En Guinée, face au problème du chômage, de plus en plus de jeunes diplômés guinéens retournent à la terre et se lancent dans les projets agricoles. Reportage dans le village de Bawa, à une quinzaine de kilomètres de Conakry, à la ferme « Espoir jeune ».
Bachir Sow est diplômé de droit. Après la faculté, il a enseigné quelques années, il a tâté du journalisme, mais confronté au chômage, il s’est finalement lancé avec un ami dans l’agriculture. « Nous produisons de la pastèque sur deux hectares. Ce n’était pas très facile au départ. On a beaucoup « galéré » car on n’avait pas d’argent et c’est fondamental. Tu peux monter un projet mais pour avoir le financement, c’est tout un problème ». Vous avez planté déjà ? « Oui nous avons planté et ça pousse bien, la récolte est prévue dans deux mois. »
Les terres, il les a louées à Mamadou Malado Diallo. Un jeune entrepreneur social installé dans le village de Bawa au pied des magnifiques collines de Dubreka. Mamadou Malado Diallo veut aider les jeunes chômeurs à se reconvertir dans l’élevage et l’agriculture. « Actuellement, nous avons près de 70 jeunes à la ferme qui travaillent. Ce sont des jeunes qui n’ont pas les terres qui manquent d’expérience pour travailler la terre. Nous avons un collège d’ingénieurs qui les accompagnent et nous facilitons aussi l’accès au foncier. »
Si à l’origine le projet était destiné à convaincre les candidats à l’immigration de s’insérer dans la vie professionnelle, et donc de rester en Guinée, il s’est ouvert depuis aux diplômés chômeurs, filles et garçons, Moulanouna Diallo n’avait jamais songé à mettre les pieds dans les champs, avant de découvrir la ferme. Elle s’est finalement prise de passion pour la terre. Et vient de planter un hectare de maïs. « J’aime l’agriculture, j’ai l’ambition de continuer. J’ai motivé mes amis pour venir travailler avec moi. Ce n’est pas facile, mais ça me plaît et j’invite tout le monde à tenter l’expérience. »
Mamadou Malado Diallo vit de ce que produisent les terres achetées aux villageois de Bawa et qui pour une part sont louées aux jeunes entrepreneurs. Il n’a demandé d’aide à personne, et s’apprête à recevoir des jeunes migrants rapatriés en Guinée par l’OIM, l’Office international des migrations, afin de les réinsérer dans l’économie locale.