Pour réagir et apporter des démentis aux propos « infâmes, mensongers et diffamatoires » tenus à l’Assemblée nationale le 24 mai 2016 par Me Mountaga Tall, le ministre chargé de l’enseignement supérieur lors de son interpellation, et sur Africable comme invité dans l’émission Politik du 1er juin, le comité Snesup (Syndicat national de l’enseignement du supérieur) de l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) a animé une conférence de presse dans la salle des professeurs de l’institut le 9 juin 2016. Les animateurs de la conférence avaient pour nom : le secrétaire par intérim du comité Snesup IUG, Waly Badji Sissoko, son secrétaire aux relations extérieurs, Alassane Sidibé, son secrétaire aux revendications, Boubou Sissoko, Tiéauni Sacko, chargé à l’organisation et Boubou Doucouré, le trésorier. Selon les conférenciers, il n’a jamais été question d’une privatisation de l’Unité de Formation Professionnelle(UFP) comme l’atteste le ministre.
Me Tall qui n’a jamais reçu ni le comité syndical représentant les enseignants ni un quelconque groupe d’enseignant, ni le CEN/Snesup concernant notre situation, étale la déclaration liminaire du comité, a tenu des propos mensongers et révoltants.
En effet, poursuit le communiqué, le ministre Tall a affirmé que les enseignants de l’IUG lui ont dit en face qu’ils voudraient privatiser l’Ufp (Unité de formation professionnelle) pour arrondir leurs fins du mois.
Où et quand cela a-t-il été dit ? Qui l’a dit ? Serait-il autant malhonnête pour confondre privatisation et autonomie de gestion ? Où a-t-il besoin d’un cours sur la notion de privatisation ? Telles sont entre autres les interrogations soulevées par les syndicalistes concernant l’attitude du premier responsable de l’enseignement supérieur.
« Pour un observateur averti, souligne les enseignants, l’on comprend aisément les contradictions flagrantes dans les propos du ministre qui n’a rien compris du problème où il fait semblant de ne rien comprendre.
Les expressions «privatisation», «arrondir les fins du monde», indique sa position, les enseignants les ont entendues de sa bouche lors de ses sorties médiatiques, car ces expressions n’ont jamais été prononcées durant les séances de conciliation auxquelles ni lui, ni son recteur Samba Diallo n’ont jamais participé. »
Pour situer la grève illimitée déclenchée depuis le 8 mars dernier, soit trois mois jour pour jour, dans son contexte, les conférenciers ont résumé les points de revendication en trois points essentiels : l’autonomie de gestion de l’UFP, les contrats, les arriérés.
S’agissant de l’autonomie de gestion de l’UFP, selon le Snesup, il y a eu des difficultés de gestion par les autorités rectorales au cours de l’évolution de la structure existante depuis 2000.
Sur dénonciation du comité syndical de l’IUG à qui de droit, explique les conférenciers, une mission de contrôle général des services publics a procédé à la vérification de la gestion de l’IUG en 2009/2010, 2010/2011, 2011/2012.
Après avoir relevé beaucoup d’irrégularités, ajoutent les orateurs, la mission a fait des recommandations à l’attention du Recteur de l’Université parmi lesquelles l’élaboration d’un règlement intérieur de l’UFP et la mise en place d’un manuel de procédures comptables, administratives et financières.
«D’abord, en lieu et place du règlement intérieur de l’UFp, le recteur a pris une décision portant l’organisation et les modalités de fonctionnement de l’unité.
Ensuite, le directeur général de l’IUG n’a jamais mis en place un manuel de procédures comptables, administratives et financières comme cela lui fut recommandé par le contrôle général des services publics. On se rend compte aisément que le recteur et directeur général ont failli et à ce titre doivent répondre. On est dans cette situation car ce manuel n’a pas été mis en place», soutient les responsables du comité Snesup de l’IUG.
Par rapport aux contrats, le comité Snesup déclare : «contrairement à ce que Me Tall dit, les enseignants n’ont jamais été contre les contrats des vacataires recrutés.
Il a été demandé seulement de mettre ces contrats en cours du jour et non en cours du soir. Les contractuels ont été eux-mêmes les premiers à décrier les clauses de leur contrat, car dans ces clauses ils sont très exploités. Pour des cours qui devraient leur apporter 480.000 FCFA par mois, ils sont rémunérés à moins de 120.000 FCFA par mois.
Le reliquat ou le manque à gagner d’un montant annuel estimé environ à 25.920.000 FCFA se trouvera certainement dans la poche de quelqu’un. Ce que le comité syndical a dénoncé, décrié et demandé que ces contrats soient plutôt effectués en cours du jour, pour que si quelqu’un devrait bénéficier que cela soit l’Etat, et non des individus ».
Concernant les arriérés, le comité réfute les propos de Me Tall qui a affirmé sur Africable qu’il a payé l’année dernière 650.000.000 FCFA aux enseignants de l’IUG au titre des arriérés et qu’une cinquantaine de millions en principe ne lui poserait pas de problèmes. «On rappelle d’abord que le montant communiqué n’est pas exact. Il s’agit de 619.200.000 FCFA payés au titre des arriérés d’heures supplémentaires d’encadrement au titre de 2011/2012 et 2012/2013.
Et on rappelle aussi que ce sont des arriérés qui datent de 2013/2014», précise le communiqué.
Le comité Snesup de l’Iug estime que le ministre a pris position sans chercher à voir clair dans cette situation : «Il n’a jamais répondu aux sollicitation du comité syndical par rapport aux correspondances envoyés. Il n’a pas non plus rencontré le comité syndical car l’année dernière, il a clairement dit qu’il ne rencontrerait jamais les comités syndicaux.
Le Cen qui devrait faciliter la rencontre ne lui fait plus confiance. C’est pourquoi, pour résoudre la crise, le Cen s’est rabattu sur son homologue du travail et de la fonction publique.
Cette dernière lui a fait parvenir une correspondance assortie des propositions du CEN/ Snesup pour sortir de la crise.
N’ayant pas réagi à cette correspondance, le Cen a finalement écrit au premier ministre avec ses propositions de sorties de crise.
Entre temps, le ministre continue à tenir des propos mensongers sur des médias pour se sauver la face. Il convient de préciser que la mesure de rétention de salaires ne nous fera pas vaciller ; elle va plutôt contribuer à la radicalisation du mouvement».
Hadama B. Fofana
Source:Le Republicain 10/06/2016.