aux actuels dirigeants européens.
M. Trump a décrété une journée de deuil national mercredi. Les drapeaux ont été placés en berne sur tous les bâtiments officiels pour trente jours.
« C’était vraiment un homme de grande qualité », a-t-il depuis Buenos Aires. « Il a pleinement vécu sa vie, une vie exemplaire, c’est sûr ». Le dirigeant a annulé une conférence de presse prévue à la conclusion du G20, « par respect pour le président Bush ».
Le programme des prochains jours de cérémonies n’avait pas encore été dévoilé samedi. Les funérailles d’Etat seront organisées à Houston, à Washington au Capitole et à la Cathédrale nationale, et à College Station (Texas), où se trouve la bibliothèque présidentielle Bush et où il pourrait être inhumé.
– Battu par Clinton –
Aux Etats-Unis, républicains et démocrates ont salué la mémoire de M. Bush en soulignant qu’il incarnait une tradition politique moins virulente et partisane qu’à l’heure actuelle. Beaucoup rappelaient qu’il fut aviateur à 18 ans, pendant la Seconde guerre mondiale, et avait servi son pays pendant des décennies, comme élu, chef de la CIA ou ambassadeur à l’ONU.
Le sénateur républicain Bob Corker a noté que l’ancien président « tendait la main à ses adversaires politiques ».
« Morale et intégrité » composaient son caractère, a dit Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, où George H. W. Bush a commencé sa carrière politique.
Barack Obama a rappelé sa défense des immigrés et des handicapés, et a affirmé que sa « main stable et diplomatique » avait permis de terminer la Guerre froide « sans tirer un coup de feu ».
Ses quatre années au pouvoir sont marquées par la première guerre du Golfe. A la tête d’une coalition de 32 pays, il chasse les troupes irakiennes de Saddam Hussein hors du Koweït lors d’une guerre de quelques semaines en 1990. Il renonce alors à poursuivre le conflit jusqu’à Bagdad pour renverser le dirigeant irakien.
Mais les Irakiens se souviennent encore de lui comme de « monsieur Embargo », en raison du lourd embargo économique imposé jusqu’à la seconde guerre du Golfe, lancé par George W. Bush, le fils.
En politique intérieure, il est damné par la rupture d’une promesse de campagne. Il avait pris l’engagement solennel de ne jamais augmenter les impôts… ce qu’il n’a pas pu respecter, devant concilier avec un Congrès aux mains des démocrates.
– Gorbatchev –
Douze ans plus tard, c’est son fils George W. Bush qui entrait à la Maison Blanche, la seconde fois de l’histoire américaine où un fils de président était élu président.
Un autre fils, Jeb, fut gouverneur de Floride et candidat malheureux à la primaire républicaine de 2016, battu par Donald Trump.
« Bush 41 » dirigeait les Etats-Unis quand le mur de Berlin est tombé en 1989 et quand l’Union soviétique s’est effondrée en 1991.
« Cela a débouché sur la fin de la Guerre froide et de la course aux armements », a déclaré le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev.
« Ce fut un coup de chance dans l’histoire allemande qu’il se tint à la tête des Etats-Unis d’Amérique lorsque la Guerre froide s’enlisa et que la réunification de l’Allemagne devint possible », a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.
Le dalaï lama a rappelé qu’il avait été le premier président en exercice des Etats-Unis à l’avoir rencontré, malgré l’opposition de la Chine.
Seule tache à sa biographie, il avait été accusé en 2017 de gestes déplacés envers des femmes. Il avait présenté ses excuses via un porte-parole, prétextant un geste innocent mal interprété.
(©AFP / (01 décembre 2018 19h52)