Aujourd’hui «Prophète» chez lui, il est aussi sans doute le dirigeant sportif dont les qualités humaines et les compétences managériales sont reconnues en dehors de nos frontières, notamment à l’Union africaine de judo (UAJ), la Fédération internationale de Judo (FIJ), l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA)… Excusé du peu, parce que «Bill» n’aime pas qu’on parle de lui ! Nul n’est prophète dans son pays ! C’est ce que dit l’adage. Mais la «Nuit de l’AJSM 2013» (Association des journalistes sportifs du Mali) et la «Nuit du Mérite Sportif 2013» ont enfin élevé Habib Sissoko au rang de «Prophète» sur son terroir : le Management du Sport au Mali ! Ces initiatives pour la récompense du mérite l’ont sacré «Meilleur dirigeant sportif» au Mali au titre de l’année écoulée. Une juste reconnaissance de son talent et de son engagement car les observateurs reconnaissent presqu’à l’unanimité, que Habib est une référence dans la gouvernance du sport et de l’olympisme au Mali et en Afrique.
Fidèle à sa légendaire humilité, Habib ne se tire jamais la couverture. Il partage chaque distinction avec le monde sportif malien ouafricain. C’est plus fort que ce «ceinture noire» de judo. «Cette reconnaissance est un témoignage à l’endroit des associations sportives nationales, des dirigeants et sympathisants du sport, à l’endroit des athlètes et à celui des personnalités ayant contribué à la promotion et au développement du sport de notre pays», disait-il lors de la dernière édition de la «Nuit du Mérite Sportif». Aujourd’hui, il est indéniable que sous l’égide du président Habib Sissoko, le Comité national olympique et sportif du Mali a engrangé des points indiscutables dans le développement des sports et dans la promotion de l’olympisme tant sur le plan national, international et mondial.
Plus qu’un encouragement, ces distinctions constituent une récompense du mérite. Une reconnaissance des multiples efforts d’un homme, notamment dans les résolutions des crises et conflits qui ont secoué certaines fédérations sportives nationales ces dernières années. Légaliste, le président du Cnosm a toujours défendu la légalité tout en prônant le consensus autour de l’intérêt exclusif du sport malien. Et ce n’est que justice que la compétence professionnelle et les qualités humaines de ce leader inné soient enfin récompensées au bercail.
Retour en grâce dans la famille olympique
Déjà, ses pairs d’Afrique lui ont manifesté cette reconnaissance à plusieurs occasions. Ainsi lors du 28e séminaire de l’Association des comités olympiques d’Afrique (ACNOA), tenu du 16 au 18 novembre 2011 à Bamako, ils lui ont décerné un trophée pour services rendus dans la promotion de l’olympisme en Afrique et dans le monde. Le Mali était à aussi l’honneur à Rio de Janeiro (Brésil) en marge des championnats du monde de judo (26-31 août 2013). Une considération que le pays devait au président Sissoko du Cnosm, reconduit dans ses fonctions à l’Union africaine de judo (UAJ) et à la Fédération internationale de judo (FIJ), comme Directeur du développement. Et, en octobre dernier, l’Ordre de Mérite olympique du COA (Comité olympique algérien) avait été décerné à cette fierté nationale, ainsi qu’au président Issa Hayatou de la Confédération africaine de football (Caf) et au président du Comité olympique français, Denis Masseglia.
L’ancien judoka a pris la direction du Comité national olympique et sportif du Mali après presque quatre décennies d’existence (créé en 1962 et reconnu par le Comité international olympique l’année suivante). Le défi était énorme pour un jeune dirigeant, même si celui-ci avait déjà fait ses preuves en dotant le judo de la meilleure fédération du pays. En effet, il fallait rassembler la famille sportive autour des valeurs olympiques, redonner au Cnosm une identité nationale et rehausser son image écornée en 1998 par le scandale de Salt Lake City (soupçons de pots-de-vin avec l’attribution des Jeux Olympiques d’Hiver de 2002 à cette ville américaine). Ce défi, «Bill» (surnom affectueux de sa tendre épouse, Ramata) l’a relevé. De nos jours, que de prestige pour le Cnosm au Mali, à l’ACNOA, au CIO… Même si ce fut au prix fort. Oui, pour en arriver là, ce leader inné a dû sacrifier son temps, sa fortune et ménager des personnalités ainsi que des susceptibilités. Il lui a fallu circonscrire des crises, éviter les peaux de banane, accepter des compromis sans céder à la compromission…«Habib est vraiment un leader.
