Le nombre de migrants arrivés aux frontières extérieures de l’Union européenne a triplé en juillet par rapport au même mois de l’an dernier, à 107 500, a annoncé mardi l’agence européenne Frontex, chargée d’organiser la coopération des pays membres dans ce domaine.
Dans les îles grecques, près de 21 000 migrants sont arrivés par la mer la semaine dernière, fuyant la guerre, la violence et la misère en Syrie, Irak ou en Afghanistan, a de son côté averti l’ONU, demandant aux autorités grecques de leur venir en aide en urgence malgré la grave crise économique que traverse le pays.
En une semaine, indique le Haut-commissariat pour les réfugiés, il y a eu autant d’arrivées en Grèce que sur 6 mois en 2014.
«C’est une situation d’urgence pour l’Europe, demandant à tous les pays membres de l’UE d’apporter leur soutien aux autorités nationales qui accueillent massivement des migrants à leurs frontières», a souligné le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri.
L’UE s’est engagée vendredi à soutenir financièrement la Grèce, débordée par l’explosion du nombre d’arrivants. Mais les pays membres rechignent à mettre en place les mesures proposées par la commission européenne, visant à soulager les pays les plus concernés comme l’Italie et la Grèce, et à mieux répartir les réfugiés dans toute l’Europe.
L’Allemagne, destination choisie par de nombreux migrants, s’apprête de son côté à réviser à la hausse sa prévision du nombre de demandeurs d’asile pour 2015 qui pourrait grimper «jusqu’à 750 000», un chiffre record, selon le quotidien économique Handelsblatt de mardi. Le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière devrait s’exprimer jeudi sur ces prévisions.
Selon des statistiques d’Eurostat, en 2014, l’Allemagne a accueilli à elle seule 32,4% de l’ensemble des demandeurs d’asile arrivés dans l’UE.
Au niveau de la frontière franco-britannique, Paris et Londres signeront jeudi un accord sur la gestion des migrants qui s’amassent à Calais, du côté français de la Manche, portant notamment sur la sécurité, «la lutte contre les filières criminelles de passeurs» et l’aide humanitaire, selon le ministère français de l’Intérieur.
Les îles grecques débordées
Le HCR a demandé mardi à la Grèce un renforcement «d’urgence» des structures d’accueil sur les îles et dans le reste du pays, la mise en place d’une «structure unique chargée de coordonner la réponse d’urgence» à cette crise, et d’un «mécanisme d’assistance humanitaire adéquat».
Entre le 1er janvier et le 14 août 2015, près de 160 000 migrants sont arrivés par la mer en Grèce, auxquels il faut ajouter 1716 arrivées par la terre, via la frontière greco-turque.
Durant la même période, plus de 2400 migrants ont perdu la vie en voulant traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
Mardi matin, cinq migrants syriens sont morts lorsque leur embarcation s’est retournée et a coulé, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’île de Kos depuis depuis la ville turque de Bodrum, selon l’agence de presse Anatolie.
Le nombre de nouvelles arrivées par nuit sur l’île de Kos est variable, selon le coordinateur de l’aide d’urgence du HCR en Grèce, Roberto Mignone.
«Il y a deux nuits, quelque 650 personnes ont été secourues, et la nuit dernière, il y en a eu 250», a précisé M. Mignone à l’AFP.
1750 migrants sont actuellement à bord d’un ferry envoyé par les autorités grecques au large de l’île de Kos, dans l’attente d’être enregistrés pour poursuivre leur périple vers Athènes ou vers le nord de l’Europe.
«Nous estimons qu’il y a encore 2500 migrants sur l’île en ce moment», a ajouté M. Mignone.
«Quelques efforts»
L’afflux inédit de migrants mène par ailleurs l’île touristique de Lesbos près de la «rupture», avec plus de 2000 arrivées par jour, selon l’ONG International Rescue Committee (IRC).
Près de 6500 réfugiés ont dormi sur Lesbos lundi soir, selon l’IRC. Les ferries pour se rendre en Grèce continentale sont complets jusqu’au milieu de la semaine prochaine, alors que le nombre d’arrivées continue d’augmenter.
«Si d’autres bateaux ne se rendent pas disponibles, le nombre total de réfugiés sur l’île, qui compte 90 000 habitants en temps normal, pourrait monter à 20 000», selon une déclaration de l’IRC faite à Kos mardi.
La semaine dernière, le nombre d’arrivées à Kos avait atteint 7000, avec des temps d’attente interminables, et presque pas d’aide alimentaire, sauf de la part de touristes et d’habitants apitoyés.
Il n’y a pas non plus de logement prévu sur l’île, même si un camp de 90 mobil-homes s’est ouvert dimanche à Athènes, pouvant accueillir 600 à 700 personnes, avec toilettes, douches et air conditionné.
«Il y a eu quelques efforts de la part des autorités grecques, quelques améliorations, mais la situation reste très compliquée», a remarqué M. Mignone. Le traitement des dossiers est notamment assez lent, et il n’y a pas assez de policiers déployés pour enregistrer les demandes.
La majorité des personnes, originaires de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, arrivent à Kos sur des canots pneumatiques depuis Bodrum, en Turquie.
Selon le HCR, la plupart d’entre elles devraient obtenir le statut de réfugié.
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