« Un destin hors du commun ». C’est la description que l’on pourrait retenir de la vie du patriarche de la communauté malienne de France, Diadié Soumaré. Soumaré est né vers 1945 dans une famille de marabouts à Souéna Soumaré, un village situé dans la région de Kayes au nord-ouest de Bamako. A 18 ans, exactement le 24 décembre 1962, il débarque à Marseille France en provenance de Dakar par bateau (Paquebot Lyautey), puis par train à Saint Dénis. « Je ne savais ni lire, ni compter, encore moins écrire en français. Je connaissais juste l’arabe que j’ai appris à l’école coranique », relevait-il dans une interview. Dès 1963, ouvrier dans une fonderie, il a été approché par le curé Robert maréchal pour suivre des cours du soir de français. En 1965, il obtient le certificat d’étude et commence une formation de comptable dont une décrocha un Certificat d’aptitude professionnel, en 1969. Avec ce parchemin, il obtient un poste d’aide-comptable dans une entreprise de distribution de pièces pour automobiles. Mais il ne s’arrêta pas là. En 1971, il obtient le brevet de technicien en comptabilité, avec lequel il intègre, en 1972, le groupe de transport international Danzas comme comptable. Sa furie d’apprentissage se poursuit jusqu’à ce qu’il intègre le prestigieux cercle des experts-comptables au CNAM à Paris, ayant obtenu le diplômé y afférant en 1981.
Diadié Soumaré s’est très vite engagé dans les mouvements associatifs, en France, œuvrant notamment pour la promotion de la communauté malienne dans l’Hexagone. Ses actions ont ciblé l’aide à l’insertion et le développement d’une économie sociale et solidaire. Inlassable militant de la cause des migrants, il s’est engagé sans relâche pour la cause des sans-papiers et des SDF. Il devient président de l’APS, en 1982. Homme pieux, il fait pèlerinage à la Mecque, en 1994. Son engagement amène ses compatriotes de France à l’élire président du conseil de base du Haut conseil des maliens de l’extérieur dans ce pays en 1997. Il en sera réélu en 2003. Il a été président du GRDR et Syndicaliste, il a siégé au Conseil d’administration du FASTT. Puis Secrétaire général de l’association Guidimakha Jikké, qui offre la possibilité d’apprendre à lire, écrire et parler le français et de se former à l’informatique.
Cette grande figure de la culture malienne et soninké a œuvré toute sa vie pour l’inclusion des Maliens en France et la promotion de projets humains et sociaux entre les deux pays. Surtout, Diadié Soumaré encourage ceux qui s’investissent en faveur de leur pays d’origine. Grâce au solide réseau associatif et politique qu’il est parvenu à constituer en France, il a contribué à la concrétisation de nombreux projets pour le Mali, comme la construction de logements sociaux dans la région de Kayes en partenariat avec la Fondation Abbé Pierre.
Membre fondateur du Conseil des Sages des Maliens de France, il restera dans les mémoires comme l’un des piliers de la diaspora malienne. Il fut l’un des initiateurs du Festival International Soninké (FISO) et en perspective il avait en projet, la construction du Centre culturel soninké en France dénommé « Le Wagadu», qui va accueillir d’autres communautés de la diaspora africaine en France, en dehors de soninkés.
Il est décédé le 23 juin à l’âge de 74 ans. La nation malienne reconnaissante, il a été décoré officier de l’ordre national à titre posthume. De son vivant, il avait reçu, en 2001, la médaille de Chevalier de l’ordre national.
Dors paix cher doyen. Vous resterez longtemps graver dans nos mémoires.
Mody Gandega