Le Mali est à la croisée des chemins. Il est fort possible que, grâce à l’appui principalement des armées françaises et tchadiennes, nos forces armées arrivent à écraser les derniers bastions des terroristes, en tout gardant constamment en tête l’impérieuse nécessité de réconciliation nationale de nos peuples.
Il est possible que dans les prochaines semaines, nos centaines de milliers de compatriotes, réfugiés dans les pays voisins puissent se réinstaller dans leurs foyers. Il est possible que le gouvernement puisse organiser des élections présidentielle et législatives dans les délais requis. Mais il est aussi fort possible que les Maliens élisent un président par défaut et reconduisent bon nombre de députés, faute d’alternatives crédibles. Ainsi, ce sera le retour à la case départ.
Ce retour en arrière est fort probable, car pour le moment ce sont les anciennes forces politiques, généralement conservatrices, qui sont les mieux organisées. En dépit de la multiplicité des candidatures des uns, des exils des leaders des autres, des difficultés financières de beaucoup, il est presque sûr que si les élections se déroulent en juillet 2013, avec les données actuelles, le prochain président de la République sortirait des rangs de l’un des trois grands partis politiques, dont les élus constitueront également plus des 2/3 de l’Assemblée nationale.
Le drame est que la quasi-totalité des hommes politiques conservateurs n’a pratiquement tiré aucun enseignement des fautes du passé. Aucun inventaire, aucun bilan de leur gestion des affaires de la nation. Aucune réflexion sérieuse sur les graves problèmes du pays et les solutions à y apporter. Beaucoup des hommes du passé passent leur temps dans les stratégies d’alliances et de contre-alliances avec comme unique objectif : la conquête du pouvoir. Ils veulent, dans leur grande majorité, le pouvoir pour eux et pour s’en servir.
Bon nombre des candidats conservateurs sont dans la surenchère des soutiens extérieurs à leurs candidatures. Ils ont tous « le soutien de la France », s’ils ne sont pas tout simplement le « candidat de Hollande ».
Les chefs d’Etat de la sous-région ne sont pas en marge, à telle enseigne qu’il est coutume de plaisanter à Bamako en disant que certains candidats pensent qu’ils seront nommés par la Conférence des chefs d’Etat de la Cédéao comme président du Mali. Il est quand même singulier que des hommes qui veulent prendre en main les destinées de leur pays passent leur temps à vouloir se faire « élire » par telle puissance ou par tels voisins. Les élections sont l’affaire des Maliens. On est candidat devant les Maliens et pour les Maliens.
Beaucoup d’amis me disent que les Maliens ne veulent plus des anciens responsables politiques, que nos compatriotes veulent le changement. Cela est fort possible pour les couches urbaines, initiées à la chose politique. Je ne suis pas sûr que pour nos centaines de milliers d’électeurs analphabètes, anciens et nouveaux acteurs du jeu politique ne soient à leurs yeux que « bonnet blanc ou blanc bonnet ». Et même s’il était vrai que les Maliens veulent le changement, encore faudrait-il que la nouvelle classe politique se mette en place, s’organise et se fasse connaître.
Pour le moment et pour l’essentiel, au titre des forces nouvelles, ce sont les prédateurs qui bougent, ceux-là mêmes qui ont pillé les maigres ressources de l’Etat, à coup de milliards. Les uns, qui au cours de ces 20 dernières années ont occupé les plus hautes fonctions, et à qui on se demande ce qu’ils pourraient encore apporter à ce pays. Les autres, fonctionnaires, avec des salaires nominatifs de moins de 600 000 F CFA arrivent à aligner plus de 200 de camions gros porteurs.
