L’hebdomadaire « Niger Inter Hebdo », dans son édition du 14 février dernier, est formel : Abdoulaye Diop, le Ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale est une ‘’girouette’’. Le très sérieux, respecté et respectable organe d’information entend ainsi évoquer son net penchant aux retournements de veste et sens consommé de l’opportunisme. Notre ministre serait-il éclaboussé par ses instincts extraprofessionnels qui le tiennent taillable et corvéable à merci face à une meute de colonels au sein de laquelle il demeure prisonnier ?
Le journal rappelle que celui qui dirige, aujourd’hui, la diplomatie malienne et qu’on encense sur les réseaux sociaux avait pourtant, sous Alpha Oumar Konaré (1992-2002), créé et pris la tête d’un comité de soutien à l’ancien Président, en envisageant d’élaborer un projet de nouvelle constitution pour assouvir les ambitions de troisième mandat de ce dernier. En outre, l’hebdomadaire nigérien insiste sur son passage controversé à la tête de la chancellerie malienne en raison de sa proximité avec Karim Kéita, le fils de l’ancien et défunt Président IBK. L’histoire retiendra son seul et unique haut fait d’arme, qui réveille un souvenir douloureux, et dont le Mali n’a jamais pu se relever des conséquences, à savoir la signature de l’Accord d’Alger, contesté, du moins jusqu’à peu, par son actuel Premier ministre, Choguel Maïga.
Abdoulaye Diop était connu jusqu’à la crise malienne avec la communauté internationale, pour sa « francophilie » car il avait toujours jugé l’Hexagone incontournable dans la lutte contre le terrorisme. Cette tendance à privilégier les intérêts de la France s’est nettement renforcée quand il était devenu le directeur de cabinet du président de la commission de l’Union africaine Mahamat Moussa Faki. Mais, il avait dû subrepticement quitté son poste, quasiment sur la pointe des pieds, sans évoquer les moindres raisons de sa démission, restée personnelle, à la suite « d’accusations et d’allégations de harcèlement, de discrimination et de corruption », ayant fait l’objet d’investigations par une commission sous la direction de Bineta Diop, mais dont le rapport d’enquête n’a jamais été rendu public. Comme pour dire que les différentes prises de position du chef de la diplomatie malienne obéissent davantage aux opportunités du moment qu’aux postures dictées par l’éthique et les principes.
« Niger Inter Hebdo » rapporte ainsi que, selon certaines sources, Abdoulaye Diop serait tenu en laisse par les Colonels de la junte, pour des affaires de prévarication que ceux-ci auraient déterrées et les utiliseraient contre lui comme épée de Damoclès suspendu sur sa tête lequel ne devrait pas le rater, à sa chute. Cette arme d’estoc en alerte permanente a un effet dissuasif contre lui, toute chose qui expliquerait une attitude de bouche bée et bouche cousue de sa part. Une situation qui le contraindrait aussi à ce »jusqu’au bouliste » contre la CEDEAO et la France, parfois dans un ton belliqueux qu’on ne lui connaît pas et qui ne manque parfois de contradictions.
En effet, après avoir employé des mots durs contre la France et ses dirigeants, Abdoulaye Diop s’empresse d’accorder le lendemain une interview dans laquelle il fait pratiquement machine arrière en adoucissant considérablement ses propos de la veille. De quoi donner le tournis pour interpréter ses éléments de langage ! Mais l’histoire rattrape toujours ses braconniers.
Salif Diallo