Voilà quelqu’un qui ne craint pas de travailler avec des gens prêts à le poignarder dans le dos. Le plus important pour lui ce n’est pas sa personne, mais ce que ceux-ci peuvent apporter à l’atteinte des objectifs qui lui sont assignés. Il a le don de transformer les rivalités en atouts», dit de lui un haut responsable du ministère des Sports.
En 14 ans de management, il a redonné au Mouvement olympique ses lettres de noblesse en terre malienne. Sous sa conduite, le Cnosm a écrit les plus belles pages de son histoire, s’est donné une image pour devenir un partenaire stratégique du gouvernement dans sa politique de développement des sports. «Le mérite de Habib Sissoko, ce qu’il ne pense jamais à lui-même dans ses décisions et dans les actes qu’il pose au quotidien. Il privilégie toujours l’intérêt de son pays et de celui du sport ou de l’olympisme. Il est l’un des très rares managers sportifs d’Afrique voire du monde qui servent le sport au lieu de s’en servir», témoignait récemment un confrère africain croisé au Mozambique. Il est vrai que ce cadre élégant, charmant et charmeur use de ses solides relations dans le monde du sport, notamment à la Solidarité olympique, pour moderniser le sport malien à tous les niveaux, notamment des outils et compétences de gestion au quotidien. Ces formations, bourses de préparation… ne sont pas étrangères à la performance de nos disciplines sportives, particulièrement les arts martiaux, le tennis, l’athlétisme, le basket, le cyclisme…
Calme, discret mais efficace comme le sont les Samouraïs, il a donc su s’entourer d’une équipe battante avec cette sagesse qu’il a toujours prônée comme ligne directrice : rien ne se gagne dans la division et dans les querelles mesquines ! «Il faut plutôt travailler pour rehausser l’image de notre sport à l’échelle continentale et mondiale. C’est à ce prix que nous serons une grande Nation de sport», nous rappelle sans cesse l’actuel président de la Zone II de l’Association des comités nationaux olympiques africains (ACNOA). Ce grand serviteur du sport, disons, de sa patrie !
Une compétence et une passion au service de l’administration du sport
Du judo, ce ceinture noir à franchi toutes les hiérarchies comme un «sac au dos», c’est-à-dire sans complaisance et sans un autre coup de pouce que celui du destin. Champion du Mali dans plusieurs catégories, défenseur des couleurs nationales aux Jeux Olympiques de Moscou en 1980 (URSS), ce vrai Samouraï a été entraîneur, Directeur technique national et président de la Fédération malienne de judo (1997-2006). Ce qui lui ouvre naturellement les portes du Comité national olympique et sportif (Cnosm).Trésorier adjoint puis trésorier général entre 1998 et 2000, Habib a pris les rênes de l’olympisme malien en mars 2000. Un grand battant dans l’ombre, Habib Sissoko n’a été révélé au public national, africain et mondial qu’à partir de 1997, quand il prit les rênes du judo malien dont il a fait la locomotive du sport national pendant près d’une décennie. Cet art martial dérivé du Jujitsu, Habib l’a embrassé à l’âge de 16 ans, en 1975, chez le Grand Maître René Canvel où il fut champion cadet deux ans plus tard, en 1977. Ce fut le point de départ d’une fabuleuse aventure sportive, sentimentale et humaine.
Entraîneur du dojo du fleuve en 1982, du dojo du camp du Para en 1985 et de l’USFAS en 1986, l’intrépide combattant mit fin à sa carrière active en 1987 par les Jeux africains de Nairobi, Kenya. Aussitôt après avoir raccroché, Habib intègre l’administration sportive. Ainsi, successivement, il fut secrétaire à l’organisation de la Fédération malienne des arts martiaux (FEMAM) de 1988 à 1989, Directeur technique national de la Fédération malienne de judo, de 1990 à 1992, et président consensuel de ladite fédération en juin 1997. Son ascension fut tout aussi fulgurante au Cnosm où il fut trésorier adjoint de 1998 à juin 1999 ; trésorier général de juin 1999 à mars 2000 avant d’en être le président actif en mars 2000. Quand, le 11 mars 2000, Habib Sissoko prenait les rênes du Cnosm, celui-ci traversait une crise sans précédent qui trouve ses racines dans le scandale de corruption de Salt Lake City qui impliquait notre compatriote Lamine Kéita, alors président du Cnosm et membre du Comité international olympique (CIO).
