Un printemps démocratique qui contraste avec l’hiver politique ivoirien. Alpha Condé doit prêter serment, à Conakry, en présence de plusieurs chefs d’Etats africains, dont Abdoulaye Wade du Sénégal, le président malien Amadou Toumani Touré, ou encore le Gabonais Ali Bongo.
Si la Guinée vit une période extraordinaire de son histoire, elle le doit en grande partie à trois hommes. Sekouba Konaté, le général devenu président par intérim qui, contre vents et marées, a tenu parole en organisant l’élection présidentielle.
Alpha Condé ensuite, qui a démontré qu’il était loin d’être le revanchard prêt à tout pour accéder au pouvoir, tel que le décrivait il y a quelques années encore l’entourage du défunt président Lansana Conté. Enfin, le troisième homme sur qui repose le printemps démocratique guinéen, c’est son adversaire du second tour, Cellou Dalein Diallo, qui a reconnu sa défaite.
« La victoire et la défaite sont constitutives de la vie »
Le contraste est saisissant avec le voisin ivoirien, embourbé depuis dix ans dans les crises de pouvoir. Cette Côte d’Ivoire qui sous Houphouët Boigny faisait rêver les Guinéens, fait désormais pâle figure face à cette Guinée qui, il y a un an encore, était au bord du précipice. La différence tient peut-être en cette phrase prononcée par le perdant guinéen. « La victoire et la défaite sont constitutives de la vie. Contenons notre amertume électorale par la légitime fierté de représenter près de la moitié des suffrages validés ».
Alpha Condé n’entend pas perdre de temps. A peine investi, il va s’atteler à la tâche et devrait annoncer rapidement le nom de son Premier ministre. On sait qu’il sera issu de la Basse-Côte, et devra posséder, comme l’ensemble de ses ministres, un curriculm vitae irréprochable. Alpha Condé veut des ministres au dessus de tout soupçon, c’est à dire des personnalités qui n’auront pas été associées au moindre scandal politico-financier.
Privilégier les mesures visibles avant de s’attaquer aux problèmes structurels
Le Président élu est conscient qu’il doit avancer vite face à l’énorme demande sociale. Electricité, eau, voirie, les services sociaux sont en faillite et l’Etat est moribond. Alpha Condé va d’abord privilégier les mesures visibles, avant de s’attaquer aux problèmes structurels du pays : dette, réforme de l’armée, contrats miniers.
Si la parole de l’Etat ne sera pas remise en cause, le nouveau président ne s’estime pas tenu par la signature du régime précédent, dès l’instant où il juge que les intérets du pays sont lésés. Certains contrats miniers pourraient donc faire l’objet de révisions. On devrait aussi rapidement savoir à quelle échéance les législatives seront organisées. Depuis juin 2007, la Guinée n’a plus de Parlement légitime.
Rfi 21/12/2010