Paris – Le président français François Hollande accuse Moscou d’utiliser « tous les moyens pour influencer les opinions publiques » avec « parfois les même procédés » que l’ex-URSS, dans un entretien à des journaux européens publié lundi.
« La Russie utilise tous les moyens pour influencer les opinions publiques », a déclaré le chef de l’Etat, relevant que même si « ce n’est plus la même idéologie que du temps de l’URSS, (…) ce sont parfois les mêmes procédés, les technologies en plus ».
Pour M. Hollande, il s’agit d’une « stratégie d’influence, de réseaux, avec des thèses très conservatrices sur le plan des moeurs » mais « aussi la prétention de défendre la chrétienté par rapport à l’islam ».
« N’exagérons rien mais soyons vigilant », poursuit-il dans cette interview accordée aux quotidiens Le Monde, Süddeutsche Zeitung, La Stampa, La Vanguardia, The Guardian et Gazeta Wyborcza avant un mini-sommet européen qui réunira les dirigeants français, allemand, espagnol et italien lundi à Versailles.
Mercredi, le chef de l’Etat français avait ordonné la « mobilisation » de « tous les moyens nécessaires de l’Etat » face aux cybermenaces pesant sur l’élection présidentielle en France.
A l’issue d’un Conseil de défense réuni à l’Elysée, la présidence avait souligné qu' »aucune action malveillante » ne devait pouvoir « entacher la campagne et le vote », alors que la diplomatie française a multiplié ces dernières semaines les avertissements contre le risque d' »ingérences » russes.
« Que cherche la Russie ? », s’interroge encore François Hollande, répondant: « à peser sur les espaces qui étaient autrefois les siens dans l’ex-Union soviétique » comme en Ukraine.
« Elle veut participer à la résolution des conflits dans le monde, à son avantage », notamment en Syrie, « s’affirme comme une puissance » et « teste nos résistances », ajoute-t-il.
Le chef de l’Etat français appelle ainsi à « démasquer » les « opérations idéologiques » pour « dire très clairement qui est avec qui, qui est financé par qui » et « pourquoi les mouvements d’extrême droite sont plus ou moins liés à la Russie ».
Le Kremlin, déjà accusé d’avoir oeuvré en faveur de l’élection de Donald Trump en piratant les ordinateurs du Parti démocrate, est également soupçonné par de nombreux experts français de vouloir peser sur les résultats de la présidentielle en recourant à des cyberattaques sophistiquées et à des campagnes de désinformation.
Vivement démentis par Moscou, les soupçons français sont cependant partagés à travers l’Europe où d’autres scrutins majeurs sont prévus, notamment aux Pays-Bas à la mi-mars, et en Allemagne, fin septembre.