Les importateurs de produits agro-alimentaires dénoncent le prix exorbitant de dédouanement des produits agro-alimentaires au Mali. De 1997 à nos jours, le frais de dédouanement de la pomme de terre importée du Maroc est passé de 20F/Kg à 200F/KG. Ce montant est trop élevé contrairement aux pays voisins de la sous-région. Cette augmentation serait un complot minutieusement préparé par certaines autorités maliennes pour favoriser le président directeur général de GDCM, Modibo Kéita, sur le dos des Maliens.
Ils l’ont fait savoir au cours d’une conférence de presse tenue à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CICM). Cette conférence était animée par BroulayeBallo, secrétaire général de l’association des importateurs de produits agro-alimentaires du Mali (AIPAAM). Il était assisté par Mme LahKadiatouLah, vice-présidente, et
Alimatou Bamba, membre de l’association.
Selon les conférenciers, l’objet de la conférence est de partager avec les hommes de médias les problèmes dont les importateurs sont victimes aujourd’hui. Parmi ces problèmes, ils ont cité les frais trop élevés du dédouanement de la pomme de terre au Mali, contrairement aux autres pays de la sous-région.
Aux dires des conférenciers, les frais de dédouanement n’ont cessé de grimper dans ce pays depuis 1997 à nos jours. À titre d’exemple, de 1997 à 2006, avec 15 tonnes ou 20 tonnes, la valeur était estimée à 20F/KG, soit un droit de douane de 200 000Fcfa. De 2006 à 2012, toujours avec la pression fiscale de 44,88%, la valeur était de 80F/KG, le droit s’élevait à 1 062 720 Fcfa pour 30 tonnes et 2 125 440Fcfa pour 60 tonnes. De 2013 à 2014, la valeur était de 130F/KG dont le droit s’élevait à 2 417 220Fcfa pour 30 tonnes et 4 834 440Fcfa pour 60 tonnes.
Selon les importateurs, à la date d’aujourd’hui, la valeur est de 200F/KG soit 3 723 800Fcfa pour 30 tonnes et 7 447 600F pour 60 tonnes avec la pression fiscale de la Cédéao 61,98%, tout cela sans les frais de port et de transport.
En regardant les autres pays voisins de la sous-région, ces montants sont «trop élevés». À titre d’illustration, en Côte d’Ivoire, la valeur est 100F/KG soit 67 500Fcfa de droit pour 30 tonnes avec les mêmes produits du Maroc, sans l’application des textes de la Cédéao. Au Niger, le KG est taxé à 66F soit 78.000Fcfa de droit sur 30 tonnes de pomme de terre du Maroc, avec l’application des textes de la Cédéao. Au Sénégal, le Kg est taxé à 76F et au Burkina à 40F.
Pour une petite comparaison, quand un camion de 60 tonnes est dédouané au Mali à 7 447 600Fcfa, ce même camion est dédouané dans d’autres pays voisins à 1 750 000Fcfa. En plus de cette grande différence, les importateurs déplorent la lenteur dans les démarches de dédouanement au Mali d’où de nombreuses pertes (pomme de terre pourrie) causées par cette lenteur.
Selon les importateurs, cette augmentation des frais de dédouanement au Mali est une manière, pour certaines autorités, en complicité avec le Dg de GDCM Modibo Keita, d’empêcher les importateurs d’amener de la pomme de terre de bonne qualité du Mali. Avec cette stratégie, le groupe GDCM sera alors l’unique fournisseur des Maliens en pomme de terre. Une manière de monopoliser le marché de la pomme de terre au Mali avec un prix élevé. Et pourtant, selon les conférenciers, de décembre à juin, les pommes de terre conditionnées de Modibo Keita deviennent inconsommables. Selon Mme LahKadiatouLah, le long temps de conditionnement des pommes de terre jouent contre leur qualité et la moitié de chaque sac est souvent pourrie. Ils ont également déploré qu’en cette saison des pluies, le prix de la pomme de terre cultivée au Mali est plus cher que celle importée.
Selon Alimatou Bamba, membre de l’association, chaque semaine des camions de pomme de terre pourrie de Modibo Keita sont déversés à Yirimadio. Selon elle, l’utilisation de certains produits fait que la pomme de terre locale ne répond pas en un moment donné aux normes de consommation.
Ils ont donc lancé un appel aux autorités, et particulièrement au président de la République, d’intervenir personnellement pour diminuer les frais de dédouanement de la pomme de terre et autres produits agro-alimentaires importés. Selon les importateurs, cette réduction aura sans nul doute des répercussions positives sur les prix de KG des produits agro-alimentaires sur nos marchés.
En plus de cette conférence de presse, les importateurs envisagent de marcher bientôt pour se faire entendre par les autorités. Concernant les rumeurs disant que cette augmentation des frais de dédouanement consiste à favoriser la consommation des pommes de terre locales, les conférenciers ont noté qu’aux mois de juillet et août au Mali, la pomme de terre importée est moins chère et de bonne meilleure que celle du Mali.
En attendant une issue favorable entre ces deux camps, les Maliens font les frais de l’augmentation sans cesse du prix de la pomme de terre. Notons que le KG est actuellement vendu à 600F/KG aux marchés de Bamako.
Y. Doumbia