Contraint à la démission le 17 mars 1999, la guerre pour sa succession plongea le mouvement olympique malien dans de profondes querelles d’hommes que le nouveau président, le regretté Alioune Badra Diouf (élu le 12 juin 1999 contre Ismaïla Kanouté), n’a pu aplanir. Il a fallu l’assemblée générale extraordinaire du 11 mars 2000 (convoquée à la suite d’une pétition intitulée «S.O.S au Comité») et l’élection d’un bureau dit de consensus dirigé par Habib Sissoko pour remettre le CNOS-Mali sur les rails. Ce leader providentiel a intégré l’Union africaine de judo dès 1998 au congrès de Durban, en Afrique du Sud, soit un an après son élection à la présidence de la Fédération malienne de judo. Les vice-présidents étaient au nombre de cinq et H. Sissoko était celui chargé du développement du judo en Afrique de l’Ouest. Mais tous étaient nommés par le président et pouvaient représenter celui-ci aux rencontres internationales. Cette formule a été décriée et dénoncée par les membres élus en 2001, car, effectivement contraire aux textes de l’UAJ.
Une compétence et une notoriété reconnues à la FIJ
Ainsi, en 2004, au congrès de Tunis, il a été décidé d’élire un vice-président. Et le choix porta à l’unanimité sur Habib Sissoko qui devenait le premier à occuper ce poste pour seconder l’Intendant général Palenfo. Désormais, le vice-président est élu par le Congrès tandis que les zones sont supervisées par des présidents désignés par le Comité directeur. Le 8 novembre 2008, à l’assemblée élective de l’UAJ, à Tunis (Tunisie), Habib est reconduit, sans adversaire. Mais, la plus grande promotion du président du Cnosm-Mali, c’est sans doute sa brillante nomination en qualité de directeur de développement de la Fédération internationale de judo à l’issue de son congrès extraordinaire (sur la relecture des statuts de la FIJ), tenu le 21 octobre 2008 à Bangkok. Au cours de ce congrès, Habib a quasiment volé la vedette à tous, en étant le premier de l’Afrique subsaharienne à occuper ce poste.
En sa qualité de directeur du développement de la FIJ, Habib Sissoko, à l’instar des autres chefs de département, est membre à part entière du Comité exécutif, avec voix délibérative. Comme on le constate, cet Inspecteur des Douanes du Mali n’a usurpé aucune de ses promotions.
Et ce n’est que justice si, à 55 ans (né le 02 janvier 1959 à Bamako), la presse nationale et le mouvement sportif reconnaissent aujourd’hui à l’unanimité le mérite de ce Chevalier de l’Ordre national du Mérite. «Je souhaite améliorer encore la bonne entente entre le Comité et le Département pour non seulement bénéficier de votre accompagnement et de votre expertise, mais aussi et surtout des excellentes relations nouées par le président Habib Sissoko dans le monde du sport et de l’olympisme en Afrique et dans le monde», a souligné le nouveau ministre des Sports, M. Housseini Amion Guindo, venu en visite de courtoisie au Comité olympique le 23 avril 2014. «Je compte donc sur votre accompagnement, sur vos conseils et suggestion pour avancer.
Et il faut qu’on se donne la main pour aller de l’avant sans complexe», espère le ministre Guindo. Et chaque fois qu’on lui demande un dernier mot pour clore un entretien, Habib rappelle sagement : «Les défis sont nombreux, mais avec le concours de tous, nous allons les relever. Nous le ferons patiemment et de façon méthodique, parce que rassemblés nous resterons sur la bonne voie». Que dire de plus ! Si ne ce n’est que «El Hadj» (Habib) ne facilite pas la tâche à ses détracteurs qui ne savent plus sur quel front l’attaquer ! N’est-ce pas là aussi les qualités d’un grand dirigeant qui a l’âme d’un grand judoka ? Et n’est-ce pas une tautologie que dire que, pour Habib Sissoko, le meilleur est à venir ?
Moussa BOLLY
Le Reporter Mag2014-06-01 01:15:54