Il a rappelé la naissance d’Ançar Dine à travers des personnes qui lui ont apporté son soutien lorsqu’il a été interdit de prêche en territoire malien, par les autorités de la deuxième République. Le nom de Ançar est venu de Ousmane Chérif lui-même, à l’instar de ceux qui ont apporté leur soutien au prophète, lorsqu’il a été jugé indésirable par les Mecquois et qu’il a été contraint d’aller vivre à Médine. Le Guide de Ançar Dine a salué les autorités qui ont été présentes à ses côtés, après la production de cet incident malheureux. Les autorités vont-elles désormais réfléchir aux dispositions à prendre, pour qu’à l’avenir, de tels incidents ne se reproduisent pas ?
L’Etat indexé
Pour Chérif Ousmane Haïdara, c’est la neuvième année qu’il organise le Maouloud au stade omnisport Modibo Kéita. Les autorités devraient déjà avoir réfléchi à cette question. Il n’y avait pas eu de problème les huit précédentes années, pendant lesquelles, l’Association Ançar Dine payait le service de 100 agents de police pour venir au stade. « Cette année nous avons écrit au ministre de la Sécurité pour attirer son attention sur l’importance du public du Maouloud et la nécessité de prévenir les éventuels problèmes. Le département y a envoyé 300 policiers et c’est dans ce contexte que l’incident est arrivé». Nous avons estimé que nous n’avions pas d’instruction à leur donner, car ils répondent plutôt de ceux qui les ont envoyés. Les cent agents dont nous payions les services lors des huit précédents Maouloud, faisaient ce que nous leur demandions de faire, explique Haïdara.
Selon le prêcheur, quand nous demandons des agents de police, c’est pour qu’ils soient témoins de ce qui se passe au stade, pas pour assurer la sécurité, car les fidèles ne posent pas de problèmes, a-t-il assuré. « Il est plus difficile de contenir 50 personnes dans un dancing club qu’un million de fidèles, qui écoutent ce que dit leur guide et font ce qu’il demande de faire ».
Interrogé sur sa version des faits qui ont occasionné des dizaines de décès, Ousmane Chérif Haïdara, a déclaré qu’on l’a téléphoné lorsqu’il était déjà arrivé à la maison pour lui dire que des gens sont en train de tomber au stade. « Alors nous somme retournés au stade pour trouver que les victimes ont été transportées à l’hôpital. Nous nous sommes rendus à l’hôpital où le ministre était déjà sur place ». Interrogé sur l’éventualité de l’ouverture d’une enquête, Ousmane Chérif Haïdara a soutenu « je ne suis pas au courant d’une enquête, personne ne m’en a parlé. Il ne devrait pas y avoir de longues enquêtes sur ça, parce que ce qui s’est passé, s’est déroulé devant tout le monde, ce n’est pas caché.
Les témoins ne manquent pas
Des gens qui étaient là-bas ne sont pas tous morts, ils peuvent témoigner, des blessés peuvent dire exactement ce qui s’est passé ». Des témoignages sur une radio de la place auraient affirmé que la porte avait été fermée par la police au moment où le public voulait sortir. Pour Haïdara, cette version est la plus rependue, mais il appartient aux autorités de faire la lumière sur les circonstances. Contrairement à une autre version qui a fait état de fidèles voulant tous s’approcher de leur guide pour avoir sa bénédiction ou pour avoir de l’eau bénite, Ousmane Chérif Haïdara l’a battue en brèche. « J’étais déjà sorti du stade et j’étais à la maison (Bankoni Farada) lorsqu’on m’a appelé ». A la question d’un journaliste de savoir quelles dispositions prendra –t-il pour que de tel drame ne se reproduise, il a répondu « pendant 8 huit ans, nous avons organisé le Maouloud avec 100 policiers, sans problème, c’est cette année seulement que les autorités se sont impliquées en envoyant 300 policiers. Pendant huit ans la porte était ouverte quand les gens sortent ; ce que nous devons prendre comme disposition pour que cela ne se reproduise pas, c’est que la porte soit ouverte ».
Par ailleurs Ousmane Madani Haïdara a affirmé qu’il n’a jamais demandé le stade du 26 mars pour commémorer le Maouloud, à cause du fait qu’il est excentré et pouvant exposer ses fidèles à des attaques de bandits. Mais quand il y aura des routes bien éclairées, reliant au stade du 26 mars, il pourrait le demander.
Parlant des ressources financières de Ançar Dine, Ousmane Chérif Haïdara a expliqué qu’il ne s’agit nullement d’argent des Arabes qui ne veulent pas de lui, parce qu’il n’est pas sur une ligne voulue par eux. C’est encore moins l’argent des occidentaux qui ne doivent pas l’aimer. « Cependant, il est vrai que Ançar travaille chaque année avec des milliards. Cet argent ne provient que de ses fidèles, qui donnent chacun ce qu’il peut. Il s’agit très souvent des 100 Fcfa que donnent les charretiers et autres», affirme-t-il.
Selon Ousmane Chérif Haïdara, il y a peu de ministre qui ne s’est pas rendu chez lui, après ce drame. Les soutiens qu’ils ont apportés nous ont permis de rendre visite dans les familles des victimes où nous avons remis une somme symbolique de 50 000 Fcfa par victime. Il a déploré le fait qu’aucun leader religieux n’a fait un geste.
B. Daou
Le Républicain 25/02/2011