Ce matin, les habitants de la ville de Bamako ont commencé la journée dans l’émoi. Point de Sotrama ou Bus pour se rendre en ville et les quelques rares personnes qui arrivaient à joindre le grand marché de Bamako étaient stupéfaites de constater que toutes les boutiques et magasins étaient fermés. Cette paralysie de la capitale malienne saute tellement aux yeux des habitants de la ville aux trois caïmans. Nous avons arpenté les grandes artères de la ville. Et le constat est amer, les commerces sont fermés partout, les usagers des transports en commun font de l’autostop pour se rendre à leur destination. Malgré l’appel de l’union des transporteurs du Mali affiliée à la CSTM, dont le dessein était de casser la grève à laquelle elle n’a pas été associée dans la prise des décisions, les conducteurs de Sotrama et bus ont suivi la consigne donnée par leur syndicat. Cette union a fait l’amère expérience que la grève pouvait réussir sans elle.
De l’avis du secrétaire administratif de la Fédération Nationale des Syndicats et Conducteurs, N’faly Sanogo, leur mot d’ordre a été suivi à plus de 100 %. La ville de Bamako a été totalement paralysée. Il a demandé aux rares réfractaires de rejoindre les rangs : « On a présenté nos difficultés au maire et au ministre de l’équipement mais ils n’ont pas suffisamment joué leurs rôles pour trouver des solutions à nos problèmes. Par conséquent, on a décidé de faire une cessation de travail de deux jours pour montrer notre frustration et notre déception à nos autorités administratives et prendre à témoin la communauté nationale et internationale. On a informé nos militants de n’agresser quiconque. Il n’y aura pas de dérapage à ce niveau », a-t-il précisé. Au siège de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali, à la Bourse du Travail où nous nous sommes rendus, le secrétaire administratif, Mamadou Famakan Coulibaly, nous a fait savoir que l’UNTM n’était pas concernée par la grève. Même son de cloche du côté de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM).
Les motifs de cessation de travail du Collectif des Marchés du District et la Fédération des Syndicats et Conducteurs du Mali sont entres autres: le projet d’aménagement sans concertation de la gare routière de Sogoniko et du marché « Dossolo Traoré » de médina Coura, la spéculation autour du marché de légumes et de certains espaces du marché « Dossolo Traoré », la situation des taxes et loyers des halles de Bamako, la majoration sans préavis de 35 % sur les taxes et loyers en plus des 18% de la TVA, le projet de nouveaux contrats de location. Le syndicat évoque les difficultés engendrées par la mise en œuvre du projet de l’anneau Sotrama, notamment : la fermeture de l’avenue Modibo Keita aux véhicules en provenance de la rive droite, la fermeture des axes du carrefour des jeunes en passant par le carrefour du tribunal via place de la liberté, de la rue Karamoko Diaby et de la rue du 18 juin et qui aboutit à l’INA pour des véhicules de l’ouest, la fermeture de la rue Baba Diarra à partir du Boulevard du peuple et le sens interdit de l’axe IOTA, la révision de l’arrêté N°012 /HCDB-CAB du 10 juin 2002 relative à l’identification des carrefours de circulation et de carrefours de fluidité dans le district de Bamako, la non application de la loi N°01/076 du 18 juin 2001 régissant les sociétés et coopératives, l’insécurité et la tracasserie routière.
Madiassa Kaba Diakité
Le Républicain 20/12/2011