Haïti deviendra officiellement membre de l’Union Africaine au prochain sommet de l’organisation continentale en juin 2016. Il était grand temps que les Etats africains fassent un geste fort envers la première République noire.
Jusque-là simple “observateur”, Haïti, la première République noire de l’Histoire, est devenue, début février 2015 à Addis-Abeba, “membre associé à part entière” de l’Union Africaine (UA). Cette décision, la première de ce type concernant un pays de la diaspora, sera officialisée lors du prochain sommet de l’UA prévu en juin-juillet 2016 à Lilongwe, capitale du Malawi. Sans doute en présence du président d’Haïti Michel Martelly, qui annonce, cette année, son premier périple africain.
Les chefs d’Etat réunis à Addis-Abeba ont chaleureusement salué le retour d’Haïti au sein de la grande famille africaine, rappelant les efforts diplomatiques consentis dès 1945 par ce pays pour l’avènement d’Etats africains libres par:
ses dénonciations de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie mussolinienne, ses prises de position progressistes contre la guerre d’Algérie, son soutien à l’indépendance de la Libye, son assistance au Rassemblement Démocratique Africain, cette grande formation politique panafricaine qui accompagna nombre de pays du continent vers la souveraineté internationale.
Haïti, depuis plus de deux siècles est, après tout, le plus “africain” des Etats d’Amérique du Sud et des Caraïbes. Indépendant le 1er janvier 1804, peu après les Etats-Unis (1776), mais bien avant la Colombie (1810), l’Argentine (1816), le Brésil (1822) et le Canada (1867),
Haïti fut pratiquement isolé par la ‘communauté internationale’ pour avoir humiliée la France pendant sa victorieuse guerre d’indépendance. Un embargo qui ne dit pas son nom, pour empêcher Haiti d’être un modèle pour les autres Etats Africains.
Les Africains du continent seraient bien inspirés de s’intéresser davantage à ce morceau caribéen de notre Histoire, une terre sur laquelle se joue, peut-être, notre propre destin. Haïti est à la fois une formidable projection sur le futur et un laboratoire grandeur nature d’où peut émerger le meilleur comme le pire. En cela, Haïti, “où la négritude se mit debout pour la première fois”, selon Aimé Césaire (1913-2008), est à la fois notre passé et notre avenir.
La culture Africaine y est ‘live and well’ dans la littérature, la poésie, la peinture et la musique, autrement dit, de ce qui fait l’âme d’un peuple.
Espérons que la République Dominicaine qui occupe la partie orientale de l’île, recouvre son ‘Africanité’, et réclame son adhésion à l’Union Africaine également.
Source : Observatoire parlementaire, une ONG basée á Dakar
