Depuis le 8 mars 2016, le comité syndical du Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNESUP) de l’Institut Universitaire de Gestion (USSGB) de l’Université des Sciènes Sociales et de Gestion de Bamako (Ussgb), est en grève illimitée. Donc, plus d’un mois et dix jours que les milliers d’étudiants de cet institut et d’auditeurs de cours du soir (fermés par le Recteur) sont privés de cours à cause du bras de fer entre les enseignants et le Recteur de l’Ussgb, le Pr Samba Diallo. En tout cas, au rythme où vont les choses, si rien n’est fait, on va droit au mur.
L’UFP, la grande pomme de discorde
Le comité syndical Snesup campe sur sept points de revendications: la révision de l’article 2 du contrat autorisant les contractuels à donner 12h en cours du soir ; les paiements en intégralité des heures supplémentaires de cours au titre du deuxième semestre (S2, S4) de l’année universitaire 2013/2014 ; les frais de surveillance, de correction et de secrétariat au titre du premier semestre (S1, S3, S5) de l’année universitaire 2014/2015; le reliquat (38,07 %) des heures supplémentaires de cours au titre du deuxième semestre de l’année universitaire 2014/2015; les frais de surveillance, de correction et de secrétariat au titre du deuxième semestre (s2, s4) de l’année universitaire 2014/ 2015; la mise en place immédiat d’une commission de relecture des textes régissant l’UFP.
Mais, a en croire le secrétaire aux relations extérieurs du comité Snesup de l’IUG, Alassane Sidibé, la grande boule du désaccord réside au niveau de l’arrêté pris le 21 Août 2014 par le Ministre Me Mountaga Tall qui stipule que: «Vu la constitution malienne; il est crée au sein de l’Iug une Unité de Formation Professionnelle (UFP); qu’elle est une structure de formation publique rattachée à l’Iug, assure la formation continue en diplôme universitaire (DUT), en Licence professionnelle, en maitrise et Master professionnel, etc.»
Selon Alassane Sidibé, cet arrêté est en contradiction flagrante avec la constitution malienne dans son article 18 (l’enseignement publique est gratuite en République du Mali). Si les cours de l’UFP étaient gratuits, pourquoi chaque auditeur ne s’inscrit pas à 5000 FCFA au lieu de 50.000 FCFA ? Pourquoi chaque auditeur paye par an 300.000 FCFA comme frais de formation? Pourquoi le Rectorat prend sur l’inscription de chaque 50000 FCFA ? s’interroge le secrétaire à relations extérieures du comité Snesup de l’IUG.
Autre point de divergence entre les enseignants et le Recteur, la décision du Recteur Samba Diallo prise le 3 décembre 2014 en son article 20 en ces termes: «toutes les recettes de l’UFP sont portées sur quittance du trésor public et versées dans le compte du rectorat ». Avant cette décision, dit Alassane Sidibé, les enseignants ont était payé à temps. Mais depuis qu’il a pris cette décision, nous pouvons faire 2 à 3 mois sans nos dues des cours du soir.
Toujours par rapport à ces textes de l’UFP, indique Alassane Sidibé, on a demandé que les six contractuels recrutés soient reversés en cours du jour et non en cours du soir seulement, au même titre que les permanents pour qu’on ait notre chance. «On ne s’oppose pas à la signature de contrat avec les contractuels, mais on s’oppose à leur recrutement rémunérés sur les fonds générés par l’UFP», déclare t-il.
Rappelons que, l’Ufp a été créée suite au retour des enseignants de l’IUG du Canada pour profiter de l’expérience Canadienne en cours du soir sur décision du premier recteur de l’Université du Mali, le Pr Boubacar Sidiki Cissé le 28 novembre 2000. «L’inscription était à 40.000 FCFA par auditeur. Aujourd’hui, il faut payer 50000 FCFA. Ce qui permet à l’actuel rectorat d’avoir 120 à 150 millions de FCFA par an.», explique A. Sidibé.
La reprise pas pour demain
Aux dernières nouvelles, la situation est toujours tendue, car la commission de conciliation mise en place pour trouver une porte de sortie au blocage s’est vu heurter au refus du Recteur d’accepter les propositions des enseignants (arrêter l’application des textes actuels de l’UFP) pour que l’année soit sauvée. Une situation inquiétante quand même si l’on sait que l’année universitaire tire lentement vers sa fin et que les cours ne sont ni terminés à plus forte raison les devoirs, sessions, etc. La hiérarchie de l’enseignement supérieure vat-elle s’asseoir et assister impuissamment à cette crise qui compromet à petit feu l’avenir des étudiants. Et que dire des auditeurs qui ont déjà payés leurs frais d’inscription et dont les cours ont été arrêtés par le Recteur ?
Hadama B. Fofana
Source: Le Républicain-Mali 21/04/2016