Les uns et les autres ont des dizaines de Land-Cruiser V-8, parqués dans les champs, en attendant de prendre les routes des villes et campagnes pour aller dire je ne sais quoi aux pauvres Maliens. Par contre, je sais ce que les pauvres électeurs devraient leur demander : comment avez-vous fait pour amasser autant d’argent et en si peu de temps ? En réalité, je ne crois pas que les forces prédatrices croient en leurs chances de gagner les prochaines élections. Leurs leaders font la politique pour se « défendre » : ils veulent devenir députés et avoir des députés pour bénéficier de l’immunité parlementaire et du paravent politique. Ainsi, le jour où il leur sera demandé des comptes sur leurs forfaitures, ils diront que l’on s’acharne contre eux pour des raisons politiques.
Demain, le chaos est possible. Nous sommes presque 15 millions de Maliens. Nous serons 48 millions en 2050. Dans 10 ans, les démographes nous prédisent qu’il y aura plus d’urbains que des ruraux. Le 1er défi sera de nourrir toutes ces populations avec un système agricole où les 2/3 des paysans utilisent encore la houe. Le 2e défi porte sur le chômage et le sous-emploi. Face à une croissance démographique forte et une croissance urbaine galopante comment trouver du travail pour des milliers et des milliers de demandeurs avec un système économique extraverti, très peu créateur d’emplois.
Troisième défi : la jeunesse. 80 % sont dans un système scolaire sans débouché réel d’emploi ou sont déjà des jeunes diplômés sans emploi. Rien qu’avec ces 3 défis (nous pourrions en citer une trentaine), il y de quoi faire sauter 10 fois une République avec des décideurs politiques qui ne pensent qu’à eux-mêmes.
e prédis des soulèvements populaires au Mali dans les 2 prochaines années, si nous ne changeons pas de système de gouvernance. Dans un Etat faible, avec des institutions fragiles, la révolution est synonyme de chaos. Et cette fois-ci ce n’est pas le président Hollande qui viendrait nous sauver. Puisse le Bon Dieu nous en préserver.
Heureusement des solutions existent et le changement est possible. Dans les prochaines semaines, je ferai part aux Maliens de 30 propositions pour remettre notre pays sur rail et lancer le processus du développement socio-économique. En attendant, il faut que les forces du Changement se réveillent. Arrêtons de faire, de défaire et de refaire le monde dans nos salons et les « thé grins ».
Mettons fins aux petits calculs carriéristes pour prendre le risque de l’action ! Si nous laissons le terrain aux politiciens rétrogrades et/ou prédateurs, ils mettront notre pays à genou et hypothèqueront définitivement l’avenir de nos enfants. J’en appelle à tous les Maliens patriotes. Réveillons-nous, organisons-nous pour prendre les destinées de notre pays en mains. !
Personne ne construira le Mali à notre place. C’est grâce à notre vision objective, notre capacité d’organisation et de gestion et notre persévérance dans le travail bien fait que nous pourrions, en moins d’une décennie, faire connaître à notre pays de réels progrès économiques et sociaux.
Oui, objectivement, il est possible de permettre à nos populations de vivre dans la paix, de manger à leur faim, d’avoir accès à l’eau potable et aux soins de base, d’améliorer sensiblement leur niveau de vie, mais aussi de faire émerger une classe moyenne assez aisée, dont l’existence est la condition essentielle pour enclencher le processus du développement socio-économique.
Tout ce qui est dit ci-dessus est réellement possible. Cela sera une œuvre collective ou cela ne se fera pas. C’est la raison pour laquelle nous avons créé le RTD : le Rassemblement travailliste pour le développement. Il s’agit beaucoup plus d’une plate forme que d’un véritable parti politique. Il vise à fédérer tous les hommes et femmes de ce pays qui veulent le Changement.
Il est ouvert à tous les fils et filles de la nation qui veulent sérieusement travailler pour sortir notre pays de la pauvreté. Oui il existe un avenir pour le Mali, demain peut être meilleur si nous nous mettons à la tâche. Rejoignez-nous !
Dr. Hamed Sow
Président du RTD Indicateur 2013-03-22 01:03:43