Renégocier les accords commerciaux
De même, la plupart des accords commerciaux que le Royaume-Uni a passés avec les pays africains ont été négociés par l’intermédiaire de l’UE. Ce qui signifie que ces accords ne seront plus valables et devront être renégociés lorsque Londres quittera effectivement l’Union européenne. Selon les autorités britanniques, ces négociations ont déjà commencé pour éviter trop de perturbations.
En sortant de l’UE, la Grande-Bretagne pourra en revanche établir des accords plus directs (bilatéraux) avec des pays africains, notamment ceux qui comptent pour elle : l’Ethiopie, et ses anciennes colonies, Ghana, Kenya, Afrique du Sud, Sierra Leone, Nigeria, son premier partenaire économique en Afrique de l’Ouest.
Droits de douanes et contrôles aux frontières
En sortant de l’Union européenne (UE), la Grande-Bretagne s’expose en revanche à l’instauration de droits de douanes de la part de ses anciens partenaires européens. Dans ce contexte, le renforcement des contrôles aux frontières risque de compliquer les exportations africaines qui transitent aujourd’hui par le royaume : fleurs, fruits frais ou matières premières. De quoi augmenter le coût des exportations africaines vers l’Europe. L’Afrique du Sud exporte, par exemple, 10% de sa production de vin vers le Royaume-Uni et les producteurs s’inquiètent d’une augmentation des droits de douanes vers l’UE.
L’industrie très lucrative des fleurs, pour laquelle Londres constitue le second marché d’exportation après les Pays-Bas, pourrait également souffrir. Pour contourner cette menace, un accord commercial sur l’exportation des végétaux entre le Kenya et l’UE serait en négociation.
Par ailleurs, le probable ralentissement de l’économie britannique et la chute de la livre sterling (surtout en cas de « no deal ») pourraient affecter les envois d’argent de la diaspora africaine, qui constituent une injection importante de liquidités pour les économies locales. D’autant que le Brexit vise à limiter l’arrivée des migrants africains (et européens). En 2014, ce sont les immigrés nigérians au Royaume-Uni qui ont envoyé le plus d’argent chez eux, soit 3,7 milliards de dollars.
Après l’Afrique du Sud, le Nigeria constitue le deuxième partenaire commercial africain du Royaume-Uni, le Kenya arrivant en troisième place. Ces trois pays sont très dépendants de la bonne santé de l’économie britannique. Londres exporte, notamment, vers le Nigeria et l’Afrique du Sud des machines-outils et des technologies de pointe pour le secteur pétrolier et les industries extractives.
Londres entend relancer sa politique africaine
Alors qu’elle envisage toujours un Brexit ordonné, Theresa May n’a pas caché sa volonté de développer de nouveaux partenariats avec l’Afrique. Londres entend relancer sa politique vis-à-vis du continent, afin d’amortir un possible choc économique post-brexit. S’il ne reste pas dans l’union douanière, le Royaume-Uni pourra mener une politique commerciale indépendante vis-à-vis de l’UE.
En tournée en 2018 sur le continent, la Première ministre avait dit son ambition de faire de son pays le plus grand investisseur du G7 en Afrique d’ici à 2022. Un moyen pour les autorités britanniques de conserver l’influence mondiale de la Grande-Bretagne. D’autant que le continent, en plein décollage, apparaît à beaucoup comme la nouvelle (et dernière) frontière économique.