HOMMAGE A DIALLA 13 Septembre 2012 – 13 Septembre 2015 voici exactement trois (03) ans que le Professeur Dialla KONATE nous a quitté

Pr Dialla konaté

Et pourtant, ceux qui lui ont demandé nuitamment à Ouagadougou, de constituer la liste du gouvernent de transition et qu’il pouvait se considérer d’office comme Premier Ministre, l’homme qui fut pendant longtemps conseillé des chefs d’Etats francophones leur a donné la même réponse qu’il avait donné en 1991 à Blaise COMPAORE et à Houphouët BOIGNY lorsque ces derniers voulaient l’imposer au Mali comme Président de la transition suite au Coup d’Etat de Amadou Toumani TOURE. Telle fut sa réponse : « On ne choisit pas celui qui doit diriger le Mali à l’extérieur du Mali et à l’insu des Maliens.»
Loin de moi toute idée d’exprimer un désintérêt de Dialla pour l’exercice du pouvoir, cela serait une grande contre vérité, car il voulait réellement le pouvoir et l’exercer mais si et seulement si le peuple Malien l’en accordait le mandat. Pour lui, accéder au pouvoir par des manœuvres et des coups bas ne saurait être digne d’un homme d’Etat qui a du respect pour ses gouvernés.

C’est aussi l’homme, qui par amour pour son pays, est allé personnellement voir, en 1991, son ami James Wolfensohn termes pour négocier auprès de la banque Mondial la libération de capitaux en faveur du Mali : « Mon cher ami, Il y a eu coup d’Etat chez moi. Les caisses de l’Etat sont vides. Si tu ne fais rien, mon pays est au bord de l’explosion. » C’est grâce à Dialla que cette institution à injecter une masse monnaie importante dans notre économie en ces moments difficiles.

C’est ce même homme, qui, à la suite du « Coup d’Etat » de 2012, bien qu’il avait averti et prédit cet évènement de loin en expliquant ses signes avant-coureurs, a pris son bâton de pèlerin pour rencontrer la quasi-totalité des acteurs politiques et de la société civile avec le leitmotiv suivant : « Je crois en la rédemption chez l’homme. On peut commettre des erreurs et des fautes, en prendre conscience, se repentir et avancer. Ce n’est pas avec des habitants de la planète Mars que nous allons construire le Mali mais plutôt avec des Maliens quel que soit ce qu’ils ont fait. »

C’est dans cette dynamique qu’il a rencontré et échanger, souvent très longuement, avec IBk, le Professeur Dioncounda TRAORE , Zoumana SACKO, Me Mountaga TALL , Me TAPO , Chaka DIAKITE, Moussa MARA, Mahmoud DICKO , Oumar MARIKO , les principaux dirigeants du FDR, du MP 22 dont il était membre, de la COPAM etc avec un seul discours : « Sachons tirer les leçons de notre histoire, travaillons pour transformer cette crise politico-institutionnelle en opportunité. Donnons- nous la main pour jeter les nouvelles bases de l’histoire sociopolitique et économique de notre pays »

Dialla, fut aussi sans doute, l’incarnation d’une grande frange des Maliens de l’extérieur, pour avoir prouvé que nos frères et sœurs de la diaspora sont plus soucieux, le plus souvent, de l’avenir du Mali que certains locaux et que les premiers sont capables d’aller jusqu’à l’ultime sacrifice pour leur patrie. Son combat fut certes très difficile pour cette étiquète qu’il portait d’ailleurs .D’une part, il fut qualifié officieusement de celui qui ne voulait que se servir des locaux comme échelle afin d’atteindre ses objectifs politiques et d’autre part, d’individu non seulement déconnecté des réalités du terrain mais qui n’est aussi que porteur de valeurs occidentales de gestion des affaires publiques en général et de l’impérialisme américain en particulier, quelle ignominie ?

Qu’il me soit permis, en cette date du troisième anniversaire de son décès, d’évoquer l’homme d’Etat, le Patriote mais surtout le Rassembleur que fut cet Dialla. Homme de culture et de science avec certes, ses défauts et les erreurs qu’il a commises.

Cette évocation est plus que jamais pertinente si nous analysons de près le contexte actuel dans lequel est notre pays.

Aujourd’hui, plus que jamais, les animateurs de la vie politique du Mali, doivent être conscients qu’ils ont failli, dans leur écrasante majorité, à leur responsabilité historique d’hommes d’Etat. C’est cet échec qui justifie l’absence de vision stratégique élaborée, implémentée par des actes intelligents et concrets pour résoudre les vrais problèmes des Maliens dont les plus graves constituent l’enlisement de la crise du nord, l’état nauséabond de notre système éducatif, la médiocrité de notre système économique conduisant à la paupérisation des populations et au manque d’espoir pour la jeunesse qui préfère immigrer à ses risques et péril que de rester sur place sans aucune issue envisageable sur le moyen et le long terme .

Aujourd’hui plus que jamais, les Maliens ont besoin de se resserrer les coudes, de soutenir les autorités dans le bon sens et de brandir l’intérêt collectif au détriment des calculs politiciens, strictement personnels et claniques. C’est cela être homme d’Etat, Patriote et Rassembleur.

Certes, nous pleurerons Dialla dont la disparition est une perte énorme pour notre pays, l’Afrique et le monde. Cependant, la meilleure façon d’honorer sa mémoire est de travailler pour le vrai changement dans notre pays, pour lequel il s’est battu et sacrifié sa vie et que les Maliens attendent encore malheureusement très impatiemment.
Bien à vous.

Bamako le 13 Septembre 2015.
Fabou KANTE
Membre du CPV de la CPM
Membre de la Coordination Stratégique
de veille citoyenne du réseau JOKO NI MAYA
Vice-Président de l’Initiative pour le Changement
au Mali et en Afrique (ICMA)
fabou_kante@yahoo.fr

Source: https://www.facebook.com/fabou.kante/posts/871527619610550 13/09/2015