Quand on dit que le gouvernement malien agit en sapeur pompier (agir après l’action, pas d’anticipation), certains membres de la majorité présidentielle tentent de menacer. Et pourtant, c’est ce qui est en train de se passer actuellement avec les grèves dans presque toutes les corporations (éducation, magistrature, santé, affaires étrangères, mines etc.). Non seulement, l’Etat peine à trouver une solution à ces frondes syndicales, il ne parvient pas à développer des initiatives pour anticiper ces mécontentements. Qu’attend donc Mme le ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, Mme Diarra Raky Talla pour rencontrer les quatre centrales syndicales (UNTM, CSTM, CTM et CDTM) au Mali? Une doléance unique ne serait-elle pas facile à gérer par le gouvernement que de vouloir les résoudre au cas par cas ?
En ce début d’année, au total, neuf syndicats au Mali ont connu des grèves, soit, sont en grève ou le seront. Ces neuf syndicats sont le Comité Syndical des Services du Travail (CSST), le Syndicat Autonome de la magistrature (SAM), le Syndicat libre de la Magistrature (Sylima), le Comité Syndical national de l’enseignement supérieur (Snesup) de l’Ecole Normale supérieure (Ensup), le Syndicat des médecins du Mali (Syméma), le Syndicat National des greffiers(SYNAG), secrétaires de greffes et parquets, le syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères (SYLTAE), le Syndicat National des Travailleurs des Collectivités Territoriales du Mali (SYNTRACT) et le Comité syndical de la SOMISY SA.
Des secteurs clés du pays sont perturbés par des mouvements de grève. Actuellement le Comité Syndical des Services du Travail (CSST) est en grève de 10 jours qui prend fin le 17 février 2017. Le Comité Syndical des Services du Travail exige l’application immédiate de tous les points d’accord du Protocole d’accord du 29 juillet 2011 et du Procès-verbal de conciliation du 05 avril 2016, et l’adoption immédiate du projet de décret « en souffrance » portant primes et indemnités accordées aux Inspecteurs et Contrôleurs du Travail ainsi qu’à leurs assistants.
Les deux syndicats de la magistrature (SAM et SYLIMA) qui étaient en grève illimitée depuis le 18 janvier dernier ont repris service hier lundi 13 février 2017. Après moult tractations les magistrats ont eu une augmentation de salaire. Mais, entre temps, le Syndicat National des greffiers(SYNAG), secrétaires de greffes et parquets, a ouvert un nouvel front en déposant un préavis de grève pour les 15 et 16 février 2017. Dans son préavis de grève, le SYNAG revendiquent, entre autres, l’octroi d’une indemnité de participation à la judicature aux greffiers et aux secrétaires de greffes et parquets ; la relecture du décret n°95- 211 du 31 mai 1995 portant tarif des frais de justice en matière pénale et du décret n° 95-255 du 30 mai 1995 portant frais de justice en matière civile et commerciale…
En outre, le Syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères (SYLTAE) qui a déposé un préavis le mercredi 8 février passé, sera en grève de 72 heures à partir du 22 février. Dans une correspondance déposée à notre rédaction, le Comité syndical de la SOMISY SA (Société minière de Syama) par la voie de son secrétaire général, N’Fa Doumbia informe que son syndicat, affilié à l’UNTM, sera en grève de 72 heures à partir 1er mars 2017. Le Syndicat National des Travailleurs des Collectivités Territoriales du Mali (SYNTRACT), a aussi décidé « d’observer un arrêt de travail (grève) de 3 jours et une mesure conservatoire d’arrêt de mandatement des salaires des autres fonctionnaires, si les accords conclus( la prise en charge des salaires des fonctionnaires des collectivités du cadre de l’administration générale par l’état, l’application intégrale des 15 points d’accord du procès verbal de conciliation 12 mai 2015, l’intégration à la fonction publique des collectivités territoriales des contractuels de 2011 à 2015), avec le gouvernement ne sont pas mis en œuvre. Selon Seydou Oumar Diallo, le secrétaire général du SYNTRACT, la grève débutera le 22 mars 2017 à 00 heures et le travail reprendra le 24 mars 2017 à 00 heure.
Le Syndicat des médecins du Mali (Syméma) a observé une grève de 48 heures les 2 et 3 février 2017. Le comité du Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup) de l’Ecole Normale supérieure (Ensup) est en grève illimitée.
Pourquoi l’Etat malien ne créerait pas un cadre de dialogue avec l’ensemble des quatre centrales syndicales au Mali (l’Union Nationale des Travailleurs du Mali(UNTM), la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), la Confédération des Travailleurs du Mali (CTM), la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM) afin de résorber cette épidémie de grèves qui s’abat sur le pays? Cette option permettrait ainsi d’avoir une solution globale aux récurrentes grèves qui paralysent le Mali, car ces quatre centrales syndicales regroupent la plupart des corporations. L’exemple Burkinabè indiquerait ainsi la voie idéale pour désamorcer les contestations qui se propagent à une vitesse vertigineuse au Mali.
Aguibou Sogodogo